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Le marché des travailleurs frontaliers délaissé par les autres banques : la caisse d’Epargne Rhône-Alpes entend accentuer sa présence en Suisse

La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes a le vent en poupe : en hausse de 2,7 % , son résultat net a pour la première fois dépassé les 160 millions d’euros. Parmi les contributeurs de ce résultat, outre l’immobilier et l’assurance-vie en grande forme : la Banque du Léman à Genève qui a affiché ses premiers bénéfices l’année dernière.

Il existe 250 000 travailleurs frontaliers qui travaillent en suisse, sont payés en francs suisse et doivent parfois se livrer à une gymnastique complexe pour rapatrier en France leurs salaires. Vu les sommes astronomiques que représentent l’immobilier à Genève et Lausanne, de même, de plus en plus de citoyens suisses acquièrent leur résidence secondaire en France qu’ils doivent financer.

« Certes, c’est un marché de niche, mais très intéressant tout-de-même, explique Michel Manent, président du conseil de surveillance et d’orientation de la banque régionale qui a son siège dans la tour Incity à Lyon.

Depuis novembre 2018, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes a  un nouveau président,  Alain Denisot qui a succédé à Stéphanie Paix qui a pris du galon au sein de la BPCE à Paris. C’est cette dernière qui au cours de son mandat a décidé de sauter le pas et de s’installer à Genève. Par chance, le nom de « Banque du Léman » n’était pas déposé.

Un bon choix. La Banque alémanique qui a ouvert ses portes il y a quatre ans, a déjà affiché son premier bénéfice l’année dernière. Et a même aussi ouvert une succursale à Lausanne « plutôt dédiée aux entreprises ».

650 millions d’euros

Elle affiche déjà 7 000 clients particuliers et travaille avec 150 entreprises, des filiales de groupes français, mais aussi des sociétés locales.

Son produit net bancaire a atteint les 11,2 millions d’euros, en hausse de 50 %, tandis que son portefeuille de crédit dépassait les 650 millions d’euros.

Vu ce premier succès, d’autres implantations hélvètes pourraient suivre.

« Une partie de notre avenir est en Suisse : nous y avons un important potentiel de développement », précise Michel Manent.

De la sorte, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes joue quelque peu les éclaireurs d’un groupe encore très franco-français et qui lorgne de plus en plus l’international.

Rachat de la Banque Auchan

Le groupe Caisse d’Epargne qui regroupe les 15 Caisses de l’Hexagone a ainsi acquis 50,1 % du capital d’Oney,  la Banque Auchan qui est présente dans onze pays européens.

Pour la Caisse d’Epargne Rhone-Alpes, qui continue à croître sur son vaste territoire composé de cinq départements, la Suisse   recèle donc avec d’autres, un vrai potentiel de croissance.

Parmi les points forts  de l’année 2018, d’ailleurs ; l’assurance-vie dont l’activité commerciale a été multipliée par trois l’année dernière par rapport à 2017, ainsi que les activités de banque-assurance en hausse de + 3,1 %.

L’augmentation globale des revenus d’assurances s’est ainsi établie à 4,7 %.

Pour mener à bien son projet stratégique 2018/2020, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes a aussi opéré une augmentation de capital de 150 millions d’euros, illustration d’une volonté de développement revendiquée.

L’intérêt des salaires Suisses

Le niveau de salaire suisse apparaît souvent comme la première motivation qui pousse les frontaliers à aller travailler en Helvétie. En effet, bien que le coût de la vie y soit plus élevé, les Suisses ont des salaires moyens bien plus importants que les Français.

Le salaire Suisse est de 3000 euros net, ce qui en France équivaut au salaire d’un cadre moyen, sans compter les avantages en nature offerts aux salariés (voiture de fonction, ticket repas, primes et intéressements sur les ventes…)

En France, le SMIC équivaut à une rémunération brute mensuelle de 1 539,42 €, soit 10,15 € brut de l’heure. Cela explique forcément le réel attrait de ce petit pays centralisé au cœur de l’Europe. Cette différence notable du SMIC français et du salaire suisse en font un eldorado notable. Toutefois, même si le canton de Genève a fait le choix d’adopter le salaire minimum, il existe néanmoins des variations de rémunération entre Genève et les autres cantons.

Le canton de Zurich cavale en tête avec un salaire suisse avoisinant les 7 000 CHF alors que la région de Tessin propose une moyenne de 5300 CHF. Ce qui reste toujours bien plus attractif qu’un SMIC français et qui attire toujours plus de frontaliers.