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Le Fonds d’investissement régional Solexia ajoute un 7ème joyau à sa couronne : Jodas à Thiers

Au rythme d’une entreprise rachetée par an, le groupe lyonnais Solexia commence à afficher un périmètre intéressant. Il compte désormais une septième entreprise, la société Jodas basée à Thiers dans le Puy-de-Dôme dans le secteur improbable de la coutellerie. Grâce à un sourcing chinois développé de longue date et une force de frappe commerciale orientée sur des segments très variés du marché, cette entreprise de niche dont le chiffre d’affaires a crû l’année dernière de 19 %, s’avère particulièrement rentable. Et devrait le devenir encore plus…

Hervé Kratiroff est un adepte du capitalisme entrepreneurial. Avec Eric Versini, il a créé en 2002 une structure atypique, Solexia, dont le siège est à Lyon. Ce n’est ni une structure financière, ni une société de capital-risque, mais un fonds régional indépendant d’investissement entrepreneurial qui, depuis 2005, rachète chaque année une nouvelle PME, non pas dans un but financier à court terme-ils ont su le prouver-mais pour les développer en s’impliquant directement, au côté des dirigeants dans leur développement.

Autre caractéristique de ce groupe : il ne sélectionne pas ses entreprises sur des secteurs particuliers, mais sur des marchés de niche et à condition qu’elles offrent des produits stables et un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros.

Après l’immobilier (Valorel à Lyon), Hervé Kratiroff et Eric Versini ont jeté leur dévolu sur deux sociétés agroalimentaire (« Les salaisons du Val d’Allier » et « Confibio », toutes deux en Haute-Loire) ; puis sur une autre dans le fret maritime (« RMP » dans les Caraïbes) ; mais aussi sur une entreprises spécialisée dans les fleurs artificielles « Une Fleur de plus » au Puy-en-Velay ; ou encore dans l’élevage et la découpe de volailles labelisées (« Vey » à Polignac en Haute-Loire).

A ces secteurs disparates, les deux dirigeants viennent d’en ajouter un nouveau, pour le moins improbable, celui de la coutellerie à Thiers que l’on croyait sinistré. Eh bien non, du moins pas tous…

Les dirigeants de Solexia viennent d’acquérir la société Jodas qui a vu son chiffre d’affaires de 6,27 millions d’euros, bondir de 19 % l’année dernière, en pleine crise économique pour un résultat net de 264 000 euros.

Quelle est donc la martingale de Michel Jodas, 62 ans, Pdg de Jodas, qui est venu frapper à la porte des dirigeants lyonnais pour céder son entreprise et prendre sa retraite d’ici trois ans, une fois le témoin passé ? « Jodas est sur un marché de niche. Si la société fabrique encore elle-même à Thiers des coupes volaille et des ciseaux, la majeure partie de sa production est fabriquée en Chine. Une démarche courante », reconnaît Hervé Kratiroff. Mais d’ajouter aussitôt : « Ce qui l’est moins, c’est que le basculement de Jodas vers la Chine s’est opéré très tôt, dès 1990, offrant à l’entreprise un sourcing impressionnant grâce à un partenariat étroit avec des fabricants chinois. Michel Jodas effectue des voyages fréquents sur place, d’oû une très grande attention portée à la fois à la qualité et aux prix, très compétitifs… »

Cette capacité d’achat est doublée par un mode de distribution qui débouche sur de nombreux canaux : les solderies, la VPC, les magasins traditionnels, le télé-achat, et même les cadeaux publicitaires puisque Jodas fournit des couteaux offerts aux abonnés des magazines d’Hachette multimédia ou de Prisma Presse.

Autre atout : l’entreprise de Thiers qui emploie 23 personnes possède une gamme très vaste, des couteaux classiques aux modèles à lame céramique ou damas nécessitant 27 couches différentes avec une lame centrale en chrome . Elle opère même une diversification vers les poêles en poudre de pierre très en vogue actuellement.

Hervé Kratinoff et Eric Versini estiment encore possible d’améliorer les résultats pourtant confortables de Jodas : en construisant une nouvel entrepôt de 3 000 m2 à côté de l’unité principale et en informatisant les stocks pour l’heure basé sur la seule mémoire de quelques salariés, tout en créant un site Internet, quasi-inexistant pour l’heure !

Les dirigeants de Solexia ne réussissent pas leurs achats d’entreprise à tous les coups. Ils ont dû revendre en mars dernier une société lyonnaise de 45 personnes, « Arcade Conseil », spécialisée dans le reclassement professionnel. Ils ont dû la céder, après restructuration en 2008, à un autre spécialiste lyonnais du secteur, « Acca Evaluation ». Hervé Kratiroff reconnaît qu’à cette occasion il n’a pas fait, loin s’en faut, une belle opération financière. Dans l’acquisition d’entreprises, il reste et restera toujours une part d’incertitude…

Ce qui ne traumatise pas outre mesure les dirigeants de Solexia dont les sept entreprises et les 154 salariés toutes sociétés comprises, ont généré l’année dernière un chiffre d’affaires de 24,7 millions d’euros pour 2,295 millions d’euros de résultat net. Pas mal pour une année de crise…

Photo (DR) : De gauche à droite, Hervé Kratiroff, Pdg-créateur de Solexia et Eric Versini, directeur général.