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Diffusion en chute, pertes  : cure d’austérité au sein du groupe Ebra (Le Progrès et Le Dauphiné) en Auvergne-Rhône-Alpes
Etonnamment la récente recapitalisation au sein du groupe Ebra de 460 millions d’euros par le Crédit Mutuel, unique actionnaire de ce groupe de presse n’a guère touché les deux quotidiens phares de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le Progrès qui n’a touché que 20 M€ et le Dauphiné, rien. Conséquence ? Les deux titres annoncent une cure d’austérité au grand dam des salariés et des journalistes.

La cure risque d’être sévère : gel immédiat des embauches en CDI, coupe dans les coûts : Pierre Fanneau, directeur général du Progrès a annoncé aux salariés une cure d’austérité suite à une perte de 4 à 5 millions d’euros.

Ce même Groupe Progrès avait pourtant fait l’objet d’une recapitalisation de 20 millions d’euros qui avait été annoncée début septembre.

Pourtant, manifestement le quotidien régional n’a pas pour autant assaini ses comptes.

Pour faire face à une perte à venir de près de 5 millions d’euros, le journal va engager « une coupe des coûts, sans réorganisation massive », selon les informations de « La Lettre A », spécialisée dans le suivi des médias.

Il faut rappeler que le Progrès avait déjà initié un plan social en 2018, qui avait entraîné le départ d’une soixantaine de salariés.

Le Progrès compte actuellement près de 500 salariés, dont 240 journalistes, et couvre cinq départements (Rhône, Ain, Loire, Haute‐Loire et Jura).

Toujours selon « La Lettre A », le quotidien régional étudie comme pistes pour redresser ses comptes, une hausse du prix du journal ; voire encore la suppression de certains suppléments peu ou pas rentables.

La raison de ce plan d’austérité : une poursuite régulière depuis de nombreuses années de la chute du nombre d’abonnés : de 5,65 % (de la diffusion France payées entre 2022 et 2023, selon les données officielles de l’ACPM).

Fermeture des rédactions de Grenoble et de Voiron du Dauphiné Libéré ?

Le Dauphiné Libéré, l’autre grand quotidien de la région Auvergne-Rhône-Alpes appartenant à ce même groupe Ebra, n’est pas mieux loti.

Le Dauphiné libéré qui lui n’a pas fait l’objet d’une recapitalisation vient aussi d’annoncer « un plan d’économie globale », annoncé aux salariés du journal, suite à une perspective de pertes de 3 à 4 millions d’euros en 2023, selon la direction.

Parmi les mesures qui font le plus grincer des dents, notamment les journalistes  : l’éventuel déménagement des agences historiques de Grenoble et de Voiron au siège du journal à Veurey-Voroize à une quinzaine de kilomètres où se concentre le siège du groupe de presse dont les locaux ne sont plus qu’occupés à 50 %.

Ce qui permettrait d’effectuer des économies de l’ordre de 450 000 euros, selon le SNJ.

Simplement évoquée pour l’heure par la direction, cette délocalisation des rédactions locales n’est pas encore confirmée.

Mais déjà une pétition a été mise en ligne mercredi 11 octobre, les salariés appelant les différents acteurs du territoire, politiques, économiques, ou du monde associatif, à exprimer leur opposition à l’éventualité d’un déménagement.

Les journalistes ont également fait grève pour exprimer leur opposition à ce projet, le 26 septembre dernier.

Là encore la cure d’austérité du Dauphiné Libéré est due à la baisse inexorable des abonnements du groupe qui ont une nouvelle fois reculé entre 2022 et 2023 : de 5,54 % à 152 477 exemples, (diffusion France payée, chiffes officiels de l’ACPM).

Le problème de fond de ces deux quotidiens régionaux : ils n’ont pas su pallier la baisse de la diffusion papier qui de toute façon est inexorable par des abonnements numériques : en hausse de 26 % pour le Dauphiné Libéré par exemple entre 2022 et 2023, ces abonnements numériques ne représentent pour l’heure que près de 10 % de l’ensemble des abonnements du groupe.

Le fond du problème qui n’est pas insoluble se situe bien là pour la pérennité de ces deux titres de presse…