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Transfert de technologie : les trois SATT rhônalpines retoquées au 1er tour par le jury du Grand Emprunt

Le Grand Emprunt continue d’aiguiser les appétits. Contrairement aux autres équipements ou outils (IRT, Idex, etc.) où Lyon a été bien servi, la capitale des Gaules ne figure pas dans la première liste des lauréats de l’appel à projets…

… concernant les Sociétés d’accélération du transfert de technologies (les SATT), dotées de 900 millions d’euros qui devraient permettre, selon le gouvernement d’éviter que des pans entiers de la recherche appliquée française partent à l’étranger.

Il est vrai qu’avec trois candidatures, la région avait pour le moins joué dispersé. Ce n’est, semble-t-il, que partie remise, mais il va falloir regrouper et retravailler profondément les candidatures.

La mise en musique du Grand Emprunt continue. Après les IRT, les Idex et autres Labex, voici le tour des SATT. Un nouvel acronyme signifiant Société d’accélération du transfert de technologie.

En lançant ce nouvel outil sous l’égide du Grand Emprunt, l’objectif est d’amener la France « à redevenir un grand pays d’innovation », dixit Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Dans une interview à notre confrère Les Echos, le Lyonnais René Ricol, commissaire général au Grand Emprunt précise la manière : « L’objectif des SATT est d’aider le chercheur dans la phase de maturation du projet, jusqu’à établir la preuve du concept. Et ensuite, seulement le chercheur et les équipes de gestion de la SATT se tourneront vers les fonds d’amorçage et de capital-risque, avec une vraie capacité de convaincre, mais aussi de négocier au mieux des intérêts du monde de la Recherche et des Universités. »

Et d’ajouter : « Surtout, on crée dans le même temps un fonds de fonds d’amorçage pour lequel nous venons d’obtenir l’aval de la Commission Européenne. » Il s’agit en fait d’éviter comme dans le passé que des pans entiers de la recherche appliquée française partent à l’étranger.

Le dispositif SATT dispose dans le cadre du Grand Emprunt de 900 millions d’euros. Un appel d’offres a été lancé. Sur les quinze candidats ayant répondu, seuls cinq projets ont été retenus par le jury lors du premier tour ; en Alsace, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Ile-de-France et Paca-Corse. Rhône-Alpes qui avait la caractéristique de présenter pas moins de trois candidatures (deux à Grenoble et une pour Lyon et Saint-Etienne) ne figure pas dans cette première liste.

La raison de ce désaveu tombe comme un couperet de la bouche de Valérie Pécrresse : « Pour Lyon et les deux projets de Grenoble, il faut revenir profondément sur la gouvernance, les activités, le périmètre… » Autant dire qu’il va falloir revoir à fond ces projets et faire en sorte qu’il n’existe qu’un seul projet grenoblois ce qui permettrait la labellisation de deux SATT en Rhône-Alpes : un à Grenoble et l’autre à Lyon.

Cette perspective n’effraie pas Jean-Michel Jolion chargé à l’Université de Lyon du dossier SATT. « Il apparaît en fait que le projet a évolué en cours de route. Il n’était pas question au début d’aménagement du territoire. Le gouvernement a fini par constater qu’il était nécessaire en fait de mailler au mieux le territoire avec ces SATT. En conséquence, il serait absurde qu’il n’y en ait pas une ou deux en Rhône-Alpes. »

Et de préciser : « Pour la candidature Lyon-Saint-Etienne, nous nous étions basés sur l’appel d’offres initial. Mais comme il a évolué, nous n’étions plus dans les clous. L’intégration n’était pas expressément exigée. Pour rester consensuels, nous ne l’avions pas prise en compte. En fait, il apparaît que ces SATT vont devoir intégrer l’ingénierie et la gestion de projets et celle des chercheurs. »

Que va-t-il désormais se passer ? La candidature lyonno/stéphanoise va être retravaillée dans ce nouveau sens avec le ministère, pour être présenté à un second tour, avec beaucoup plus de chance d’obtenir cette fois-ci la labellisation.

Idem à Grenoble qui va devoir impérativement regrouper ses deux projets en un seul. Le premier dossier SATT de Lyon s’établissait à 70 millions d’euros sur dix ans. « S’il s’agit effectivement de 7 millions d’euros par ans et non pas seulement de bénéficier des intérêts produits, une telle SATT peut effectivement booster une valorisation déjà bien développée par ailleurs ; sinon, ce n’est pas l’or du Pérou », reconnaît Jean-Michel Jolion qui, face à l’évolution de ce dossier, reste très zen.

On saura d’ici six mois si le scénario ainsi décrit s’avère effectivement le bon.