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Lyon accueille en juin le premier salon professionnel consacré en France à l’imprimante 3D

Un nouveau salon verra le jour en juin à Eurexpo à côté de Fip, la grande manifestation triennale consacrée à la plasturgie : « 3D Print ». Cet événement va permettre de faire le point sur un secteur en pleine expansion, mais paradoxalement encore peu connu, bien qu’il offre des perspectives extrêmement importantes. Pour beaucoup, l’imprimante 3D qui permet pour un faible coût de fabriquer des objets très complexes par dépôts de couches successives, s’apparente à une véritable révolution, gage d’opportunités et de gains de productivité pour les entreprises.

 L’imprimante 3 D  fait le buzz dans les médias. Beaucoup pronostiquent une révolution. Mais peu l’ont encore vue en action sous toutes ses facettes avec les vastes possibilités qu’elle offre.

 Les professionnels issus de nombreux secteurs, de l’industrie à l’architecture qui s’interrogent sur l’opportunité de s’équiper vont pouvoir bientôt aller à la source. Le premier salon professionnel de l’imprimante 3D dans l’Hexagone se déroulera à Lyon-Eurexpo, du 17 au 20 juin.

 Seul jusqu’à présent un salon grand public sur ce thème, le «3D Print Show »  se déroulait à Paris. Le salon du Bourget a lui aussi accueilli lors de sa dernière édition une section imprimante 3D, mais consacrée à l’aéronautique. Mais pour l’instant, ce secteur n’avait pas encore son salon professionnel.

 Au côté de Fip, le salon de la plasturgie, en pleine croissance

 « 3D Print Lyon» se déroulera au côté d’un salon triennal, le Fip, consacré à la plasturgie. C’est la société Idice dont le siège est basé à Oyonnax dans l’Ain, au cœur de la vallée de la plasturgie qui en est à l’origine. Phénomène de fin de crise ? Danielle Rousseau, directrice commerciale des deux salons qui auront un accès commun, annonce un salon Fip de 700 exposants, en hausse de 25 % par rapport à la dernière édition en 2011. L’adjonction à ce salon, de « 3D Print » devrait renforcer cette attraction retrouvée.

 Aucun doute, ce système d’imprimante qui permet de fabriquer tous types d’objets, même très complexes, avec tous types de matériaux, du plastique au métal, en passant par la résine, par dépôts de couches successives (*), suscite chez les professionnels une intense curiosité.

 Il permet d’abord de fabriquer des prototypes pour un faible coût, le prix des imprimantes 3D ne cessant d’ailleurs de baisser. De l’ordre de 2,5 milliards de dollars en 2013, ce nouveau marché qui connaît une croissance à deux chiffres, devrait peser une dizaine de milliards de dollars dès 2018.

 Une 3ème révolution industrielle ?

 D’aucuns, lyriques, évoquent même une « 3ème révolution industrielle » à propos de ce que les professionnels du secteur appellent de préférence à imprimantes 3D, la « fabrication additive ».

 Celle-ci offre l’avantage, de manière simple de se substituer à d’autres procédés, souvent complexes, pour aboutir à des produits finis. Et ce, à des coûts relativement faibles. Une imprimante 3D professionnelle revient à quelques milliers d’euros. Certaines imprimantes à destination du grand public, de fabrication japonaise ou coréenne, voient leurs prix actuellement s’abaisser à 5 à 700 euros. Les prix ne cessent de diminuer au fur et à mesure que le marché s’élargit.

 La fabrication 3D permet ainsi, non seulement la construction d’objets sur mesure, comme des implants, dentaires et autres, grâce au scanner du patient, mais aussi annonce l’allégement dans les transports dans l’automobile ou l’aéronautique ; elle permet l’utilisation de matériaux variés : verre, plastiques, métaux ou céramiques ; elle offre la possibilité de customiser ou de restaurer des pièces ; et elle peut enfin offrir un service de fabrication en cloud computing.

 Ce nouveau salon qui sera installé dans la galerie de l’entrée de Lyon-Eurexpo accueillera une soixantaine d’exposants. Les plus importants représentants du secteur seront présents, à l’instar de Prodways, Stratasys ou EOS.

 On y trouvera aussi une douzaine de start-up de la région Rhône-Alpes qui se sont installées sur ce créneau prometteur et qui ont pour nom Creopp-tec ou Galatée 3D, etc.

 L’ensemble de la filière sera représentée

 Selon Danielle Rousseau, la directrice commerciale de ce salon, «  toute la filière sera représentée, du prototypage rapide aux machines, moules et équipements, en passant par les services aux entreprises, les sociétés de logiciels et les laboratoires d’études. Nous voulons que les professionnels puissent bénéficier d’une vision globale de ce qu’est aujourd’hui l’industrie de la fabrication additive. »

 On y trouvera également un Fab Lab dans la zone centrale du salon « qui sortira des pièces de dimension importante », explique Danielle Rousseau. Seront également exposées des pièces remarquables, d’une redoutable complexité, toutes issues de l’impression 3D.

 Ce salon sera enfin émaillé de nombreuses conférences, à destination des 8 à 9 000 visiteurs professionnels attendus sur des thèmes tels que « Pourquoi la fabrication additive peut-elle être un atout dans le process de fabrication industriel ? » ou «  Les Fab labs professionnels, quels enjeux pour les entreprises ? »

En fonction de l’importance ou non de son succès, ce salon pourrait à l’avenir se dissocier de Fip et voler de ses propres ailes. A l’instar du salon Innorobo, devenu le 1er salon européen du genre, un nouveau salon technologique pourrait ainsi s’ancrer dans la capitale des Gaules.

(*) Différentes techniques sont utilisées. Toutes consistent à ajouter des couches successives de matières pour constituer l’objet final. Les trois principales sont :

– La stéréolitographie : sous l’action d’un laser, une résine liquide photo-sensible est solidifiée par transformation chimique. Le faisceau de lumière émis par le laser est projeté à la surface de la résine par un jeu de miroirs dynamiques. Le mouvement de ces miroirs pilotés par un ordinateur interprétant les données fournies par le logiciel de DAO fait parcourir au faisceau une trajectoire correspondant à une section de la pièce à produire. Après polymérisation d’une section, la plate- forme supportant l’objet en cours de fabrication descend dans la cuve de résine, d’une hauteur correspondant à l’épaisseur de la section (de 0,07 à 0,75 mm). L’empilement des couches permet d’obtenir une pièce tridimensionnelle.

– Le frittage laser sélectif : ce procédé de fabrication de pièces consiste à chauffer une poudre sans la mener jusqu’à la fusion. Sous l’effet de la chaleur, les grains se soudent entre eux, ce qui forme la cohésion de la pièce. Le cas le plus connu est celui de la cuisson des poteries. Ce procédé est utilisé pour créer des objets 3D, strate par strate, à partir de poudres qui sont frittées ou fusionnées grâce à un laser. Le process commence par un fichier 3D de CAO qui est découpé en sections 2D et la pièce est construite selon un process assez proche de celui de stéréolitographie.

– Le dépôt de fil thermoplastique : Ce procédé qui a été développé par Stratasys (USA) utilise le mouvement d’une machine trois axes pour déposer un fil en fusion sur la pièce en cours de fabrication. La solidification est instantanée quand le fil entre en contact avec la section précédente. Les matériaux utilisés pour le fil sont la cire, le polyamide, le polypropylène, l’ABS… Ce procédé relativement rapide et peu cher est le plus vendu depuis deux ans grâce au succès des imprimantes 3D.

IllustrationsUne imprimante 3 D en action et en haut à droite, deux objets complexes issus de la « la fabrication additive »