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Les leçons du photovoltaïque ont porté : le gouvernement veut créer en France une vraie filière hydrogène, Auvergne-Rhône-Alpes aux 1ères loges

Les usines de panneaux photovoltaïque ont fermé en France, les unes après les autres.

Les panneaux installés dans l’Hexagone proviennent dans une grande majorité de Chine. Seules subsistent les installateurs ou les fabricants de composants à forte valeur ajoutée.

Pas question de renouveler l’erreur et de passer à côté d’une vraie filière hydrogène hexagonale.

Tel est le nouveau credo du gouvernement. “ La France ne choisit pas la facilité”, a prévenu Bruno Le Maire en présentant récemment son plan hydrogène, particulièrement ambitieux car s’appuyant sur une force de frappe financière de 7 milliards d’euros sur dix ans.

Faire émerger une filière française de l’électrolyse

Plutôt que de couvrir le territoire de stations d’hydrogène importé, le gouvernement veut d’abord « faire émerger une filière française de l’électrolyse » pour avoir « ses propres outils, notre propre fabrication », explique le ministre de l’Economie.

Il estime que ce plan hydrogène doit aider l’Hexagone à atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050. L’électricité nucléaire et renouvelable française ne pourront pas tout…

« Le contribuable français n’a pas vocation à financer l’industrie chinoise « , a lancé le ministre !

Pas question donc de faire d’emblée le pari de la voiture hydrogène. Elle viendra en son temps.

Le ministre sait que « cela prendra du temps et que ce sera moins visible que la 1ère option qui aurait consister à développer des bornes partout avec un hydrogène qui n’aurait pas été produit en France ».

Mais, d’après lui, avec ce plan de filière hydrogène tricolore, ce sera « plus solide, plus souverain et surtout, plus efficace économiquement !”

L’objectif est d’abord de créer une filière de l’électrolyseur, avec l’ambition de construire des mégafactories afin d’être en mesure d’installer en France 6,5 gigawatts de capacités de production d’hydrogène décarboné d’ici à 2030 équipées de matériel d’électrolyse tricolore.

Il y a beaucoup à faire, et ce, même si la France compte deux fabricants d’électrolyseurs dont le Drômois McPhy, dont EDF est actionnaire et qui produit des stations hydrogène dans la Drôme, avec déjà des électrolyseurs installés en Italie, en Allemagne et en projet, aux Pays-Bas.

Symbio vise mille emplois à Lyon

Un autre acteur régional entend tirer son épingle du jeu, Symbio, la coentreprise Michelin et Faurecia, qui s’est fixé tout bonnement pour objectif, d’être le leader mondial de la pile à hydrogène !

Son Pdg, Philippe Rosier, vient d’estimer dans le quotidien auvergnat ” La Montagne” que près d’un millier d’emplois pourraient être créés d’ici 2025 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes grâce à l’usine de production de piles à combustible pour voitures basée à Saint-Fons dans la vallée lyonnaise de la chimie.

Un centre de formation dédié doit même être créé à proximité : « la Symbio Hydrogen Academy, pour former 300 personnes aux métiers de l’hydrogène », a indiqué Philippe Rosier.

Un total de 140 millions d’euros vont être investis dans ce site où des dizaines de milliers de ces prolongateurs d’autonomie pour véhicules électriques seront produits.

L’usine doit être livrée en 2023, mais le siège de Symbio s’installera à Saint-Fons dès 2022, indique Philippe Rosier : la première pierre de l’usine sera posée fin janvier, début février 2021.

Trains, poids-lourds, avions à hydrogène et recherche

Pour revenir au projet de filière gouvernemental, dans un deuxième temps « nous développerons les mobilités lourdes à hydrogène. Nous allons le faire pour le train, les poids-lourds et nous avons l’ambition de le faire pour l’avion en fixant un horizon de 2035 pour l’avion neutre en carbone », indique le ministre de l’Économie.

Troisième et dernière priorité du gouvernement : celle des compétences en créant, pour la formation, des campus rassemblant universités, école d’ingénieurs et formation professionnelle.

Selon le pôle de compétitivité Tenerrdis, Auvergne-Rhône-Alpes compte actuellement vingt-six laboratoires dédiés uniquement à l’hydrogène.

Vu l’ordre de grandeur des chiffres du gouvernement (650 millions d’euros de soutien à la recherche sur l’hydrogène sur les 7 milliards), ces labos ne devraient pas manquer de financements au cours des années à venir…