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Haute-couture : Facebook comme aide au financement d’une entreprise…

 « Les Atelières », une association composée d’ex-ouvrières de Lejaby et de la responsable d’une entreprise lyonnaise, ont monté un projet d’atelier de façonnage haute-couture. Son mode de financement est pour le moins original : il comporte un volet « citoyen », via un appel de fonds sur… Facebook qui remporte un succès certain n’émanant pas seulement des particuliers…

« Soutenez les Atelières avec 10 euros ». Tel est l’affichage de la page Facebook que l’on peut lire ci-contre, consacré à l’association « Les Atelières ». Elle donne le mode d’emploi pour des dons et décrit une « utopie en cours de réalisation ».

 Les Atelières ? Il s’agit d’une association composée d’ex-ouvrières du fabricant de lingerie Lejaby au chômage et de Muriel Pernin, une ex-journaliste de Lyon-Figaro qui a créé en 1994 une agence de communication d’une dizaine de personnes, basée à Villeurbanne, « Cité Plume » spécialisée dans les questions de citoyenneté et du changement.

 Muriel Pernin et les ex-Lejaby ont lancé le 18 juin, comme il se doit un « appel aux dons » sur Internet pour « sauver le savoir-faire de la corsetterie » en fondant un atelier haut de gamme à Lyon.

 Muriel Pernin explique « avoir été émue, début 2012 par le sort des ouvrières du fabricant en liquidation qui allaient se retrouver au chômage et n’avaient aucune chance de retrouver un emploi » Et d’ajouter : «  Dans le même temps , c’est aussi tout un savoir-faire qui disparaissait ! »

 Elle a alors pris contact avec les ouvrières et deux responsables syndicales, l’une de la CFDT, l’autre de la CGT.

 Une rencontre déterminante qui a débouché sur ce projet d’atelier de façonnage haute couture en lingerie et bain.

 Mais encore fallait-il que cet atelier bénéficie dès son démarrage d’une charge de travail suffisante. Muriel Pernin a alors rencontré Alain Prost, lui-même, l’ex-Pdg de la société italienne La Perla qui a repris Lejaby en conservant 195 des 250 salariés de Rillieux (Rhône) et en fermant l’atelier d’Yssingeaux, en Haute-Loire.

 « Il s’est rendu compte qu’il avait besoin d’un atelier non loin de son usine pour la haute-couture de Lejaby », explique Muriel Pernin. Une charte d’engagement devait être signée prochainement avec lui et ses deux associés : c’est Lejaby qui permettra à cet Atelier de prendre son envol.

 Décisif : les « Atelières » doivent voir le jour le 15 octobre prochain à Lyon et employer vingt-cinq personnes.

 Ne vous inquiétez pas cependant : les initiatrices de ce projet ne tablent pas uniquement sur Facebook pour se financer. Pourtant, l’appel au « don citoyen » lancé sur Facebook a rencontré un succès inattendu : « Non seulement, de nombreux particuliers nous financent à hauteur de 10 euros, mais aussi des financiers sont venus vers nous par ce canal ! », se félicite Muriel Pernin.

Le business plan est dans les clous : les initiatrices du projet ont déjà rassemblé 100 000 euros de capital dont 40 000 émanant de Muriel Pernin, somme minimale prévue au business-plan.

 Une SAS a été créée, ainsi qu’une association, regroupant les ex-Lejaby, laquelle prendra une part minoritaire de la société. Pourquoi pas une SCOP, vu l’esprit éthique du projet ? « Nous avons monté le projet, lors de l’affaire de Sea-France et au vu de ce qui se tramait, les ouvrières de Lejaby ne voulaient absolument pas d’une SCOP », explique Muriel Pernin qui a néanmoins pris langue avec la Fédération des SCOP de Rhône-Alpes qui devrait soutenir le projet.

 La fabrication débutera début 2013. Dans un premier temps, les vingt-cinq salariées des « Atelières » entreront en formation le 25 octobre prochain. « Elles avaient un savoir-faire en matière de moyenne gamme. Il faut qu’elles l’acquièrent dans le haut-de-gamme. Cette formation a aussi pour but de leur apprendre à gérer de nouvelles machines et à acquérir l’esprit du luxe : nous avons prévu de nombreuses rencontres avec des créateurs », décrit l’initiatrice des « Atelières ».

 Muriel Pernin se prépare à se rendre au prochain salon de la Lingerie à Paris pour dénicher d’autres donneurs d’ordres. Pour mettre définitivement le projet sur orbite.

 Illustration : L’appel au « don citoyen » sur Facebook.