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A soixante-dix ans, le roi de la salade traiteur, Pierre Martinet, songe à sa succession

Le « traiteur intraitable » reste très actif sur de nombreux fronts. Il s’apprête à procéder à une augmentation de capital pour s’attaquer au marché espagnol et vient de lancer une nouvelle gamme bio et une autre sans gluten. Ce qui ne l’empêche pas, à 70 ans, de songer à sa succession : sa fille Selin, 18 ans, actuellement étudiante à l’Idrac-Lyon pourrait bien à terme prendre les rênes de l’entreprise de Saint-Quentin-Fallavier.

Né en 1947, Pierre Martinet fête cette année ses cinquante années de carrière. C’est en 1968 que cet autodidacte qui a démarré à quatorze ans dans la vie active ouvrait son premier commerce, une boucherie-charcuterie, à Jujurieux dans l’Ain.

La petite entreprise familiale a depuis bien prospéré en prenant le virage des salades traiteurs et d’autres gammes traiteur, dès les années soixante-dix, affichant l’année dernière six usines, 680 salariés et 159 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il lui a fallu vendre pour ce faire, sous sa propre marque ou en marque distributeur, 72 000 tonnes de salades traiteur, 2 700 tonnes de pâtisseries salées et 40 tonnes de charcuterie. Avec un million de salades vendues l’année dernière, il est le leader incontesté du marché .

Joli parcours pour ce patron autotidacte qui reconnaît-il a subi une formation accélérée au management d’entreprise à la CCI de Lyon qui lui a été manifestement profitable.

Même s’il a toujours bon pied bon œil, beaucoup de patrons auraient, fortune faite, revendu leur entreprise ou transmis le témoin.

Ce ne sera pas le cas en tout cas dans l’immédiat pour Pierre Martinet.

Un marché encore en forte croissance

Pour preuve, il continue à être très actif sur un marché, celui des produits traiteurs, qui connaît, chose étonnante encore une forte croissance : près de 5 % l’année dernière ! Et qui de ce fait, attire tous les grands du secteur, en mal de développement : Bonduelle, bien sûr, mais aussi Fleury-Michon, par exemple, qui, après une tentative, avait quitté le marché, mais a décidé d’y revenir.

Comme tous les stratèges, Pierre Martinet sait que la meilleure défense, c’est l’attaque.

Tout en conservant ses grands classiques, ses gammes évoluent en permanence. C’est ainsi qu’est arrivée sur le marché en avril 2017, une gamme sans gluten ; puis en octobre dernier, une gamme bio. « Nous en faisons pas encore de gros volumes, mais nous pensons qu’à terme le bio représentera 3 à 4 % de notre chiffre d’affaires », explique Pierre Martinet.

Le traiteur regarde de plus en plus vers l’export et notamment l’Espagne où le marché de la salade traiteur est embryonnaire. « Nous ne vendons que 2 000 tonnes contre 72 000 en France et nous sommes déjà numéro 1 », s’enthousiasme le patron nord-isèrois.

Cap vers l’Espagne

Il a donc l’objectif de se développer rapidement en Espagne. Et entend pour ce faire, procéder à une augmentation de capital « qui sera de l’ordre de dix pour cent », explique-t-il.

Toujours sur le pont, Pierre Martinet songe toutefois à sa succession. Celle-ci a le visage de l’un de ses cinq enfants, Selin, sa fille, qui, âgé de dix-huit ans est étudiante à l’Ecole de Commerce Idrac à Lyon. « Déjà quand elle était petite, lorsqu’elle passait devant l’entreprise, elle -disait : je serai la patronne de papa », se souvient Pierre Martinet, avec un long regard de tendresse envers sa fille.

Il va d’abord étoffer son management : Olivier Terme, un directeur général adjoint, arrivant tout droit de Sony, prendra prochainement ses fonctions. « Un atout supplémentaire pour notre développement », se félicite Pierre Martinet.

Un développement dans lequel l’entreprise investira 5 millions d’euros cette année.

Ce n’est donc pas tout-de-suite que le passage de témoin se fera. Mais la feuille de route est tracée. Un tandem devra se mettre auparavant en place. Mais Pierre Martinet ne parle plus de céder le capital-possédé par la famille à 90 %- à un autre acteur du métier. Il entend bien désormais conserver pour longtemps l’entreprise dans le giron familial.

Au comité de direction, Selin Martinet ne sera pas une femme isolée : rare pour être signalé : le comité de direction de Martinet compte sept femmes pour trois hommes…