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Veolia remporte le marché du 2ème service d’eau potable de France : celui du Grand Lyon

Fini le temps où la Générale des Eaux s’octroyait de grosses marges sur des concessions d’une durée exorbitantes de 45 ans. Signe des temps plus propice à la transparence, devenue Veolia, « l’ex Générale » replonge dans le grand bain de l’eau lyonnais, qu’elle n’a d’ailleurs jamais vraiment quitté, mais de manière beaucoup plus contrainte. Il va lui falloir baisser ses marges pour diminuer le prix de l’eau de 23,4 % ! ; s’attaquer enfin sérieusement aux fuites, nombreuses dans le réseau et pratiquer l’insertion par l’emploi, le tout dans le cadre d’un plan de suppression de plus de 2 000 emplois au plan national…

Les élus communautaires ont voté lundi 13 janvier pour décider qui, entre les trois grands français de l’eau, la Lyonnaise des eaux, la SAUR et Veolia, allait emporter le marché de l’eau du Grand Lyon. Ils ont choisi cette dernière, en l’occurrence, la mieux disante.

L’objectif des élus était que ce nouveau contrat amène une baisse du prix de l’eau d’au moins 20 %. Veolia a proposé la plus forte baisse : – 23,9 %. ce qui signifie que la facture des habitants de l’agglomération lyonnaise passera pour une consommation moyenne de 120 m2, celle d’une famille avec deux enfants, de 229 à 174 euros. On revient donc au tarif de…1994 !

Création d’une Autorité Organisatrice de l’Eau

Mais cette fois ce n’est pas une concession opaque qui a été signée, mais une délégation de service public destinée, selon Gérard Collomb, président du Grand Lyon, à gérer en toute transparence le deuxième service d’eau potable de France.

Comment mettre en œuvre cette transparence ? C’est dans le contrat : l’autorité organisatrice de l’eau dans la communauté urbaine, ce n’est pas Véolia, mais le Grand Lyon.

Une structure logiquement baptisée « Autorité Organisatrice de l’Eau » (AOE) composée de vingt agents du Grand Lyon, aura pour charge de vérifier que Veolia respecte à la lettre son contrat. Elle aura intégralement accès au système d’information du délégataire : c’est là encore dans le contrat.

Rien de mieux pour ce faire que de frapper au portefeuille : un bonus/malus sur la qualité des services pouvant atteindre jusqu’à 500 000 euros, sera institué. « Chaque engagement non tenu engendrera le paiement de pénalités », insiste Gérard Collomb.

Cette délégation de service public prendra effet à partir du 3 février 2015 et, ce, pour une durée de huit ans. Elle concerne la gestion de production et la distribution d’eau potable de 54 communes.

Un contrat de 660 millions d’euros

Ce qui représente un chiffre d’affaires conséquent : 660 millions d’euros et 55 millions d’euros d’investissements, selon la direction de Veolia, sur huit ans.

Evidemment, par un communiqué, Antoine Frérot, Pdg de Veolia Environnement s’est félicité dans un communiqué de ce succès, ajoutant. « Ce succès atteste de la capacité de notre Groupe à se renouveler en proposant au Grand Lyon un service repensé autour d’innovations majeures et d’une ambition responsable.

Jusqu’à présent, la gestion du service d’eau du Grand Lyon était géré par trois opérateurs, dont Veolia. Mais l’entreprise d’Antoine Frérot n’avait alors « que » 33 communes à gérer. Elle s’est donc félicitée de voir « un nouveau contrat pour un nouveau périmètre », et devra désormais gérer l’approvisionnement d’1,3 millions d’habitants.

5 500 capteurs de localisation des fuites

Dans le même communiqué, l’entreprise confirme qu’elle mettra en œuvre le projet baptisé « Econo » qui prévoit l’installation de 5 500 capteurs de localisation des fuites « pour une surveillance en continu des 2 000 km de réseaux les plus sensibles ». Les « objectifs de rendement de réseau » seront de 85% fin 2016 et 87% en 2018

Autre condition du contrat : la création d’une filière « insertion par l’emploi » sur le Campus Veolia environnement ouvert récemment à Jonage, « en soutien aux politiques sociales du Grand Lyon ».

« Point fort du contrat dans ce domaine, 10 % des heures travaillées au sein de la société « Eau du Grand Lyon » seront effectuées avec du personnel en insertion (15 % à terme) », précise le communiqué de l’entreprise.

Un compteur d’eau intelligent

Comme pour l’électricité, un « compteur intelligent » verra le jour : il permettra aux abonnés du Grand Lyon de « consulter leur consommation journalière via internet et de bénéficier d’une facturation sur les volumes réellement consommés ».

Cette nouvelle transparence voulue par les municipalités a un corollaire : la détérioration des marges des grands de l’eau en France, Veolia compris.

De ce fait, l’entreprise avait annoncé, en mars 2013, la suppression de 10 % de ses effectifs français, soit 1 500 postes, en rajoutant 700 de plus en décembre dernier, pour 2014, sous la forme d’un plan de départs volontaires.

Le numéro un mondial de l’eau, et leader dans l’eau en France devant son grand rival, Suez Environnement (Lyonnaise des Eaux), avec un chiffre d’affaires annuel de 3,4 milliards d’euros, n’a plus la vie aussi facile qu’auparavant.

Outre les habitants du Grand Lyon, ce contrat fait un autre heureux. A quelques semaines des élections, ce nouveau contrat permet à Gérard Collomb d’arriver dans la campagne  des municipales en repositionnant Lyon dans le top quinze des villes de plus de 60 000 habitants les moins chères en matière de prix de l’eau, alors qu’auparavant elle se situait à la 12ème place des villes les plus chères… Rien de mieux pour plonger dans le grand bain électoral.