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Energie nucléaire : Rhône-Alpes confrontée aux enjeux du débat national

Un an après Fukushima, le tout nucléaire appartient au passé. Au-delà de visions tranchées. Le débat sur le mix énergétique avance lentement en Rhône-Alpes. Une certitude : le prolongement d’un maximum d’énergie nucléaire risque de retarder le décollage d’autres filières industrielles durablement prometteuses au niveau mondial, en particulier le solaire photovoltaïque.

Moins d’un an après la catastrophe de FUKISHIMA, le débat énergétique, et le débat sur nucléaire sont au cœur de la campagne présidentielle. En jeu : les grandes options énergétiques françaises.

Le débat est compliqué mais simple. Toute inflexion en matière d’énergie demande du temps. Les réacteurs de Rhône-Alpes ont été mis en service entre le milieu des années soixante dix et le milieu des années quatre vingt.

Dans dix ans ils auront atteint 40 ans l’âge maximum prévu il y a dix ans par EDF. Dans trente ans, l’essentiel du parc nucléaire français, aura atteint l’âge de soixante ans, durée vers laquelle EDF souhaite faire évoluer son parc.

Or, le débat entre le tout nucléaire et les énergies alternatives a radicalement changé depuis le lancement du programme électronucléaire français il ya plus de trente ans. Le nucléaire a un coût plus important que ce qu’on pensait et la Cour des Comptes vient d’en établir le niveau. L’électricité nucléaire n’a pas sauvé l’industrie française ou l’énergie n’était pas un facteur de compétitivité  pour cette dernière. La France a réalisé peu d’économies d’énergie et paie une lourde facture d’énergies fossiles.

Des décisions à prendre sans tarder

La Cour des Comptes a expliqué dans son rapport le choix auquel est confronté la France. Saut chute de la consommation électrique, il faut faire un choix entre le renouvellement du parc nucléaire, avec notamment des EPR, ou opter pour des filières de remplacement, renouvelables notamment.

Ne pas choisir, c’est rendre difficile une sortie notable du nucléaire, retarder les alternatives, et c’est poursuivre l’engagement nucléaire par le prolongement du parc actuel.

Sortie à marche forcée

Les opposants au nucléaire, quelques associations très engagées (Sortir du Nucléaire) et Europe Ecologie les Verts, comme les porteurs du scénario Négawatt, préconisent une sortie du nucléaire, volontariste, à marche forcée, d’ici à 2035.

Pour les tenants de cette sortie accélérée, la sécurité nucléaire n’est jamais totale. Tout renforcement de la sûreté entraine des surcoûts tels que les investissements seraient plus rentables dans les économies d’énergie et dans les énergies renouvelables. Tout prolongement du nucléaire retarde le développement de filières industrielles nouvelles, qui ont un avenir mondial au-delà du nucléaire. Or les énergies renouvelables patinent en Rhône-Alpes, elles ont licencié plus de la moitié de leurs salariés, et l’ancien leader Photowatt a encore un avenir incertain. La sortie est envisagée au risque de devoir recourir en partie aux énergies fossiles comme le gaz.

Rééquilibrage progressif

Les tenants régionaux d’un rééquilibrage, mettent en avant des arguments économiques, et le temps nécessaire pour faire monter en régime les énergies renouvelables dont ils pressentent l’énorme potentiel.

Les milieux économiques régionaux (Medef, CGPME) rappellent que le nucléaire en Rhône ce n’est pas seulement la production. C’est aussi un secteur puissant en matière de recherche (CEA), de formation (universités, écoles d’ingénieurs, IUT), mais aussi en matière d’ingénierie (EDF, AREVA, etc.), et en matière industrielle (AREVA, sous traitants)

Ce secteur qui représente jusqu’à 30 000 emplois directs, concentre non seulement une base de savoir faire, mais aussi une capacité d’exportation sur les marchés mondiaux.

L’importance du nucléaire est aussi soulignée par les organisations syndicales, trop souvent oubliées dans un débat politique. Or, sans négliger l’intérêt de filières émergentes comme les renouvelables, la CGT est au premier rang des défenseurs du nucléaire. Les autres organisations syndicales, la CFDT en particulier, veulent d’un débat sur l’énergie, sur le climat, sur les renouvelables qui ne ferme pas le chapitre du nucléaire.

L’enjeu pour Rhône-Alpes, c’est de mettre en place une stratégie industrielle globale sur le secteur de l’énergie qui englobe clairement la recherche, la formation, l’ingénierie, les grands groupes, les sous traitants, autour d’une transition énergétique programmée du tout nucléaire, au moins de nucléaire.

Un débat qui n’est pas ouvert.