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Tandis que l’industrie chimique paie le plus lourd préjudice à la crise sociale, les chefs d’entreprise s’impatientent

Blocage du port de Marseille pour les matières premières, fret qui n’arrive plus : Rhône-Alpes, première région chimique de France souffre particulièrement des différents mouvements dus à la crise des retraites. Si dans d’autres secteurs, les difficultés sont moins tangibles, les tensions s’avivent : cent patrons de PME savoyards ont manifesté samedi à Chambéry, tandis qu’une pétition anti-manifs récolte plusieurs centaines de milliers de signatures sur le Net.

Face à la crise sociale autour des retraites, les chefs d’entreprises rhônalpins commencent à trouver le temps long. L’Union des Industries Chimiques (UIC) Rhône-Alpes figure parmi les premiers secteurs économiques à tirer la sonnette d’alarme. Rien d’étonnant : Rhône-Alpes est la première région chimique de France et une bonne part de ses approvisionnements en matières premières transite par le port de Marseille en grève depuis…le 27 septembre. Un mois déjà!

« Nous avons déjà perdu près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ! » se plaint Jean-Jacques Gillot, directeur général de l’Union des Industries Chimiques Rhône-Alpes (UIC). Et fait part de son « extrême préoccupation quant aux conséquences économiques de la grève sur le Grand port maritime de Marseille. »

La chimie rhônalpine représente en effet près de 20 % de la chimie nationale. « Des mesures de chômage technique commencent à se préciser. Chez certains industriels, les baisses de production et de chiffre d’affaires peuvent atteindre 50 % « , déplore Jean-Jacques Gillot. Qui ajoute : « Les productions chimiques sont utilisées pour une grande part dans d’autres secteurs : automobile, plasturgie, notamment. La situation actuelle est donc susceptible de provoquer des conséquences en cascade. »

Et d’expliquer : « Le port de Marseille constitue une entrée significative de beaucoup de matières premières de la chimie et une sortie importante de ses produits.D’autant que beaucoup d’industriels de la chimie ont privilégié la voie d’eau, en l’occurrence le Rhône, ces dernières années.  Le port de Marseille représente à lui seul 10 % des exportations de produits chimiques de France. »

Au total, « le préjudice se traduit déjà par une perte de chiffre d’affaires de l’ordre du milliard d’euros, dont 500 millions d’euros à l’exportation. »

En effet, explique le directeur général, « Les exportations sont bloquées ou doivent être reportées sur les ports étrangers : Barcelone, Gênes ou ceux de la mer du Nord, avec des surcoûts importants. »

Jean-Jacques Gillot craint aussi des dégâts collatéraux : « de nombreuses entreprises, en particulier PMI ou ETI, risquent de faire face à une perte de confiance de leurs clients européens ou mondiaux, à l’heure où les contrats annuels sont en cours de négociation. »

Plus la situation est bloquée, plus les tensions s’avivent. On peut bien sûr évoquer les commerçants lyonnais de la Presqu’île qui ont vu, suite aux manifestations et aux dégradations à répétition leurs chiffres d’affaires plonger jusqu’à 50 % pour certains.

D’autres, en l’occurrence des patrons de PME ont décidé à l’initiative de la CGPME de Savoie de manifester à leur tour dans les rues. Arborant des autocollants jaune-fluo dotés de l’inscription « Touche pas à mon entreprise », ils étaient une centaine à défiler samedi dans les rues de Chambéry. « Les PME sont très fragiles. On sort de deux ans de crise et la grève fragilise les commerces », a concédé Jean-Luc Plagnole, le président de la CGPME de Savoie lors du défilé.

Un autre exemple de cette patience mise à dure épreuve se traduit actuellement par une contre-manifestation virtuelle lancée par un médecin généraliste isérois de 38 ans, sur un site qui se dit « apolitique et asyndical ». « Vous appartenez à la majorité silencieuse, celle qui ne supporte plus le climat insurrectionnel imposé par le syndicats, alors bienvenue sur e.manif, site de contre-manifestations virtuelles », lit-on sur le site. D’après l’Agence France Presse, ce site qui a fait un solide buzz en Rhône-Alpes aurait déjà accueilli plus de 300 000 visiteurs depuis sa création…

Photo (DR) : Le blocage du port de Marseille depuis un mois provoque une onde de choc jusqu’au sein de l’industrie chimique rhônalpine,