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L’usine d’aluminium de Rio Tinto à Saint-Jean-de-Maurienne est sauvée

La vallée de la Maurienne et les 470 emplois de l’usine Rio Tinto sont sauvés. Le repreneur : le groupe allemand Trimet, spécialisé dans l’aluminium, qui trouve là une unité de production lui permettant de développer de manière importante ses activités dans ce domaine. Il s’engage à investir près de 200 millions d’euros sur six ans, sur ce site. Fournisseur de l’énergie de l’usine, EDF entre au capital de la nouvelle société.

 Le dossier-socialement explosif- était tout en haut de la pile déjà bien épaisse des dossiers sensibles d’Alexandre Moulin, commissaire au redressement productif pour la région Rhône-Alpes. Celui de l’usine Rio Tinto de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie.

 La fermeture de ce fabriquant d’aluminium aurait été à haut risque. Il risquait d’amener le licenciement de 470 salariés et de plonger la vallée de la Maurienne dans un profond marasme.

 Pour le gouvernement, cela l’aurait amené, après Florange, à annoncer un nouvel échec. Impensable dans la situation politique actuelle.

EDF entre au capital de la nouvelle entité

 Ouf ! Comme cela se dessinait depuis quelques mois, une solution a été trouvée. Rien d’étonnant donc si, lors de la signature de la cession de l’entreprise, samedi 13 juillet, sur place, aux côtés des principaux protagonistes de la reprise, on pouvait reconnaître Jean-Marc Ayrault, premier ministre, et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Aux anges.

 C’est une société allemande, Trimet dirigée par Heinz-Peter Schlüter qui reprend donc à Rio Tino le site de Saint-Jean-de-Maurienne ; mais aussi, celui de Castelsarrasin (40 salariés), appartenant également à Rio Tinto.

Le problème de fond était constitué par le prix de l’électricité vendu au nouvel acquéreur de l’usine de Saint-Jean-de-Maurienne et dont la fabrication de l’aluminium est grosse consommatrice. La solution a été trouvée, via une participation de 35 % d’EDF dans la nouvelle société. Rien d’étonnant donc si Henri Proglio, Pdg d’EDF était également présent pour parapher l’accord qui permet de sauver les 470 emplois en Savoie et près de 40 dans le Tarn-et-Garonne.

Pour une fois Arnaud Montebourg a été applaudi par des salariés : « Après avoir échoué dans l’acier, on réussit dans l’aluminium », s’est-il empressé de déclarer, soulagé que ce dossier se termine bien.

Le repreneur emploie 1 900 salariés pour 1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires

Trimet, une société allemande, était en négociation depuis le mois de mars 2013 avec Rio Tinto Alcan pour la reprise de ces deux sites. Une négociation à laquelle a été, dès le début, très étroitement associé le gouvernement.

Le groupe familial allemand était disposé à apporter 20 millions d’euros à l’opération « sous forme de cash ou de garanties ».

Le patron du repreneur, Trimet, Heinz Peter Schlüter, a commencé sa carrière en travaillant pour un distributeur allemand de Péchiney, l’ex-fleuron de l’aluminium français qui était le propriétaire des deux sites, avant leur rachat par le groupe canadien Alcan en 2003, puis son absorption par Rio Tinto en 2007.

Les deux unités de Saint-Jean-de-Maurienne et de Castelsarrasin constituent pour l’entrepreneur allemand ses premières acquisitions d’usines de production à l’étranger. Elles vont lui permettre de compléter sa gamme avec le fil aluminium produit sur les sites français.

Trimet qui emploie 1 900 salariés a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros lors l’exercice 2011/12.

Il produit 500 000 tonnes d’aluminium par an. Cette opération de croissance externe va lui permettre d’augmenter ses capacités de 100 000 tonnes.

Le groupe familial allemand prendra 65 % du capital de la nouvelle société chapeautant les deux sites, EDF détiendra donc le solde de 35 %.

Un investissement de 200 millions d’euros sur six ans

De son côté, la Banque Publique d’Investissement (BPI) pourrait prendre aussi, mais un peu plus tard, une participation, qui diminuerait d’autant celle de Trimet.

« Trimet et EDF ont invité la Banque Publique d’Investissement à participer au projet », ont en effet confirmé sans autres détails, les ministères du Redressement productif et des Affaires européennes dans un communiqué.

Le projet industriel mis en œuvre doit se traduire par un investissement de plus de 200 millions d’euros sur six ans. De quoi conforter l’activité de la vallée de la Maurienne. L’usine compte en effet de nombreux sous-traitants, employant un total de deux mille salariés.