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Crise financière : un plan de sauvetage pour éviter la crise systémique ?

La crise des subprimes, qui s’est déclenchée aux Etats-Unis il y a maintenant plus d’un an, continue à faire parler d’elle. Elle a en effet débouché sur une crise financière d’une ampleur telle que certains n’hésitent pas à la comparer à celle de 1929. Cette crise révèle les défaillances du système bancaire américain car, rappelons-le, ce sont les banques qui ont prêté aux ménages risqués qui sont au cœur de cette débâcle financière. Ce que nous avons appris avec cette crise, c’est que le système financier américain n’est pas à l’abri d’une chute probable et que son « sauvetage » fait manifestement peser un coût excessif sur les ménages américains.

Le plan de sauvetage proposé par le Trésor américain (plan « Paulson ») consiste, en quelque sorte, à injecter 700 milliards de dollars de liquidités dans le système financier américain. En effet, l’objectif pour le Trésor est de racheter les actifs dépréciés et « pourris » des banques et sociétés d’assurance américaines afin que celles-ci puissent retrouver des bilans à peu près sains. Il s’agit donc, implicitement, de sauver les responsables de la crise en leur évitant la faillite. Ainsi, la question que l’on peut se poser est la suivante : pourquoi l’Etat américain sauve-t-il les coupables en faisant payer le contribuable américain pour les erreurs commises par les traders et les dirigeants des grandes banques et compagnies d’assurance ?

La réponse est la suivante : si l’Etat américain ne sauve pas de la faillite les acteurs défaillants du système bancaire, la crise risque de dégénérer en une véritable crise « systémique ». En d’autres termes, une crise localisée à un pan du système financier risque de se transmettre à l’ensemble du système financier américain et mondial et risque aussi de se propager à l’économie réelle américaine, affaiblissant ainsi toute l’économie américaine. A noter que, si un tel scénario catastrophe (qui a déjà commencé à apparaître) s’était produit, le contribuable américain, qui a déjà beaucoup perdu dans cette crise, aurait eu un coût beaucoup plus important à supporter que celui engendré par l’actuel plan de sauvetage envisagé, finalement devenu effectif. En effet, si des liquidités n’avaient pas été rapidement injectées dans le système bancaire, cela aurait pu avoir des répercussions beaucoup plus graves sur l’ensemble du système financier :

– Tout d’abord, les banques qui ne se faisaient plus confiance et ne se prêtaient désormais presque plus entre elles, pouvaient se trouver dans l’incapacité de faire face à leurs dépenses courantes et, de fait, pouvaient faire faillite alors même qu’elles étaient solvables. Cela pouvait conduire à des défaillances en chaîne qui seraient venues renforcer la défiance des acteurs financiers.

– Ensuite, le mouvement de panique qui a secoué les marchés financiers et provoqué la chute des indices boursiers aux Etats-Unis mais aussi dans le reste du monde, aurait pu s’amplifier et provoquer des pertes financières importantes. La chute des indices boursiers américains et asiatique qui est survenue le lundi 29 Septembre n’était donc pas anodine mais a bien reflété le mouvement de panique qui s’est emparé des marchés financiers et qui aurait pu s’amplifier à mesure que les difficultés s’accroissaient.

Ces deux effets conjugués auraient pu conduire à une crise financière d’une telle ampleur que toute l’économie réelle américaine en auraient fait les frais avec un potentiel de répercussion sur l’économie mondiale. L’objectif du Trésor américain était donc bien de faire en sorte que la crise reste cantonnée au système bancaire et qu’elle ne se propage pas au reste du système financier et de l’économie. La charge financière qui va peser sur le contribuable américain sera très importante étant donné qu’elle vient s’ajouter au coût déjà exorbitant de la guerre en Irak qui grève tous les jours un peu plus le déficit américain. Alors, même si cela est injuste de faire payer les « victimes », il faut bien que quelqu’un paye. Mais on comprend mieux aussi pourquoi ni les républicains ni les démocrates ne voulaient prendre la responsabilité de soutenir ce plan de sauvetage de l’économie américaine que certains considèrent comme inadapté. Bon nombre d’économistes (200 au total) se sont prononcés en défaveur de ce plan de sauvetage qu’ils jugeaient excessif et loin d’être une réponse appropriée aux déboires de l’économie financière américaine.

Maintenant que le plan de sauvetage a été voté à la fois par le Sénat et la Chambre des représentants, on peut tout de même se poser une question tout à fait légitime qui est la suivante: ce plan sera -t-il suffisant afin d’endiguer l’effondrement du système financier américain ? Nous aurons la réponse dans quelques jours ou bien dans quelques semaines. Il ne nous reste plus qu’à attendre et à observer.