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Ange Croci, représentant du collectif des parkings privés de St-Ex : « Nous avons déjà perdu plus de 20 % de nos clients

Un arrêté préfectoral organise désormais l’utilisation de la plate-forme aéroportuaire régionale pour les parkings privés situés autour de St-Ex : celui-ci prévoit une zone de stationnement spécifique devant la gare TGV et le paiement de 2,90 euros à chaque passage de navette, alors que jusqu’à présent, ces sociétés privées ne payaient rien.

 Pour les exploitants de ces parkings, c’est un double coup dur qui estiment-ils, met gravement en péril leur activité. Interview de leur représentant, Ange Croci.

Vous avez créé un collectif des parkings privés situés autour de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Combien de sociétés de parkings êtes-vous ?

 Ange Croci-Nous sommes quatre sociétés parkings au sein de ce collectif : Easypark Lyon, celui que j’ai créé qui compte 90 places et est basé à Saint-Laurent-de-Mure. On trouve également au sein de ce collectif, My Park, situé également à Saint-Laurent-de-Mure, Alyze, basé à Grenay ; et enfin Car Park Travel, à Genas.

 Au total, on compte une dizaine de parkings privés autour de l’aéroport : globalement, nous avons créé une centaine d’emplois.

 Comment avez-vous vécu la décision de l’aéroport, via un arrêté préfectoral de vous interdire l’accès direct aux terminaux et le paiement d’une redevance de 2,90 euros ?

 Sous couvert de fausse problématique de gestion des flux, on nous cloue clairement au pilori. L’objectif de l’aéroport est assurément de diminuer notre activité pour préserver celle des propres parkings de l’aéroport.

 Et ce, parce que nous sommes à la fois meilleurs au niveau du service et des tarifs, ce qui a fait notre succès.

 Sur proposition de l’aéroport, le préfet a pris cet arrêté. A notre avis, il a été instrumentalisé : pour nous les décisions prises constituent un abus de pouvoir. C’est la raison pour laquelle nous l’avons contesté, malheureusement sans succès, auprès du tribunal administratif.

 Quelles sont les conséquences de cet arrêté sur votre activité ?

 Elles ont eu un fort impact sur notre clientèle. Même si l’arrêté n’est pas encore appliqué-il devrait l’être d’ici quelques jours-notre activité a nettement chuté. J’estime déjà cette baisse à plus de 20 %.

 Mais surtout le fait de nous faire payer 2,90 euros signifie que nous perdons près de 20 % de notre chiffre d’affaires !

 Pourquoi devrions nous payer 2,90 euros, alors que les taxis se rendent gracieusement sur l’aéroport et que l’on ne demande qu’un seul euro aux VTC ?

 Comment expliquez-vous cette réaction de l’aéroport à votre égard ?

 L’explication est bien sûr économique. Nous, parkings privés autour de l’aéroport, nous lui avons pris près de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’année dernière. Ce qui n’est pas négligeable si l’on sait que le chiffre d’affaires des parkings de l’aéroport représente près de 30 millions d’euros.

 Ce sont des arguments économiques que nous pouvons entendre. Mais c’est trop facile de s’attaquer à la libre concurrence et de ne pas trouver d’autres solutions.

 Pour notre part, nous sommes prêts à discuter avec l’aéroport pour trouver une solution qui puisse satisfaire les uns et les autres.

 Que comptez-vous faire personnellement avec votre parking, suite à cet arrêté ?

 Déjà deux petits parkings ont fermé leurs portes. Pour ma part, je n’ose pas imaginer fermer.

 Ce serait personnellement une catastrophe. J’ai acheté le terrain pour construire le parking, je me suis endetté en prenant des crédits.

 Et puis je pense au consommateur qui doit avoir le choix : on n’en est tout-de-même plus au temps de l’URSS des années 70 et des monopoles d’Etat !

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Me Tomasi : « Nous avons d’autres recours »

 Maître Tomasi, avocat du collectif, dont le cabinet est basé à Lyon, qui a attaqué l’arrêté préfectoral n’entend pas en rester là :

«  D’autres actions sont possibles, nous allons aller vers d’autres juridictions. Cet arrêté préfectoral constitue une rupture du principe d’égalité dans l’accès et l’utilisation du service public. Il pose un gros problème en matière de concurrence. Nous n’allons donc pas en rester là… »