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Les régions vont devoir gérer les fonds du Feder : rôle accru en perspective pour la délégation Rhône-Alpes de Bruxelles

Comme la quasi-totalité des régions d’Europe, Rhône-Alpes possède une représentation à Bruxelles à deux pas du palais Berlaymont, siège de la Commission. Son rôle n’est plus contesté : elle permet de maximiser les retombées régionales des fonds structurels pour la région : 1,2 milliard d’euros entre 2007 et 2013 ! Un rôle qui va prendre prochainement encore plus d’épaisseur.

Les régions françaises chassent les fonds européens en meute ! Présente depuis 1999 à Bruxelles, la délégation Rhône-Alpes a rejoint en 2007 un immeuble rue du Trône au cœur du quartier européen au côté des membres de l’Eurorégion Alpes Méditerranée : PACA, Ligurie, Val d’Aoste, Piémont. On trouve également dans cet immeuble le siège de la délégation de la Chambre de Commerce Rhône-Alpes.

 Les sommes en jeu sont tellement importantes que plus aucune région ne peut ignorer Bruxelles.

 Patrick Lusson, délégué général Rhône-Alpes qui est en train de passer le témoin de la délégation régionale à Fabienne Faure l’assure : « Entre 2007 et 2013, la région Rhône-Alpes a bénéficié de 1,2 milliard d’euros émanant des fonds structurels, ceux du Feder, les fonds européens de développement régional et du FSE, le fonds social européen. Il faut être présent à Bruxelles pour être à l’affût ».

 Composée de huit personnes, la délégation Rhône-Alpes rassemble des chargé(e)s de mission qui suivent tous les grands secteurs économiques : de l’agriculture au tourisme, en passant par les PME, l’innovation ou l’environnement, etc.

 « Notre rôle consiste également à effectuer une veille stratégique à destination des acteurs économiques de la région », ajoute Patrick Lusson. Cette veille s’effectue à travers une newsletter hebdomadaire sur l’actualité européenne envoyée à qui la désire et la gestion d’une base de données sur les appels à propositions, ainsi que la recherche de partenaires pour des projets européens.

 « Nous jouons le rôle d’interface entre les entreprises, les pôles de compétitivité, les clusters, voire même les associations culturelles ou les collectivités qui veulent obtenir des fonds de Bruxelles. Notre rôle est de déposer des projets et de leur permettre de gagner des financements européens », insiste Patrick Lusson.

 30 millions d’euros pour le Grand Lyon

 Un récent exemple en date : « Nous nous sommes impliqués avec succès avec le Grand Lyon dans le projet permettant une meilleure gestion énergétique du quartier de la Confluence à Lyon, dans le cadre du projet européen Smart Cities. Il ne s’agissait là plus de réflexions, mais de réalisations, à hauteur de 30 millions d’euros », décrit le délégué général.

 A Bruxelles, lobbying n’est pas un gros mot. « Nous menons aussi des actions de lobbying dans le cadre de nos partenariats et avec les réseaux dont nous faisons partie», précise le délégué général Rhône-Alpes. Il ajoute « Nous travaillons ainsi dans le cadre des Quatre moteurs pour l’Europe, en l’occurrence, avec la Lombardie, la Catalogne et le Bade-Wurtemberg, mais aussi l’Euro Région Alpes Méditerranée. »

 C’est dans le domaine agricole que cette action de lobbying est sans doute la plus active. Il s’agit de défendre les intérêts des produits d’origine, de l’agriculture péri-urbaine, grand cheval de bataille de Rhône-Alpes et ignorée jusqu’à présent par la Commission européenne, à laquelle s’ajoute bien sûr le suivi de la Politique Agricole Commune (PAC) en pleine discussion et qui représente le plus important budget de l’Union.

 Mais la grande affaire du moment qui va encore accroître le rôle de la délégation Rhône-Alpes à Bruxelles devrait être constituée par l’acte 3 de la régionalisation annoncé par François Hollande. Une de ses retombées sera constituée par la gestion directe, en tout ou partie, des très importants Fonds du Feder et du FSE qui seront gérés directement par les régions, et non plus par Bercy.

 « Si c’est effectivement le cas, nous changerons complètement de paradigme : les Régions vont avoir voix au chapitre. Nous à la délégation Rhône-Alpes, nous jouerons un rôle important dans cette affaire. Ayant bien évidemment une bonne connaissance de leurs territoires, les régions pourront obtenir des fonds plus adaptés, offrant une plus grande souplesse », se félicite Patrick Lusson.

 L’Alsace a économisé 30 % sur ses frais de gestion

 La région Alsace qui a servi de test dans la gestion de ces fonds dans l’attente de son extension à toutes les autres régions de France a gagné 30 % sur les frais de gestion. Illustration de l’efficacité des régions lorsqu’il s’agit de gérer au plus près des territoires et non pas d’un ministère parisien ; et utile quand l’argent se fait rare !

 Photo (DL)Fabienne Faure, prochaine déléguée de Rhône-Alpes à Bruxelles, ancienne élue Modem de l’Ain qui fut un temps responsable du groupe Modem au Conseil régional Rhône-Alpes (elle a aussi collaboré à la candidature d’Annecy aux JO) ; et Patrick Lusson, délégué encore en poste : il doit quitter ses fonctions en novembre pour prendre sa retraite.