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Victoire des opposants : Bruno Bernard abandonne le projet de téléphérique Francheville-Lyon, retour sur un échec

La collision des faits est cruelle. A l’heure où Toulouse, une ville dont le maire est LR, a inauguré le 13 mai dans l’enthousiasme, Téléo, son téléphérique urbain apte à transporter 10 000 personnes par jour, Bruno Bernard, le président de la Métropole de Lyon et du Sytral est bien obligé d’annoncer qu’il renonce au projet de téléphérique qui se voulait emblématique de la gestion des Ecologistes. Pourquoi un tel échec ?

Un téléphérique, nouveau moyen de transport adopté par un nombre grandissant de villes aurait fait un bel effet dans le bilan des écologistes à la fin de leur mandat. Du concret et du spectaculaire.

Ce ne sera pas le cas.

Dans un communiqué émanant du Sytral, Bruno Bernard qui est également le président de la Métropole de Lyon explique qu’il ne s’obstinera pas.

“Il y a une forte opposition des citoyens qui se sont exprimés sur ce nouveau mode de transport. Les conditions ne sont donc pas réunies pour réaliser ce projet”, est-il bien obligé de reconnaître.

La même semaine, l’on apprenait l’inauguration dans un grand “enthousiasme” souligné par les médias locaux par Jean-Luc Moudenc, maire LR de Toulouse d’un mode de transport similaire signé du constructeur grenoblois Poma, un téléphérique dénommé Téléo desservant trois points stratégiques de la ville rose et capable de transporter 10 000 passagers par jour. Mieux même, les élus locaux étudient déjà des prolongements pour les années à venir.

Cruel donc pour l’exécutif écologiste de la Métropole lyonnaise. Mais à vrai dire, l’opposition s’est révélée tellement forte à ce projet que Bruno Bernard n’avait pas le choix.

La concertation sur la “ligne forte de transport par câble Francheville-Lyon” a en effet confirmé la forte opposition des élus, comme des populations concernées sur les communes de Francheville, Sainte-Foy-lè-lyon, la Mutalière et les 2ème et 7ème arrondissement de Lyon. Le projet de téléphérique partait de Gerland, survolait le Rhône avant de se diriger dans les airs vers Francheville.

6 000 contributions

Les 4 000 personnes qui ont participé à la concertation sur ce projet et les 6 000 contributions se sont révélé en grande majorité opposées.

Pourtant sur le papier, au départ, ce téléphérique apparaissait presque comme une évidence, rappelle Bruno Bernard : “dans un secteur caractérisé par des reliefs contrastés et une voirie exigue permettant ainsi d’assurer un tracé direct, rapide et confortable et d’offrir une réelle alternative à la voiture individuelle”.

Mal présenté, mal défendu, survolant un ouest lyonnais doté de nombreuses maisons individuelles qui n’avaient pas envie d’être observées du ciel par des cabines, craignant les pylones, la pollution sonore et visuelle, l’opposition qui s’est faite jour est vite devenue politique, les mairies concernées n’étant de surcroît pas du même bord que la mairie de Lyon et la Métropole.

Dix-huit mois après le lancement du projet on se retrouve donc, avec cet abandon à la case départ.

Cette décision d’abandon qui a été entérinée par les élus siégeant au Sytral le lundi 16 mai rebat les cartes et laisse une grande incertitude sur l’amélioration de la desserte vers l’Ouest lyonnais.

Et maintenant ?

De nombreux maires et habitants préconisent en réponse la création d’un métro E qui n’est pas dans l’objectif du Sytral (trop cher !) : il table sur les tramways et les bus rapides pour améliorer les transports publics au sein de l’agglomération, pas sur le métro.

D’où cette annonce de Bruno Bernard pour la suite qui contentera tout le monde et personne : “soucieux de tenir compte des besoins de tous, d’écouter les avis des uns sans occulter les attentes des autres, le Sytral Mobilités entend poursuivre dans les semaines et les mois qui viennent le dialogue avec les habitants et les différents acteurs afin d’établir des solutions multiples et adaptées.” Un bel exemple de langue de bois…

Sont cependant évoquées par le Sytral “de nouvelles lignes de bus ainsi que le tram-train (TTOL) qui “placerait la gare de Francheville à 13 minutes de Lyon Gorge de Loup”. Les solutions qui devraient être préconisées pour remplacer le téléphérique devraient se révéler très classiques…

Photo : pendant que Lyon tirait une croix sur le téléphérique Gerland/ Francheville, celui de Toulouse s’élançait dans les airs.