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Saint-Jean Industries désigné par le tribunal de commerce sauveur de la Fonderie du Poitou

Le tribunal de commerce de Nanterre a désigné jeudi 19 avril le repreneur du groupe Fonderie Du Poitou Aluminium (FDPA). Il est vrai qu’il n’avait pas beaucoup de choix : après le retrait du groupe Arche la semaine dernière, le seul candidat encore en lice était Saint-Jean Industries, une belle PME familiale rhodanienne basée à Saint-Jean d’Ardières dans le Beaujolais. Cette dernière va bénéficier d’aides financières considérables de la part de l’Etat et de Renault qui se sont engagés à investir respectivement 12 et 19 millions d’euros. Reste que Michèle Picard, maire de Vénissieux, a jeté une ombre sur cette reprise en rappelant l’épisode malheureux du rachat par ce même Saint-Jean Industries de la Fonderie Duranton qui s’était soldé par 108 licenciements.

Mieux vaut pour une entreprise être en difficulté en période électorale, qu’en dehors. Après Photowatt et Lejaby, Nicolas Sarkozy s’est, le lundi 16 avril, à quelques jours du premier tour, porté au secours de La Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA), spécialisée dans la fabrication de culasses, en redressement judiciaire depuis le 20 octobre dernier. Il est vrai qu’il y a été fortement incité par un de ses soutiens, Jean-Pierre Raffarin, élu de la Région.

En visite dans cette Fonderie basée dans la Vienne et qui auparavant appartenait au groupe Montupet, Nicolas Sarkozy avait annoncé que ce fabricant de culasses devrait être repris par Saint-Jean Industries, grâce au soutien notamment de Renault.

« La maison est sauvée et elle a un avenir avec un carnet de commandes. Nous avons obtenu de Renault la garantie de commandes de culasses jusqu’en 2015 » , avait déclaré le président-candidat de l’UMP.

Il avait ajouté que Renault s’était engagé à acheter ses culasses à FDPA plutôt que de se fournir en Bulgarie et au Royaume-Uni. « Nous avons un engagement écrit formel de Renault » , avait-il assuré.

Peu après, selon un scénario désormais bien rodé, les annonces du président-candidat ont été confirmées jeudi 19 avril par le tribunal de commerce de Nanterre. Il est vrai que Saint-Jean Industries restait le seul en lice, l’autre repreneur potentiel, le groupe Arche s’étant désisté.

Equipementier automobile, Saint-Jean Industries est une belle société familiale fondée en 1962 par le père de l’actuel Pdg, Emile Di Serio.

Basée à Saint-Jean d’Ardières-d’où sa dénomination-dans le Beaujolais, elle avait fait parler d’elle en mars dernier, en étant labellisé fournisseur majeur de PSA Peugeot-Citroën. Ce qui constitue un bel exploit pour une ETI (Entreprise de Taille intermédiaire) réalisant avec ses 1 400 salariés en Europe, en Asie et aux USA, un chiffre d’affaires de plus de 177 millions d’euros (chiffres 2011).

Cette reprise porte à six le nombre de ses usines dans l’Hexagone et à douze dans le monde.

Jusqu’à présent spécialisé dans le châssis, les moteurs, les roues, les outillages et l’aéronautique, le groupe du Beaujolais effectue avec cette reprise à la barre du tribunal, une incursion dans les culasses, complétant son offre dans les pièces pour moteur. Ce qui lui permet au passage d’être plus présent chez Renault qui ne représentait que 1,4 % de son chiffre d’affaires, tout en gagnant un nouveau client, le jumeau japonais de Renault : Nissan.

Tout bénéfice donc pour Saint-Jean Industries qui touchera 12 millions d’euros à investir dans la fonderie via deux fonds de modernisation de l’industrie automobile et bénéficera en outre d’un sérieux accompagnement. « Renault va investir 19 millions d’euros dans l’entreprise FDPA », avait confirmé Nicolas Sarkozy.

Saint-Jean Industries de son côté débourse 2 millions d’euros pour prendre possession des actifs de FDPA. Il annonce également « qu’il va investir 24 millions d’euros pour remettre cette usine à niveau et la doter des dernières technologies en date. »

Des technologies qui vont nécessiter un important effort de formation. D’où une convention signée dans le même temps entre Saint-Jean Industries et la région Poitou-Charentes, l’Etat et le fonds de formation de l’UIMM (Union des Industries Métallurgiques et Minières) portant sur 4,7 miliions d’euros.

Cette opération reprise au chevet de la Fonderie du Poitou ne permet cependant pas de sauver l’ensemble des emplois : Saint-Jean Industries réembauche 392 des 455 salariés. Il s’agit d’adapter les effectifs du site au chiffre d’affaires prévisionnel en fonction des assurances données par Renault qui s’est engagé à commander 600 000 culasses en 2012, pour porter ensuite ce volume à un million en 2015, lors de l’arrivée en rafale de nouveaux modèles annoncés.

Il reste qu’une ombre a été jetée peu après sur cet heureux dénouement par Michèle Picard, maire de Vénissieux qui a rappelé un récent épisode concernant déjà un rachat par Saint-Jean Industrie, en l’occurrence celui de la Fonderie Duranton sur sa commune qui s’était soldé par la fermeture du site, l’envoi des machines vers d’autres usines et le licenciement de 108 salariés. « Sauveur là-bas, liquidateur ici, les ficelles de ces investissements-sans lendemain ?-sont trop grosses », affirme la première magistrate PC de Vénissieux.

Débutant sur le mode électoral avec Nicolas Sarkozy, cette reprise se conclut en bonne logique de la même manière avec un tacle du maire de Vénissieux…

Photo (DR) : Nicolas Sarkozy en compagnie de Jean-Pierre Raffarin, sur le site, lors de l’annonce de la reprise de la Fonderie du Poitou par Saint-Jean Industries.