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Les raisons du limogeage de Christophe Jacquinet, le « préfet de la santé » de Rhône-Alpes

Véritable « préfet de la santé», le directeur de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) Rhône-Alpes, Christophe Jacquinet a été brusquement démis de ses fonctions la semaine dernière par le gouvernement. Il en donne lui-même les raisons dans un courrier adressé à ses pairs.

Nous l’avons annoncé le 16 février : le patron de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Rhône-Alpes, Christophe Jacquinet a été démis brutalement de ses fonctions lors du conseil des ministres du 14 février.

Sur son site, notre confrère «  Acteurs publics » a rendu public la lettre que Christophe Jacquinet a adressé à ses collègues, directeurs généraux des ARS, dont il a présidé le collège.

Christophe Jacquinet n’y va pas par quatre chemins : « Comme vous le savez maintenant, j’ai eu le tort, aux yeux du gouvernement, en tant que représentant de l’État pour la politique de santé en région, de ne pas céder à trois grands élus de la majorité sur des exigences et des façons de procéder que je considérais contraires à l’intérêt général. »

Les oreilles du président du conseil régional Jean-Jack Queyranne et du maire de Lyon Gérard Collomb ont dû siffler…

Il ajoute : « Je pense en effet que sans un changement très net du mode de pilotage du secteur hospitalier, il ne sera plus possible de maintenir un système de santé financé de façon majoritairement solidaire. (…) Pour ces raisons, je n’ai pas voulu faire de concessions politiques sur la question du pilotage de la performance du secteur hospitalier et de la performance de son organisation territoriale, tant pour les établissements publics que pour les établissements privés. (…) Cette position forte a conduit à des succès, à de la confiance et aussi, évidemment, à des crispations. Il m’aurait été possible de les dénouer si des considérations de politiques électorales n’avaient pas interféré ».

Notre confrère « Acteurs publics » explique que « ces derniers temps, Christophe Jacquinet avait eu des désaccords avec le maire de Lyon sur la modernisation de l’hôpital Edouard-Herriot. Mais c’est avec le puissant Jean-Jack Queyranne que l’affrontement a été le plus spectaculaire, sur l’avenir du centre médico-scolaire MGEN de Chanay dans l’Ain, déficitaire. »

A telle enseigne que les deux hommes en sont venus à guerroyer par communiqués de presse interposés, l’élu reprochant au haut fonctionnaire d’avoir pratiqué la politique de la chaise vide à une réunion qu’il avait organisé. Ce à quoi le patron de l’ARS lui avait répliqué en regrettant la politisation et l’instrumentalisation du dossier juste avant les élections…

Un conflit ouvert, comme il en existe peu dans le secteur public, culturellement plus habitué aux querelles feutrées.

C’est cette mise sur la scène publique qui a donc amené le limogeage de Christophe Jacquinet. Ce qu’explique « Acteurs publics : « La stratégie de communication du haut fonctionnaire lors de cette crise a interpellé en coulisse. »

Et d’ajouter : « Il a eu le réflexe du privé, en gérant au plan local une image un peu agressive analyse l’un de ses collègues. Sans doute a-t-il considéré qu’il pouvait tirer sa force de son image. Ce qui ne fonctionne pas dans le public ». ..

Pour l’heure Christophe Jacquinet ne s’est vu proposer aucun autre emploi dans la fonction publique.