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Alain Griset, président de l’U2P aux « gilets jaunes » : «évitez de casser l’activité de nos entreprises… »

Alain Griset, le président national de l’U2P (Union des Professions de Proximité) qui regroupe des artisans, des commerçants et des professions libérales, était vendredi 30 novembre à Lyon. L’occasion pour lui d’évoquer l’actualité brûlante avec les « gilets jaunes », mais aussi quelques-unes des nombreuses réformes en cours dont celle de l’apprentissage dans lesquelles est impliqué ce syndicat professionnel qui revendique la représentation de 2,2 millions d’entreprises en France.

L’U2P. Les Français ne sont pas encore familiarisés avec ce sigle : Union des Professionnels de Proximité.

Alain Griset, président de l’U2P, parle de l’actualité « jaune » et de son effet sur les artisans

Deux ans d’existence

Créé il y a précisément deux ans, ce nouveau syndicat issu de l’UPA (Union Professionnelle Artisanale) regroupe ainsi désormais non seulement les artisans, mais aussi les commerçants et les professionnels libéraux.

Son président, Alain Griset, un chauffeur de taxi parisien, était vendredi 30 novembre à Lyon dans le cadre d’une tournée des régions. Il était entre Rhône et Saône pour rencontrer ses troupes.

Mais aussi pour répondre à des questions d’actualité.

Ses propos exprimés vendredi, avant les scènes d’émeutes rencontrées le lendemain à Paris, mais aussi dans certaines villes en région étaient quelque peu prémonitoires.

 Pour lui, il existe un risque important « d’emballement du mécontentement. »

Et d’ajouter. « C’est vrai qu’il y a des artisans qui participent au mouvement. Mais l’U2P en tant que telle ne peut appeler à participer à un mouvement non structuré. C’est un mouvement justifié, mais pas maîtrisé : il peut donc s’emballer… »

Et de poursuivre en demandant « à ces hommes et à ces femmes d’éviter de casser l’activité de nos entreprises. Pour la première fois depuis la crise, nous avons créé des emplois, le chiffre d’affaires de nos métiers a crû de 1,5 % depuis un an : il ne faudrait pas que l’on retombe dans les difficultés du fait de ce mouvement, même s’il est justifié. »

Si les « gilets jaunes » se considéraient comme des « invisibles » désormais bien visibles, il en était de même pour l’ancienne UPA qui a fusionné pour donner l’U2P, face aux deux grands syndicats patronaux que sont la CPME et le Medef.

Depuis deux ans, Alain Griset a vu les choses bien évoluer : « Nous avons bien progressé en termes de visibilité, de reconnaissance et de poids dans les négociations, même si ce n’est pas encore suffisant : il nous faut poursuivre, en multipliant les initiatives… »

Apprentissage : reprendre la main

 Il estime que le poids du syndicat patronal qu’il dirige a nettement augmenté. Pour preuve, dans une des réformes dans lesquelles il est engagé, celle de l’apprentissage, il est en train de reprendre la main.

La réforme est complexe, mais l’ancienne structure de gouvernance, les Agefos qui étaient dirigées par la CPME vont disparaître pour se fondre dans une nouvelle structure dans laquelle l’U2P entend devenir majoritaire face à la CPME : «  Nous représentons, nous les artisans et professions de l’U2P près de 60 % des contrats d’apprentissage en France. Nous discutons avec la CPME. Il serait donc normal que nous soyons majoritaires au sein de la nouvelle structure. Nous ne demandons pas obligatoirement 60 % des sièges, nous accepterions même une courte majorité… »

 Même s’il trouve que la réforme n’est pas exempte de risques et notamment celui d’assister dans les CFA à la disparition des sections les plus fragiles, il estime « que la réforme peut permettre un bond en avant de l’apprentissage. En Ile-de-France, par exemple, nos CFA ne font pas le plein actuellement : il existe un vrai potentiel de développement. »

 Il appelle d’ailleurs les Chambres de métiers de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui ne sont pas impliquées dans l’apprentissage-il y en a encore- de s’y mettre.

 Il verrait même dans le cadre de la réforme de la formation, connexe à celle de l’apprentissage, les Centres de Formation d’Apprentis (CFA) servir aussi de cadre à la formation continue que le gouvernement veut fortement développer.