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Les professionnels de l’alimentaire mijotent le 1er cluster gastronomique Rhône-Alpes

D’ici la fin du mois de juin sera créée une association préfigurant le premier cluster rhônalpin consacré au secteur alimentaire. Cette nouvelle « grappe » d’entreprises, de centres de recherche et de formation devrait être portée sur les fonts baptismaux, avec l’onction du Conseil régional, d’ici la fin de l’année, avec appels à projets à la clef. Il était temps : ce secteur alimentaire ne bénéficiait d’aucune structure de dynamisation collective. Composé essentiellement de PME, il pèse pourtant très lourd : 1 500 entreprises en Rhône-Alpes, représentant 45 000 emplois



Rhône-Alpes compte des clusters (*) consacrés à l’aéronautique, aux éco-énergies, aux industries de la montagne ou aux loisirs numériques, etc. Même chose pour les pôles de compétitivité. Mais ni l’une ni l’autre de ces structures destinées à dynamiser un même secteur économique n’était consacrée à l’alimentaire, un des principaux moteurs constituant l’identité de cette région.

Cette lacune sera bientôt comblée. « Tout a commencé il y a trois ans avec la création de l’Aria, l’association des industries agro-alimentaires en Rhône-Alpes. Aucune structure n’existait alors pour représenter le secteur alimentaire qui pèse tout de même 1 500 entreprises dans la région, 10 milliards d’euros et 45 000 emplois ! », s’enflamme Bernard Gaud, le patron de Salaisons des monts Expansions, une PME agro-alimentaire basée à Corbas (Rhône) et président de l’Association régionale des industries agro-alimentaires (Aria).

Cette même Aria a joué le rôle de vecteur entraînant. Assez rapidement est née en son sein, l’idée de se mettre au diapason des clusters et autres pôles de compétitivité. Des rapprochements se sont opérés : avec Coop de France Rhône-Alpes et de nombreux professionnels et organismes (de la Chambre d’agriculture, en passant par l’Isara, centre de formation spécialisée dans l’agriculture et l’agro-alimentaire, ou R3AP, le bras armé de la région pour la promotion des entreprises agro-alimentaires, etc.

« Nous avons hésité entre créer un pôle de compétitivité et un cluster. Finalement nous avons opté pour le cluster car celui-ci a une vocation plus large que les pôles essentiellement axés sur la recherche et l’innovation. Le cluster a en outre une dimension régionale, bien ancrée dans le terroir qui nous convenait bien », précise Bernard Gaud.

Rendez-vous a été pris avec le Conseil régional qui ne demandait qu’à rajouter un nouveau cluster à Rhône-Alpes, après le dernier né, consacré à la logistique.

L’assemblée générale constitutive de l’association préfigurant le cluster alimentaire rhônalpin devrait se dérouler d’ici la fin du mois de juin ; le cluster lui-même voyant le jour d’ici la fin de l’année. « Nous espérons rassembler près de cinquante membres », estime Bernard Gaud qui, en tant que président de l’Aria, pourrait prendre la présidence de ce nouvel outil de développement régional.

Mais un cluster pour quoi faire ? Son simple intitulé évoque déjà ses centres d’intérêts : « Patrimoine gastronomique et manger bien ».

« Chaque terme a été pesé », décrit Bernard Gaud. Et de décliner : «  Patrimoine, car l’alimentaire constitue pour nous l’essence de notre savoir-faire rhônalpin ; Gastronomique, car nous nous inscrivons dans un modèle qui repose sur des professionnels et des produits de qualité à forte valeur ajoutée. Et « manger bien » car nous voulons nous inscrire dans la lignée slow food faite de convivialité et du plaisir de manger ensemble. »

D’ores et déjà les idées fusent sur les thèmes qui seront l’objet d’études et de recherches. Ainsi, une grande enquête sera lancée avec le Centre régional de nutrition humaine sur « le régime alimentaire rhônalpin » pour mettre en avant sa spécificité. On sait déjà qu’il provoque moins d’obesité que d’autres.

Des pistes de recherche seront également lancées autour de la fermentation à l’origine de trois des principales composantes de l’industrie agro-alimentaire régionale : le vin, le fromage et les salaisons.

Enfin, de manière surprenante, il n’existe pas pour l’heure, de recensement de l’ensemble des productions agro-alimentaires de la région. Une grande enquête sera donc lancée pour connaître de manière exhaustive la richesse régionale en la matière.

L’objectif final est bien sûr d’assurer la promotion des productions agroalimentaires de la région, reconnaît Bernard Gaud : « Nous avons la prétention de dire que ces actions doivent contribuer fortement à la notoriété et à la capacité de commercialisation de nos produits ; et ce, en mettant en avant notre modèle alimentaire rhônalpin ».

Photo : Bernard Gaud, lors du dernier salon des Entrepreneurs à Lyon : « Nous voulons nous inscrire dans la lignée slow food »

(*) Les clusters, littéralement « grappes » ont été constitués à l’image des « districts d’entreprises italiens ». Impulsés par la région Rhône-Alpes, ils visent à mettre en réseau les entreprises d’un même secteur d’activité pour renforcer leur compétitivité sur un marché donné. Les clusters économiques interviennent dans trois directions : performance industrielle, développement commercial et international.