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Sauvetage de Mory Ducros : au moins trois sites et plus de 200 emplois devraient disparaître en Rhône-Alpes

Seul repreneur crédible, Arcole Industries, l’ex-maison mère de Mory Ducros a accepté de revoir son plan de reprise à la hausse en conservant finalement 2 150 emplois sur plus de 5 000. Cela ne suffira pas à sauver l’agence de Vénissieux, située à côté de celle de Saint-Priest qui elle, devrait être sauvée. Idem dans les deux Savoies et la Drôme oû les agences d’Annecy et de Portes-lès-Valence devraient également faire les frais de la restructuration.

 C’est le plus important dépôt de bilan enregistré en France depuis la faillite du fabricant de petit électroménager Moulinex… en 2001 !

Ceci explique que les pouvoirs publics aient fait le forcing pour en diminuer les effets du dépôt de bilan de Mory Ducros. Cinq mille emplois sont en danger, auxquels il faut rajouter 2 000 autres emplois, émanant des sous-traitants.

Ainsi, à l’issue d’une réunion marathon à Bercy, vendredi 24 janvier, au ministère de l’Economie, Arcole Industries, seul repreneur véritablement crédible qui prévoit la reprise de 48 agences sur les 85 du transporteur en difficulté Mory Ducros a revu son plan de reprise à la hausse : in fine, ce sont 2 150 emplois (au lieu de 1 900 initialement) sur les 5 000 salariés de la société de transport qui devraient être sauvés.

Cela signifie que plus de la moitié des emplois ne feront pas partie du nouveau périmètre de l’entreprise. Il faut en outre savoir que cette négociation ne concernait pas les 2 000 emplois menacés chez les sous-traitants.

Autre avancée obtenue,  : chaque salarié qui sera in fine licencié devrait toucher une indemnité de 7 000 euros, en sus de ses indemnités légales.

« Une rémunération quasi-similaire pendant un an pour les salariés licenciés »

En revanche, « chacun d’entre eux aura pendant un an une rémunération quasi-similaire à son salaire net actuel grâce au contrat de sécurisation professionnel », insiste-t-on du côté du ministère du travail.

Même si le tribunal de commerce de Pontoise doit encore se prononcer le 31 janvier sur ce dossier, il est probable qu’il entérinera le plan présenté par Arcole Industries. La seconde offre, celle du transporteur Malherbe, est en effet plus réduite.

D’autant que l’’Etat se dit prêt à soutenir le projet d’Arcole en l’accompagnant d’un prêt de 17,5 millions d’euros, en contrepartie du plan social amélioré et d’un changement de l’équipe dirigeante de Mory Ducros qui a failli.

En outre, «Cinq cents propositions d’emplois seront faites par des entreprises publiques comme La Poste et la RATP aux salariés licenciés et des patrons du transport routier ont promis d’aider 1 000 salariés à retrouver un emploi au moyen d’une «bourse d’emplois dédiée», a assuré à l’issue de la réunion Frédéric Cuviller, ministre des Transports.

Cette annonce vise à limiter autant que possible les mouvements de colère de la part des personnels licenciés. Une explosion sociale ferait à coup sûr fuir les clients, ce qui pourrait amener Arcole Industries à retirer son offre, rendant la situation inextricable.

N’oublions pas aussi que nous sommes également à quelques semaines des élections municipales : pour le gouvernement, il faut tout faire pour obtenir un climat social le plus apaisé possible.

Les agences de Vénissieux, Annecy et Porte-lès-Valence devraient fermer

Qu’en sera-t-il en Rhône-Alpes où existent plusieurs sites Mory Ducros ?

Le site de Saint-Priest qui compte 110 salariés et qui s’étend sur 13 000 m2 devrait être sauvé.

En revanche, celui de Vénissieux, très proche géographiquement, devrait faire les frais de ce plan social. Sur les 168 salariés concernés, 27 seulement seraient reclassés.

Comprenant 50 salariés, le site d’Allonzier-La-Caille, près d’Annecy, devrait aussi fermer ses portes

Il s’agit d’un ancien site DHL, revendu en 2010 au groupe Mory Ducros. Le site en une dizaine d’années était déjà passé de 150 à 50 employés. Leur activité doit être transféré sur le site de Chambéry qui, lui, subsiste. A l’annonce de cette nouvelle, les salariés d’Allonzier-La-Caille se sont mis en grève.

Mory Ducros avait également une agence près de Valence  dans la Drôme: il va rester à Portes-lès-Valence, mais cela ne se fera pas sans licenciement. C’est ce qui est ressorti après sept heures de comité d’entreprise jeudi chez le transporteur. Mais 37 salariés sur 67 sont, là encore, menacés de licenciement.

Le préfet de Région, Jean-François Carenco a fait le tour des transporteurs rhônalpins

Plus d’un salarié sur deux devrait prendre le chemin de Pôle Emploi

Jean-François Carenco, préfet de Région assure qu’il a fait le tour des transporteurs de la région Rhône-Alpes : ceux-ci se seraient engagés à faire leur possible pour embaucher les salariés de Mory Ducros restant sur le carreau. Des réunions entre les employeurs potentiels et les salariés licenciés devraient donc être organisés au cours des semaines à venir.

L’importance de ces dégâts sociaux s’expliquent : Mory Ducros est le deuxième opérateur français du transport de messagerie et de l’affrètement.

Le groupe est né du rapprochement, puis de la fusion fin 2012 de l’activité messagerie France de Ducros Express (ex DHL) et de l’activité messagerie et affrètement de Mory.

Le groupe a perdu 79,5 millions d’euros lors de son dernier exercice pour un chiffre d’affaires de 765,5 millions. Et affiche une dette de 202,7 millions d’euros…