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La Nef lance la 1ère plate-forme de finance participative de Rhône-Alpes

Faire se rencontrer des emprunteurs et des particuliers décidés à participer directement à des projets de création d’entreprise : tel est l’objet de cette première plate-forme de finance participative qui a la caractérique d’être gérée et promue par un établissement financier, en l’occurrence coopératif. Elle est accompagnée par la région Rhône-Alpes qui espère par ce moyen développer des entreprises sur les territoires. Les prêts ne peuvent dépasser 15 000 euros

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 On appréciera le jeu de mots : « Prêt de chez moi ». Tel est le nom de la plate-forme de finance participative, lancée par la Nef, la première semble-t-il en Rhône-Alpes, du moins de cette importance et surtout proposée par une structure bancaire.

 Une démarche intéressante car cette plate-forme Internet qui veut faire se rencontrer sur le Web les porteurs de projets et les particuliers se situe à la rencontre du crowdfunding (collecte d’argent sur le Web) très en pointe aux Etats-Unis et qui se développe en Europe, du micro-crédit et de l’intermédiation bancaire classique.

Trente-deux mille sociétaires

 Elle est portée par la Nef qui est une coopérative de finance solidaire, créée en 1988 et dotée l’agrément de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers). Son siège est basé à Vaulx-en-Velin. Fortement implantée en Rhône-Alpes, elle compte 32 000 sociétaires dans toute la France.

 Son mode de fonctionnement a le mérite de la simplicité. Tout porteur de projet d’entreprise, de commerce, de société de services peut soumettre en ligne une demande de financement. Seule condition : elle ne peut dépasser les 15 000 euros.

 Cette demande de prêt est d’abord étudiée et acceptée ou non par l’équipe crédit de la Nef.

 Une rencontre sur le terrain avec un ou une sociétaire-bénévole de la Nef est organisée pour permettre une meilleure compréhension et évaluation du projet.

Une fois validée la faisabilité économique, technique et de respect des critères éthiques par l’équipe crédit de la Nef, le projet est mis en ligne sur la plate-forme Internet.

Les Internautes souhaitant mettre une partie de leurs économies au service d’un projet, le plus souvent d’ailleurs, consacré à l’économie locale, peuvent choisir en ligne l’entreprise qu’ils souhaitent soutenir en lui affectant directement une somme d’argent qui ne peut être inférieure à 500 euros.

Un réseau social, également

L’ambition de ce site de finance participative est ne pas uniquement être une plate-forme d’échanges monétaires, mais de constituer un véritable réseau social où chaque partie prenante, qu’il s’agisse des porteurs de projet, des contributeurs-épargnants et des bénévoles peuvent partager, échanger et créer du lien.

 Autre avantage pour la Nef : cette plate-forme lui permet d’élargir son action car jusqu’à présent, elle n’intervenait pas sur des crédits d’un montant inférieur à 10 000 euros.

Cette plate-forme de finance participative est appuyée pour trois ans par le Conseil régional Rhône-Alpes qui, on le sait, porte un vif intérêt à ce que l’on appelle désormais l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). « Nous accompagnons ce projet en lui consacrant une somme de 60 000 euros », explique Cyril Kretzschmar, conseiller régional délégué à l’ESS.

 Il précise les raisons de cet appui : « Pour que des projets locaux puissent se développer sur les différents territoires de la Région, il faut de l’argent et donc développer des outils d’ingénierie économique : il existe beaucoup de projets viables, mais l’on constate une véritable carence de financement ! Tous les outils de financement qu’ils soient coopératifs ou plus classiques doivent être encouragés », assure le conseiller régional.

 Le tout premier projet servant de test et mis en ligne sur cette plate-forme, se situe dans la petite commune de Novalaise, près du lac d’Aiguebelette en Savoie. Le porteur du projet : Thomas Lefrancq.

 Intéressant quatre habitants, il concerne la création d’une boutique bio distribuant des produits locaux et la construction d’un fournil permettant d’élargir l’offre en proosant des pains, notamment au levain cuits au feu de bois.

 La société créée est une Société Coopérative d’Intérêt Collective (SCIC). La durée du crédit est de cinq ans.

Un taux d’intérêt de 2 à 2,6 %

 Pour assurer l’information des éventuels prêteurs, sur le site « Prêt de chez moi », Thomas Lefrancq présente et explique son projet et indique ses trois premiers budgets prévisionnels.

 Le prêt demandé est de 11 500 euros. Pour l’heure il est financé à hauteur de 33 %, les particuliers prêteurs apportant en général 500 ou 1 000 euros.

Ce prêt se présente sous la forme d’un Compte à Terme qui a la particularité d’être affecté en partie ou en totalité en nantissement du crédit.

Si l’épicerie bio marche comme ils l’espèrent, les prêteurs rentreront à terme dans leurs fonds en bénéficiant d’un taux d’intérêt dont le taux nominal annuel brut variera selon la durée du prêt : de 2 % (pour 27 mois) à 2,60 % (62 mois). Pas question donc de s’enrichir, mais des taux permettant à tout le moins de se prémunir en partie contre l’inflation.

Comme pour toute opération financière similaire, ce concept n’est pas exempt de risque de perte totale ou partielle du capital, si l’emprunteur n’est pas capable pour une raison ou pour une autre de rembourser son prêt.

L’objectif n’est pas là uniquement pécuniaire, comme l’assure, une des premières prêteuses, une Grenobloise, Monique de Montanier : « Prêter à un tel projet auquel je crois, me permet de m’impliquer de manière concrète : cette épicerie bio répond à un vrai besoin de notre époque : limiter ses déplacements, faire marcher l’économie proche, créer son emploi… »

Reste à savoir si les prêteurs seront en nombre suffisant pour assurer le financement de nombreux projets. A suivre.