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Le secteur des Travaux Publics rhônalpins craint la suppression de 10 000 emplois cette année

Une première réponse avec l’annonce d’un plan de relance de 100 millions d’euros du nouveau président du Conseil départemental de l’Isère ? Les patrons régionaux des Travaux Publics voient inexorablement leur carnet de commande fondre et proposent, eux, un plan de relance régional.

Si dans la plupart des secteurs économiques, sans pour autant céder à l’euphorie, les sourires reviennent, c’est loin d’être le cas dans les Travaux Publics.

Les TP sont en train de devenir le grand malade de Rhône-Alpes. « Depuis trois décennies, la part de l’investissement dans les infrastructures de transport et de communication dans le PIB est passée de 2,2 % à 1,3 % en France. Les récentes coupes dans les dépenses des infrastructures ne font qu’amplifier cet abandon », déplore Jean-Marc Cornut, le président de la Fédération Rhône-Alpes des Travaux Publics.

 Selon lui, Rhône-Alpes n’est pas mieux lotie que le reste de la France. « Nous avons enregistré au dernier trimestre 2014 une diminution de 30 % des appels d’offres. Et la baisse des commandes s’est poursuivie au cours du 1er trimestre 2015, créant des tensions très fortes sur les prix… »

 « Dix mille emplois menacés »

 Le bilan en termes d’emploi est évidemment lourd, au vu de ces chiffres. Il n’y a déjà pratiquement plus de personnels intérimaires sur les chantiers. « Et si le rythme de baisse perdure, près de dix mille emplois sont menacés en Rhône-Alpes », assure Jean-Marc Cornut. Et ce sur une population salariée estimé à près de 35 000 personnes.

 Les tout premiers touchés : « les apprentis : traditionnellement, on rentre dans notre métier par l’apprentissage. Mais au vu de ses difficultés, quel chef d’entreprise va pouvoir conserver et embaucher ses apprentis ? », s’interroge le président des Travaux Publics rhônalpins.

 Comment sortir de cette nasse due bien évidemment à la conjonction de la raréfaction de l’argent public et aux nombreuses élections qui se sont déroulées dans un passé proche. Il faut que les nouvelles équipes se mettent en place, votent des budgets, veuillent investir. Et cela prend du temps.

 Un plan de relance de 100 millions d’euros en Isère

 Le discours d’investiture de Jean-Pierre Barbier, le nouveau président (UMP) du Département de l’Isère, issu des élections départementales des 22 et 29 mars dernier a dû être entendu avec un plaisir certain par le président des TP de la Région. Ce nouvel élu propose en effet « un plan de relance de 100 millions d’euros dans le département de l’Isère », essentiellement axé vers le BTP.

 Comment faire pour que ce type de discours se développe au sein des collectivités locales ?

 « Nous entendons nous battre et faire entendre notre voix », lance Jean-Marc Cornut.

 On se souvient que les patrons du BTP rhônalpin, guère habitués à arpenter le pavé avaient défilé en octobre dernier devant la préfecture du Rhône.

Gilets fluorescents sur le dos et casques sur la tête, ils étaient environ 650 représentants du secteur à répondre à l’appel de cette mobilisation nationale (photo).

 La deuxième phase de l’entreprise patronale passe cette frois par le lobbying et la persuation.

La Fédération régionale des Travaux Publics vient ainsi de lister « dix-sept propositions pour la relance des infrastructures », envoyées aux élus et aux préfets. Parmi celles-ci : un appel plus important au financement privé.

 Dans un autre document, la Fédération régionale a également listé trente-trois initiatives locales au plan national, montrant par quelques exemples, les exemples qui pourraient être étendus à toute la région Rhône-Alpes, à l’instar de la création d’un livret d’épargne régional initié dans le Nord-Pas-de-Calais, destiné à financer des projets régionaux.

 Enfin, 400 projets locaux, prêts techniquement, mais bloqués pour diverses raisons ont été recensés au plan national dont une trentaine en Rhône-Alpes.

 Création d’un Observatoire de la qualité des infrastructures

 Certains font l’actualité, à l’instar du Center Parc des Chambarans en Isère ; d’autres moins, à l’exemple d’une ligne de tramway à Annemasse de 3,5 km dans le prolongement du tramway de Genève ou la réfection des pistes d’atterrissage de l’aéroport de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs en Isère.

 Pour mettre la pression sur les élus, les professionnels des Travaux Publics ont aussi décidé de mettre en place un « Observatoire régional de la qualité de service des infrastructures « dans la région.

  « Faute d’investissement, la France est passée du 4ème au 10ème rang pour la qualité de l’ensemble de ses infrastructures, selon un rapport du dernier Forum Economique Mondial. Il ne faudrait pas que cette dégradation perdure. Si c’est le cas, nous le dirons haut et fort !», menace Jean-Marc Cornut…