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Adisseo investit près de 90 millions d’euros sur ses deux sites de Saint-Clair-du-Rhône et de Roussillon en Isère

L’investissement semble repartir peu à peu dans la chimie. Numéro trois mondial des additifs et solutions nutritionnelles pour animaux, le chimiste Adisseo appartenant au groupe chinois Bluestar, annonce qu’il va investir près de 90 millions d’euros sur ses deux unités rhônalpines pour accroître sa production de méthionine, un additif alimentaire destiné à la nutrition animale. Il s’agit pour cette entreprise présente à Saint-Clair-du-Rhône et Roussillon en Isère, d’anticiper la forte demande de viande de volaille des années à venir. Il s’agit du plus fort investissement actuellement programmé dans la chimie en Rhône-Alpes. Il sera indirectement pourvoyeur d’emplois.

Cent millions d’euros : tel le montant de l’investissement annoncé par le fabricant d’additifs pour l’alimentation animale, Adisseo pour renforcer sa capacité de production de méthionine en France et en Espagne.

La majeure partie de cet investissement, soit près de 90 millions d’euros aura pour cadre les deux unités iséroises d’Adisseo, situées au sud de Vienne, à Saint-Clair-du-Rhône (80 millions d’euros) et Roussillon (entre 5 et 10 millions d’euros).

Très peu d’emplois directs seront créés suite à cette décision sur ces deux sites qui font travailler 320 salariés, même s’il s’agit de l’investissement le plus important actuellement programmé dans la chimie rhônalpine. « Ces investissements auront pour première conséquence une forte pérennisation des deux sites. Mais les travaux qu’ils vont susciter permettront aussi de créer de nombreux emplois dans le BTP, la charpente, la chaudronnerie, l’électricité, l’instrumentation », explique André Dubois, directeur des deux sites.

Dédiée à la fabrication d’un intermédiaire de synthèse utilisé en amont de la production de méthionine, l’unité de Saint-Clair-du-Rhône verra l’arrêt d’une unité de production d’intermédiaires qui sera remplacé par une autre, plus efficiente.

Le second sité isérois, à Roussillon verra le remplacement d’un stockage d’ammoniaque, l’amélioration des procédés et le renforcement de la supply chain (gestion de la chaîne logistique).

Les travaux débuteront fin 2011 sur le site de Roussillon et à la mi-2012 sur celui de Saint-Clair-du-Rhône.

La méthionine est un acide aminé soufré utilisé en alimentation animale, principalement pour les volailles. Il est naturellement présent dans l’alimentation, mais insuffisamment, d’où la nécessité de compléter les rations. Son rôle est essentiel, puisqu’il permet l’assimilation des protéines.

L’explication de cet investissement tient à la forte progression du marché mondial de la méthionine escomptée au cours des prochaines années. Les experts tablent sur une croissance moyenne annuelle de 5 % jusqu’en 2015. Il s’agit pour le groupe Adisseo d’augmenter sa production de près de 25 000 tonnes.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’augmentation naturelle de la population mondiale devrait nécessiter une production mondiale de viande de 300 millions de tonnes en 2015. La volaille devrait représenter la moitié de la croissance de la production totale de viande : 40 % de cette production devrait se concentrer en Asie.

D’autres investissements seraient-ils à prévoir dans ce secteur de la chimie en Rhône-Alpes ? Ce n’est pas exclu. Selon Gérard Guilpain, le président de l’Union des Industries Chimiques (UIC) réunie vendredi à Lyon en assemblée générale, trois autres projets d’investissements se chiffrant en dizaines de millions d’euros, mais encore confidentiels, pourraient voir le jour au cours des prochains mois.

Pour accélérer leur mise en œuvre, Gérard Guilpain compte sur le Grand Emprunt gouvernemental. « Si les grandes multinationales de la chimie ont les moyens de financer des investissements dont le retour est faible, pas les PME de la chimie, nombreuses. Un coup de pouce du Grand Emprunt pourrait permettre de débloquer les décisions », affirme le président de l’UIC.

En lente reprise actuellement, la chimie rhônalpine qui n’a perdu l’année dernière « que » 500 emplois sur 32 000, pourrait ainsi retrouver peu à peu de plus belles couleurs. En 2007, l’investissement dans la seule chimie en Rhône-Alpes s’établissait à 500 millions d’euros.