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Immobilier d’entreprise : Lyon résiste assez bien à la crise

Ce n’est pas un cas général en France, mais la grande région lyonnaise a plutôt bien tiré son épingle du jeu en 2012, malgré la crise, dans le domaine de l’immobilier d’entreprise. Cela est vrai pour les bureaux, malgré une chute de la demande placée de 29 % et la logistique, voire même les locaux d’activité. Une inquiétude, cependant : les stocks repartent à la hausse, mais dans le même temps l’investissement s’est rarement aussi bien porté : avec 845 milllions d’euros d’investis dans l’immoblier d’entreprise, 2012 est la deuxième meilleure année jamais constatée par les professionnels lyonnais.

S’ils n’affichent pas une mine franchement réjouie, les professionnels lyonnais de l’immobilier d’entreprise n’ont pas pour autant la mine sombre. La raison tient à ce constat que l’on peut entendre dans la bouche de ces mêmes professionnels effectuant le bilan de l’année 2012 (*): Lyon et sa région, en incluant le territoire logistique du Nord-Isère a manifestement résisté à la crise, comme les chiffres présentés l’attestent. Le dynamisme de l’agglomération et de la région s’appuyant sur une économie qui bénéficie du grand avantage d’être diversifiée, a permis de limiter grandement la casse.

 On sait en effet qu’en matière immobilière, les cycles sont souvent brutaux. Ce ne fut pas le cas l’année dernière, dans ce marché spécifique, du moins.

Locaux d’activité : cap à l’Est

 Ainsi, dans le domaine des locaux industriels, la demande placée s’est stabilisée à l’étiage moyen constaté ces dernières années : 300 000 m2. Et ce, avec un maître-mot : cap à l’Est. 75 % du marché s’est situé dans le Grand-Est lyonnais, un secteur allant du Nord de l’A 42, jusqu’à Feyzin.

 Les entreprises ont des trésoreries parfois tendues : l’autre grande tendance, selon Jean-Pascal Denys directeur général associé chez Brice Robert, a été la forte augmentation du marché locatif qui a représenté la moitié des transactions, au détriment de l’achat.

Cette stabilité du marché des locaux d’activité s’est retrouvée au niveau des prix des loyers qui n’ont guère évolué : de 35 à 40 euros le m2 dans l’ancien, 45 à 50 euros pour des locaux plus récents.

 Seule préoccupation pour Jean-Pascal Denys : l’augmentation du stock. « Nous avons d’ordinaire 500 000 m2 de stocks dans la région lyonnaise. Il a augmenté l’année dernière de 20 %, le portant à 670 000 m2. » Ce qui pourrait présager en 2013 des valeurs locatives à la baisse.

 Locaux logistiques : un excellent cru

 « Un excellent cru ! »Tel est le cri du cœur de Laurent Vallas, directeur régional chez Jones Lang Lasalle, en ce qui concerne les locaux logistiques, et ce, alors qu’au niveau national ce marché a connu l’année dernière une chute libre : – 38 %.

 Il faut dire que le triangle d’or logistique rhônalpin situé dans le Nord-isère (l’Isle d’Abeau et de la Verpillière) est le 1er de France et le 4ème d’Europe. A l’heure où les entreprises mutualisent les coûts à raison de dizaines de milliers de m2, elles choisissent des valeurs sûres et donc Rhône-Alpes. L’année 2012 a ainsi été marquée par 28 transactions de plus de 5 000 m2, avec quelques gros « deals » : Darty a acquis 28 000 m2, Philips, 32 000 m2.

 Problème désormais: « Nous nous orientons vers une phase de pénurie d’offre logistique de Classe A : je lance une appel aux collectivités pour qu’elles pourvoient à ce manque, à travers des locaux en blanc ou en gris… », lance Laurent Vallas.

 Bureaux : Atos qui voulait la Part-Dieu, se retrouve à Villeurbanne

 Au regard de la chute de la demande placée concernant cette fois l’immobilier de bureaux, énoncée par Gilles Matuszack, directeur chez Keops-Colliers international, on aurait pu craindre une mauvaise année en termes d’immobilier de bureau.

 En réalité cette chute pour le moins sensible s’explique avant tout par la forte diminution des transactions de plus de 5 000 m2 l’année dernière : deux seulement au lieu de neuf en 2011.

 Si on considère le nombre strict des transactions, rien d’alarmant : 468 l’année dernière, contre 480 en 2011. Avec pour résultat, des loyers globalement stables.

 Ce recul s’explique par l’absence d’offre suffisante de bureaux dans le quartier phare de la Part-Dieu, très recherché par les grands groupes où la pénurie domine désormais. Ainsi par exemple, la société informatique Atos qui désirait s’installer dans le second quartier d’affaires français après la Défense, se retrouve in fine à Villeurbanne. Pas possible pour cette société d’acquérir une surface suffisante, faut d’offre. La situation devrait commencer à s’améliorer cette année

 En revanche, les quartiers de Gerland, le Carré de Soie à Vaulx-en-Velin et Vaise ont pallié cette pénurie constatée à la Part-Dieu.

 845 millions d’euros investis en 2012

 Mais surtout, avec 845 millions d’euros investis par de grands acquéreurs dans l’immobilier d’entreprise, tous secteurs confondus, 2012 restera la deuxième meilleure année qu’a connue la profession.

 L’investisseur anglo-saxon Grosvenor a ainsi, comme on le sait acquis, pour près de 200 millions d’euros une partie de la rue de la République à Lyon, bureaux, logements et commerces mêlés ; tandis que la récente Tour Oxygène de la Part-Dieu passait des mains d’Unibail Rodamco à celles de la Caisse des Dépôts et d’une filiale du Crédit Agricole pour 130 millions d’euros Un autre groupe anglo-saxon, Blackstone a acquis de son côté pour 80 millions d’euros immobilier profesionnel.

 Constat tiré par Gilles Matuszack : « Lyon ne joue plus dans la cour de villes comme Lille, Toulouse ou Marseille, mais se situe bien désormais dans le middle-market européen au même niveau que Francfort, Barcelone ou Milan, par exemple. » Et il est probable que l’Euro-Métropole lyonnaise en gestation ne fera que renforcer ce phénomène.

 (*) Lors de la conférence annuelle de la Fnaim Entreprises du Rhône.

 Photo (DR)Le marché de l’immobilier d’entreprise a été marqué en 2012, par l’une des plus importantes transactions de ces dernières années : l’acquisition à Unibail-Rodamco, par la Caisse des Dépôts et Crédit Agricole assurances, à travers sa filiale Predica, de la Tour Oxygène de la Part-Dieu pour 130 millions d’euros.