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Le pôle de compétitivité » Axelera à la recherche des gisements cachés d’énergie dans les usines

Doté de 15 millions d’euros issus du Grand Emprunt, le projet Valenthin veut valoriser les sources de chaleur inexploitées que l’on trouve dans les entreprise, chimiques et autres, pour les transformer en électricité ou chauffer des immeubles d’habitations ou des bureaux. Un test grandeur nature va se dérouler au sein de la Vallée lyonnaise de la chimie. S’il débouche, ce projet pourrait amener la création d’une nouvelle filière susceptible de produire l’équivalent de plusieurs tranches de centrales nucléaires.

Le pôle de compétitivité chimie-environnement Axelera a depuis sa création, lancé de nombreux projets.

Pour la seule année 2012, ce pôle qui rassemble désormais 263 entreprises (+ 9 % en un an) a mis sur les rails « Luminosurf » dans le but de développer les nano-matériaux dans l’éclairage, « Duramat » qui vise à inventer les matériaux de demain, et encore « Altereco » pour permettre la valorisation énergétique des rejets à basses températures.

 Il s’agit de projets de recherche&Développement qui visent à déboucher sur des innovations pour mettre à terme sur le marché de nouveaux produits issus de l’économie verte.

 Mais un pôle de compétitivité comme Alexera entend aussi passer à la vitesse supérieure en développant des projets dits structurants, c’est-à-dire qui visent à mettre au jour de nouvelles filières industrielles.

 Tel est l’objet du projet Valenthin. Comprendre : « Valorisation énergétique des rejets thermiques industriels ».

 L’idée de départ est aussi simple que l’œuf de Collomb : les usines, chimiques et autres, sont sources d’effluents, elles utilisent des fluides à des températures plus ou moins élevées qui se perdent très -trop- souvent dans la nature ou dans l’atmosphère.

Développer une filière technologique française

 Le projet consiste à mettre au point des technologies qui permettraient de valoriser ces sources de chaleur, soit pour chauffer des immeubles ou des bureaux proches, voire encore pour produire de la vapeur et, à partir de celle-ci, de l’électricité.

 « Nous voulons avec ce projet développer une filière technologique française permettant de valoriser à l’internet et en externe les rejets thermiques industriels liquides et gazeux ayant une température comprise entre la température ambiante et 200 degrés », décrit plus précisément Gérard Guilpain, responsable de ce projet chez Arkema.

 Ce dernier groupe chimique, allié à GdF Suez est en effet à l’origine de Valenthin qui s’est constitué en consortium : ce dernier compte quatorze partenaires.

 Ce gros projet doté de 15 millions d’euros issus du Grand Emprunt rassemble ainsi sept groupes industriels, une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire), trois PME, un centre technique, un Epic (Etablissement public industriel et commercial), un laboratoire académique, ainsi que l’Institut Ideel (Institut d’excellence en énergie décarbonée).

 « Nous voulons construire une filière en développant de nouvelles technologies. L’enjeu est de créer de la valeur ajoutée au niveau des territoires. Nous pourrions alors développer en France une vraie filière industrielle qui n’existe pas encore », s’enthousiasme Gérard Guilpain.

 Que représentent réellement ces sources d’énergie cachées dans nos entreprises ? En collaboration avec le Grand Lyon, très intéressé par le projet et les industriels, une étude est en cours dans la Vallée lyonnaise de la chimie. Il s’agit de cartographier l’ensemble de ces énergies pour développer ensuite un projet d’ensemble afin de les valoriser. Ses résultats seront divulgués en 2013.

 Selon Gérard Guilpain, « ces sources d’énergie inemployées pourraient représenter au niveau national 40 Térawatts-heure, soit l’équivalent de plusieurs tranches de centrales nucléaires. »

De nouvelles générations de pompes à chaleur

 Il va falloir mettre au point de nouvelles générations de pompes à chaleur pour exploiter et remonter les température des fluides à des niveaux exploitables.

 « Nous avons regardé ce qui se fait dans ce domaine dans le monde : il n’existe pour l’heure que très peu d’expériences de ce type. Nous sommes très bien positionnés pour développer ces nouvelles technologies », constate le responsable d’Arkema.

 Une démarche qui rappelle le slogan lancé après le premier choc pétrolier : « En France on n’a pas de pétrole, mais des idées. » Nous aurions bien besoin de quatre ou cinq projets de ce genre…

 Photo-(DR)La Vallée lyonnaise de la chimie, vue de nuit.