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Pour la 1ère fois : le solde du commerce extérieur de Rhône-Alpes dans le rouge !

Cela n’était jamais arrivé. Et prouve la dégradation de nos capacités à l’export. Pour la première fois de son histoire, le solde du commerce extérieur de Rhône-Alpes était dans le rouge au premier semestre 2011. Les pertes de parts de marché dans l’industrie peuvent expliquer cette mauvaise performance, mais aussi la faiblesse de nos ventes dans les pays arabes touchés par le printemps démocratique, alors que leurs exportations se maintiennent. Ces mauvais chiffres expliquent la mobilisation mise en place lors du salon Classe Export qui se déroulera les 29 et 30 novembre : charte, stands communs, job dating, etc. Tous les acteurs veulent à cette occasion changer de braquet. Une nécessité.

Cela ressemble au mythe de Sisyphe, ce géant de la mythologie grecque, condamné par les dieux à faire rouler éternellement un rocher jusqu’en haut d’une colline, alors qu’il retombait chaque jour avant de parvenir au sommet. Les acteurs rhônalpins du commerce extérieur ont fini par faire taire leurs dissensions, les aides gouvernementales n’ont jamais été importantes. Et pourtant, comme à l’échelon national, le solde de nos échanges ne cesse de s’enfoncer dans le rouge.

C’est vrai au plan national où l’année devrait se terminer avec un déficit de nos échanges extérieurs record de 75 milliards d’euros. Du jamais vu ! Autre fait totalement nouveau aussi : le solde rhônalpin, traditionnellement dans le vert, est, pour la première fois, tombé dans le rouge au cours du premier semestre. Les exportations ont pourtant fortement augmenté : + 17,3 %. Mais dans le même temps, les importations ont crû encore plus vite : + 25,8 %. Résultat : le solde de la balance commerciale régionale s’affiche à – 819 millions d’euros, contre + 701 en 2010 et… 5 milliards d’euros en 2008 !

Certains acteurs veulent voir dans cette croissance des importations la conséquence des achats des entreprises pour investir. Et c’est vrai que l’investissement des entreprises a fortement redémarré au premier semestre.

Mais comme pour la consommation qui, lorsqu’elle caracole, s’adresse à la Chine, les besoins d’équipements des entreprises françaises ont pour premiers bénéficiaires… l’Allemagne (on a noté une forte augmentation des ventes des produits chimiques de base) ou l’Italie. On constate en effet que les plus fortes hausses de nos exportations proviennent de ces deux pays, auxquels il faut rajouter l’inévitable Chine. Le solde négatif avec ce dernier pays s’établit à – 281 millions d’euros, en hausse de 30 %…

Pour Marc Hoffmeister, l’un des meilleurs spécialistes de l’international de la région, en tant qu’organisateur du salon Classe Export, il faudrait peut-être aussi voir dans ces chiffres, une autre explication. Rhône-Alpes commerce traditionnellement beaucoup avec le Maghreb. Or, les désordres induits par le printemps arabe ont provoqué un coup de frein sur nos exportations, mais pas sur leurs importations.

On verra bien, si cette situation inquiétante, n’est qu’un épiphénomène, ou si elle est destinée à perdurer.

Ces chiffres ont été divulgués à l’occasion de la présentation du prochain salon Classe Export qui se déroulera les 29 et 30 novembre prochain à Lyon-Eurexpo : ce fut l’occasion pour tous les acteurs de montrer leur volonté de travailler la main dans la main pour tenter d’inverser cette tendance.

On sait ainsi que cet été, une charte de l’export a été signée au niveau régional entre ERAI, le bras armé du conseil régional à l’international, les Chambres de commerce et Ubifrance (l’Etat). Le salon verra officiellement une extension de cette charte que signeront tous les autres acteurs : le Medef et la CGPME, mais aussi, les Conseillers du commerce extérieur, la banque des PME, Oséo, la Coface, ainsi que l’OSCI qui regroupe les experts privés de l’accompagnement à l’international.

Tous ces acteurs de terrain qui, à vrai dire, avaient parfois tendance à se livrer à des gué-guerres de territoires vont désormais- juré, promis-travailler la main dans la main. L’union sacrée pour relancer l’export !

Ils seront réunis sur un seul et même stand de 300 m2 et se sont partagés les tâches pour qu’il y ait le moins de redondance possible. « Nous avons le devoir de gagner cette bataille là », assure Jean-Louis Gagnaire, vice-président du Conseil régional chargé de l’économie, avec des accents churchilliens. Lequel Conseil régional consacre au passage 13 millions d’euros à l’international.

On trouvera sur ce salon un nombre record de pays représentés avec en tête d’affiche la Tunisie et le Québec engagé dans la conquête de son grand Nord pour 90 milliards d’euros d’investissements.

On y trouvera également non seulement des opérations de job dating de VIE (Volontariat International en Entreprise), avec l’objectif d’en placer une trentaine dans les entreprises. S’y ajoutera une autre opération emploi, destinée à muscler les services exports des PME.

On pourra également entendre Jean-Pierre Raffarin parler de la Chine, un pays qu’il connaît bien, ainsi que Jean-Pierre David, le président de la Coface qui décryptera les risques à l’international pour 2012.

Enfin, nouveauté au sein de ce plus important salon à l’export de France, la filière logiciels régionale, organisée en cluster, aura sa journée spéciale pour booster un secteur en forte croissance dans le monde. Elle aura aussi pour but d’apprendre à nos PME, à chasser en meute, comme les Allemands. Un individualisme entrepreneurial hexagonal qui constitue sans doute aussi une des explications de notre lancinante faiblesse à l’export…