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Frédéric Oudéa, Pdg de la Société Générale : « 2015 sera l’année de reprise de l’investissement des entreprises »

Présent à Lyon pour remettre les prix au palmarès « Les Chênes » qui récompense les entreprises familiales les plus performantes, Frédéric Oudéa, Pdg de la Société Générale en a profité pour évoquer quelques sujets sensibles : la reprise économique, le crédit aux entreprises, l’affaire Kerviel, l’exposition de la Société Générale à la Russie, les récentes décisions de la BCE…

 Au regard des chiffres de la Société Générale, comment appréhendez-vous la conjoncture économique en France dont la reprise maintes fois annoncée se fait toujours attendre ?

Frédéric Oudéa-Beaucoup s’étonnent de l’atonie actuelle de l’économie. Mais c’est tout-à-fait normal. C’est trop tôt. Il y a besoin de rebâtir la confiance des acteurs économiques. Les chefs d’entreprise manquent encore de visibilité.

Nous sommes encore dans une phase d’attentisme. Il faut reconnaître cependant que les perspectives sont tout de même bien meilleures qu’en 2013 !

Il faut bien comprendre aussi que nous sommes à un niveau historiquement faible des marges des entreprises. La politique du gouvernement qui veut améliorer les marges est essentielle.

Et il est normal que cela prenne un peu de temps.

Le Français est plus réaliste qu’on ne le pense. Il sait que l’on a besoin de réformes structurelles. Et sa réaction est celle-ci : elles vont venir, donc je me protège.

Quand, alors, cette reprise ?

Il faut le temps que les choses se remettent en place. Je pense que 2015 sera l’année de reprise de l’investissement des entreprises.

Quels sont les signaux au sein de la Société Générale qui vous inclinent à cet optimisme ?

Le plus important est celui-ci : nous constatons une forte baisse de notre taux de sinistralité. Le coût du risque baisse.

Nous constatons également une croissance à deux chiffres des dépôts des entreprise. Les dépôts augmentent depuis deux ans.

Qu’est ce que cela signifie ? Un certain nombre d’entreprises qui ont des marchés à l’international n’ont guère investi et ont donc pu développer du cash, beaucoup de cash. Cela signifie qu’elles ont des capitaux prêts à être réinvestis lorsqu’il y aura un redémarrage.

On reproche pourtant aux banques d’être très frileuses en matière de crédits aux entreprises ?

Présentez-nous des dossiers, nous sommes prêts à y répondre immédiatement ! Notre appétit au risque est intact. Moi j’attends les dossiers, plus il y en aura, plus on y sera !

Le problème est qu’actuellement, les dossiers sont peu nombreux.

Quelles sont les conséquences à l’heure actuelle de l’affaire Kerviel pour la Société Générale ?

Il faut bien le reconnaître, cela a été un vrai traumatisme pour les salariés. Il y a désormais six ans et demi de cela et nous avons tiré la leçon : il s’est passé tellement de choses depuis… Nous avons changé de modèle. Cette affaire Kerviel fait désormais partie de l’histoire.

La Société Générale est historiquement très présente en Russie. Quelles sont les conséquences de la crise ukrainienne sur la banque que vous dirigez ?

Il faut déjà dire que le vrai problème économique concerne l’Ukraine, pas la Russie, même si cette dernière connaît un ralentissement de sa croissance.

L’autre constatation que l’on peut faire est plutôt encourageante : le scénario central qui reste le plus probable est la poursuite de l’action diplomatique. Il n’y a pas de rupture entre la Russie et l’Europe. Le dialogue devrait se poursuivre.

Pour nous, la Russie ne représente que 3 % de nos risques, elle pèse moins de 5 % de nos résultats.

Quelle analyse faites-vous des importantes et récentes décisions d’assouplissement de la Banque Centrale Européenne et de sa décision d’instaurer pour la première fois des taux négatifs ?

En fait, la raison essentielle des décisions qui ont été prises est d’aider les pays du Sud où le crédit ne va pas très bien et où il est beaucoup plus cher qu’en France, à l’instar de l’Italie, par exemple.

Mais outre les décisions techniques, je crois que l’important est que ce cocktail de mesures soit susceptible de consolider la confiance. Si c’est le cas, si elle revient, on en verra, j’en suis sûr, le bénéfice pour l’économie.