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Directeur général du Crédit Agricole Centre-Est, Jean-Paul Chifflet prendra en mars les rênes de la banque verte

Pur produit des Caisses régionales,  Jean-Paul Chifflet prendra les commandes exécutives de Crédit Agricole SA à partir du 1er mars. L’illustration d’une reprise en main après la crise traversée par la banque verte. Cet Ardéchois,  passionné de rugby, viticulteur de saint-joseph et patron du Crédit Agricole Centre-Est depuis 2000, a été adoubé par les Caisses régionales.

Depuis le mois de juillet dernier, la rumeur donnait Jean-Paul Chifflet, 60 ans, comme nouveau directeur général,  à la place de Georges Pauget, de Crédit Agricole SA. Une société qui est située tout en haut de la pyramide de la banque verte en tant qu’organe coté du Crédit Agricole chapeautant la banque de détail LCL (ex-Crédit Lyonnais), la banque grecque Emporiki et la banque d’affaires Calyon.

C’est fait. Un communiqué très laconique l’a désigné au soir du mardi 10 novembre pour prendre la succession du directeur général de Crédit Agricole SA, à partir du 1er mars prochain.

Une conséquence, avec effet retard, de la crise financière subie par la banque verte. Georges Pauget était sur la sellette depuis plusieurs mois. Les 39 Caisses régionales qui ont adoubé Jean-Paul Chifflet sont majoritaires au sein de Crédit Agricole SA. Elles n’ont pas pardonné à l’actuel directeur général sa stratégie agressive à l’international dans les activités de banque de financement et d’investissement, assez loin de la culture originelle de la banque verte, d’abord banque de proximité. Calyon, la banque de financement et d’investissement a ainsi subi de plein fouet la crise financière accusant une perte de 2,8 milliards d’euros sur 2007 et 2008. Le rachat de la banque grecque Emporiki a coûté de son côté des centaines de millions d’euros.

La situation s’est certes depuis, améliorée, comme en témoignent les résultats du troisième trimestre 2009 qui affichent un bénéfice net de 289 millions d’euros, supérieur aux attentes.

Dès le printemps 2008, Georges Pauget avait annoncé une augmentation de capital et un recentrage de Calyon sur ses activités les moins risquées, un plan de rigueur et l’arrêt des acquisitions. Il reste que la crise a sérieusement ébranlé la banque verte dont la relance passait par un changement d’homme.

Le choix de Jean-Paul Chifflet s’est fait naturellement. Le directeur général du Crédit Centre-Est (Lyon/nord de Rhône-Alpes) depuis 2000 qui affiche trente-six ans de carrière au sein de la banque verte, avait déjà été choisi en 2006 comme secrétaire général de la FNCA (Fédération Nationale du Crédit Agricole), l’instance de réflexion, d’expression et de représentation des Caisses régionales.  Il avait fait l’unanimité des directeurs généraux des 39 Caisses. Ses concurrents, Pascal Célérier et Bruno de Laage, respectivement directeurs généraux des caisses d’Ile-de-France et d’Anjou-Maine avaient retiré leur candidature quelques jours avant le vote, par souci de consensus.

Jean-Paul Chifflet avait définitivement gagné ses galons lors du dernier congrès de la Fédération en 2008 à Nice, en annonçant le regroupement des cinq systèmes informatiques du groupe, un serpent de mer auquel aucun dirigeant n’avait osé s’attaquer jusqu’alors. Un investissement de 400 millions d’euros d’ici fin 2013.

D’origine ardéchoise, ce pur produit du sérail, qui a débuté sa carrière comme animateur commercial dans la Caisse du Sud-Est en 1973, amateur de rugby et de saint joseph (il possède un ha de vigne à Saint-Jean-de-Muzols) va se retrouver à partir du 1er mars doté d’une feuille de route particulièrement chargée. Il va devoir continuer à réduire le profil de risque de la banque illustré par les pertes de Calyon.  Les derniers résultats illustrent encore un coût du risque élevé à 1,1 milliard d’euros. Il pourrait être tenté de renforcer les activités de banque de détail de la banque verte, ce qui ne devrait pas déplaire aux caisses régionales. Il devra également redonner le chemin de la rentabilité à la banque grecque Emporiki qui subit de plein fouet les difficultés de l’économie hellène.

Il devra dans le même temps continuer à améliorer la productivité de la banque : ce qu’il a commencé à faire avec la réunion des systèmes d’information. D’autres synergies, notamment entre le Crédit Agricole et LCL pourraient suivre.

A l’annonce de cette nomination, mais il est vrai aussi des résultats trimestriels illustrant une hausse du résultat net de 44 %, l’action Crédit Agricole SA a bondi de près de 5 %.