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Opinion : « Le gouvernement est en train de désespérer les chefs d’entreprise »

 Le MEDEF Lyon-Rhône monte au créeau et « tire la sonnette d’alarme ». Alors que le gouvernement réunit un sommet social en présence des syndicats, le MEDEF Lyon-Rhône exprime son inquiétude sur les mesures annoncées par le gouvernement « qui ne peuvent qu’aggraver la situation économique de la France. » « Le gouvernement est en train de désespérer les chefs d’entreprise alors qu’ils sont le moteur de l’économie et qu’une grande partie de la relance économique du pays se joue entre leurs mains. Mais encore faut-il leur donner les moyens d’y parvenir », souligne Bernard Fontanel, président du MEDEF Lyon-Rhône.

 « Je suis frappé par la « ringardise » et l’inadéquation des solutions envisagées par le gouvernement par rapport à la situation dans laquelle notre pays se trouve. Plus de dépenses publiques, alors que notre pays est asphyxié par la dette, c’est une attitude suicidaire ! Et alourdir les charges des PME, c’est faire peser un risque fatal sur l’emploi et la compétitivité », s’insurge Bernard Fontanel.

 « Le gouvernement ne prévoit aucune baisse des dépenses publiques qui soit à la mesure du risque encouru par le montant abyssal de la dette française. Au lieu de cela, on embauche plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires que l’on finance en partie par les charges supplémentaires qui vont peser sur nos entreprises. On voudrait « planter » l’économie française, on ne s’y prendrait pas autrement », s’indigne le président du MEDEF Lyon-Rhône.

  Le MEDEF Lyon-Rhône critique particulièrement les mesures suivantes :

  • La hausse des prélèvements pour les entreprises : +10 % de charges

Le supplément de prélèvements obligatoires contenus dans le plan de François Hollande s’élève à 44,5 Md€, dont 27,1 Md€ de charges sociales et fiscales nouvelles qui vont peser sur les entreprises. Les entreprises ne peuvent pas supporter une telle hausse de charges. Prendre ce risque, c’est prendre le risque d’un décrochage de la France.

 Entre 2010 et 2011, le taux de marge en France a reculé de 1,6 point passant de 30,2 % en 2010 à 28,6 % en 2011, alors qu’il s’est maintenu à 40 % en Allemagne. Le taux de marge, c’est ce qui permet à une entreprise d’investir, de recruter, d’innover pour rester compétitive. 27 Md€ de charges supplémentaires sur les entreprises, c’est une catastrophe pour la compétitivité et la pérennité de nos PME, donc une catastrophe pour l’emploi dans notre pays.

  • La hausse du SMIC : Coup de pouce, coup de poing, mauvais coup pour l’emploi

Le gouvernement prévoit ce qu’il appelle un « coup de pouce légitime » du SMIC, mais compte tenu de la situation économique, ce ne sera pas un « coup de pouce » mais un « coup de poing » pour les entreprises avec des conséquences néfastes pour l’emploi car les entreprises vont freiner les embauches.

  • Le retour partiel à la retraite à 60 ans : une mesure perdant-perdant

Tous les Français sont conscients qu’il faut travailler plus longtemps. Encore aujourd’hui et malgré la réforme des retraites (62 ans en 2017), nous sommes le pays européen où l’on part le plus tôt à la retraite (67 ans en Allemagne, 65 ans au Royaume-Uni et dans presque tous les pays d’Europe). Faire croire aux Français qu’un autre système est viable, c’est nous conduire dans le mur. Le retour partiel à la retraite à 60 ans envisagé par le gouvernement, c’est 5 Md€ supplémentaires par an pour le seul régime général auxquels il faut ajouter 2 Md€ par an pour les régimes complémentaires (AGIRC/ARRCO).

 Les Français doivent savoir que la conséquence d’un retour partiel à la retraite à 60 ans, c’est soit une augmentation des cotisations salariales (= baisse du pouvoir d’achat) et patronales (= perte de compétitivité et conséquences calamiteuses pour l’emploi), soit une baisse des pensions (= baisse du pouvoir d’achat). Une vraie mesure « perdant / perdant » !

  • L’imposition à 75 % des revenus supérieurs à 1 million d’euros : une mesure confiscatoire jamais vue

Il n’est pas d’usage pour le MEDEF de prendre position sur la fiscalité qui pèse sur les personnes privées. Mais dans ce cas précis, l’impact pourrait être tellement considérable sur l’attractivité et la compétitivité de notre pays que nous nous devons de réagir.

 L’imposition à 75 % est une mesure « anti-économique » car il est évident que les investisseurs étrangers se détourneront de la France pour implanter de nouvelles activités ou leurs filiales. Comment attirer des cadres compétents ? Comment conserver nos talents ? Comment donner l’envie d’entreprendre et de créer des entreprises avec un tel impôt confiscatoire ?

 Mais surtout, cet impôt est immoral et inique. Un chef d’entreprise qui transmet son entreprise, c’est-à-dire une vie entière de prise de risques, de création de richesses et d’emplois, devrait se voir confisquer 75 % du fruit de son travail.

 Si cette mesure est réellement mise en œuvre par le gouvernement, ce sera un bond en arrière d’un siècle puisqu’il faut remonter à 1920 pour retrouver en France un taux d’impôt à 72 % ! En moyenne, le taux d’imposition maximum au sein de la zone euro est de 42 % et même de 37,1 % si l’on considère l’ensemble de l’Europe. C’est en Suède qu’il est le plus élevé avec 56,4 %. L’Allemagne est à 45 %. Afficher un taux supérieur de 20 % au taux le plus élevé et le double de la moyenne de l’UE : encore une exception française que l’on va nous envier !

  • La réforme du dispositif du LBO : un frein au développement des PME

Durant la campagne présidentielle, François Hollande a déclaré qu’il voulait réserver les LBO aux salariés et aux cadres d’une entreprise souhaitant racheter leur entreprise. Première erreur ! Par ailleurs, dans son programme, il a indiqué vouloir réduire la déductibilité des intérêts des emprunts. Deuxième erreur !

 Aujourd’hui, ce système de LBO est largement utilisé par des PME qui rachètent une autre entreprise afin de grossir et d’atteindre une taille critique. Alors que tout le monde sait que ce qui manque à la France par rapport à l’Allemagne notamment, ce sont plus d’industries et un tissu économique constitué de « grosses PME », dites ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire), capables d’exporter et de tirer l’économie ; nous en France, nous empêcherions ces ETI d’éclore en les privant d’un outil qui a fait ses preuves au motif d’abus d’une très faible minorité de fonds de pension étrangers ?

 Pour le MEDEF Lyon-Rhône, toutes ces mesures font peser un risque énorme sur l’avenir des entreprises françaises. Nous demandons au gouvernement et à la majorité qui sera issue des urnes en juin prochain de nous aider parce que nous, entrepreneurs, nous y croyons ! Nous avons confiance dans l’avenir de notre pays et dans nos entreprises. Ce que nous voulons, c’est faire vivre nos entreprises, c’est pouvoir innover et exporter afin de développer l’emploi sur notre territoire.

« Le meilleur chemin afin d’aider nos PME à se développer, c’est d’effectuer les réformes structurelles dont notre pays a besoin », affirme Bernard Fontanel. Au lieu de cela, les chefs d’entreprise sont stigmatisés et les mesures proposées manquent cruellement d’ambitions et de vision.

 « Nous les entrepreneurs, nous sommes objectifs. Mon parti, c’est celui de l’entreprise. Quand les femmes et les hommes politiques font des choses bien, nous n’hésitons pas à le dire. L’exemple lyonnais devrait inspirer le gouvernement », conclut Bernard Fontanel

 Photo : Bernard Fontanel, président du Medef Lyon-Rhône.