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Après avoir raté la révolution de l’ARN messager, Sanofi veut revenir dans la course : Marcy l’Etoile va en profiter

Pendant que Pfizer et Bion’tech, ainsi que Moderna, leader des vaccins à ARN messager, caracolent en tête des ventes mondiales de vaccins, le Français Sanofi fait grise mine. La Big Pharma française a même dû avaler son chapeau en produisant les vaccins de ses confrères.

Sa direction, n’a pas comme le patron de Moderna, par exemple, Stéphane Bancel, un ancien du top management de bioMérieux, cru dans les perspectives de l’ARN messager.

Il est vrai qu’il y a quatre ou cinq ans, personne n’aurait misé un kopek sur cette solution.

Non seulement, face aux vaccins traditionnels tirés d’un virus désactivé, les vaccins à ARN messager se révèlent très efficace contre le Covid-19 et on le sait maintenant sur le long terme ; mais de plus, ce type de offrent de très importantes perspectives sur d’autres pathologies : le VIH, les cancers et bien d’autres maladies virales.

Sanofi ne pouvait donc pas rester éternellement à la traîne.

3 500 salariés à Marcy l’Etoile

D’où la décision de son comité de direction de mettre le paquet sur l’ARN Messager en annonçant un investissement de 2 milliards d’euros sur les années années à raison de 400 millions d’euros par an d’ici 2025.

Des centaines de millions d’investissements qui devraient bénéficier à ses principaux centres consacrés aux vaccins des deux côtés de l’Atlantique : son site situé à Cambridge dans le Massachussets aux Etats-Unis, mais aussi celui de Marcy l’Étoile près de Lyon.

Ce site de Marcy-l’Étoile fait partie des cinq sites Sanofi implantés dans la Métropole lyonnaise.

Pour le Pharmacien, c’est un site majeur : on y compte près de 3 500 des 5 000 salariés lyonnais du Groupe.

Un site non seulement consacré à la fabrication de vaccins, mais aussi et surtout à la recherche, près du quart des salariés s’y consacrant pour 75 % à la production.

S’étendant sur près de 40 hectares, il rassemble 20 000 m2 de laboratoires classifiés P2 et P3.

Le site a d’ailleurs déjà bénéficié d’un investissement de 120 millions d’euros en vue de le doter d’un nouveau centre de R&D, qui « abritera des laboratoires de biosécurité de niveau de confinement 3, permettant notamment le développement de vaccins contre les maladies émergentes et les risques pandémiques ».

“Intensifier la R& D”

Ces 2 milliards d’euros d’investissements qui vont donc bénéficier pour partie à Marcy L’Etoile sont destinés à « intensifier la R & D intégrée d’une nouvelle génération de vaccins », explique Sanofi, qui s’est fixé comme objectif de développer pas moins de six candidats cliniques d’ici à 2025.

Pour rattraper son retard en matière d’ARN Messager, Sanofi va créer une task force de 400 collaborateurs.

« Elle intégrera toutes les capacités nécessaires au développement et à la production de vaccins à ARNm, avec des équipes dédiées R & D, digitales et CMC (chimie, fabrication et contrôle) », précise le groupe. Ce personnel sera déployé sur ses sites déjà existant de Cambridge (Massachussetts, Etats-Unis) et de Marcy-L’Etoile.

Dans un premier temps, il s’agit de pouvoir répondre efficacement à une nouvelle pandémie en mettant rapidement au point un vaccin et des capacités de production importantes, explique-t-on chez Sanofi.

Pour cela, le groupe « s’engage à mettre rapidement sur pied une plateforme ARNm compétitive » mais également à collaborer avec « toutes les parties prenantes compétentes, qu’elles soient internes ou externes ». Comme Pfizer avec l’Allemand Bion’tech, Sanofi pourrait donc faire appel à ses start-up extérieures pour gagner du temps.

Ensuite, cette nouvelle stratégie doit permettre à Sanofi d’ajouter « une corde de plus à son arc » avec « une nouvelle technologie pour apporter une nouvelle réponse à certaines maladies infectieuses ».

Si, pour des raisons de concurrence peut-on imaginer, la Nig Pharma française ne précise pas sur quelles maladies il entend travailler, il est patent que Sanofi table désormais sur l’ARNmessager pour intégrer son portefeuille de produits de prévention dite de routine.

Il est vrai aussi que Sanofi ne part pas totalement de zéro dans l’ARN messager.

Le groupe travaille déjà sur cette technologie dans le cadre de son partenariat avec la biotech américaine Translatebio. Il pourrait sortir enfin son premier vaccin ARN messager contre le Covid-19 à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine.

L’essai clinique de Phase I pour leur candidat vaccin contre le Covid a été lancé en mars dernier. Les tests sur l’homme, phase 2 vont pouvoir débuter.

Objectif du groupe avec sa nouvelle stratégie ARN Messager, devenir « plus agile » et être capable de réagir rapidement. Un peu tardif, certes, mais, trêve de Sanofi basching, le groupe a les moyens de recoller au peloton de tête…

Photo Sanofi-Marcy l’Etoile