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Tram-train Part-Dieu/Saint Exupéry : ce très cher Rhônexpress

Si tout se passe comme convenu, vous pourrez relier dès le 1er août en une demi-heure la Part-Dieu à l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry grâce au tram-train Rhônexpress qui se partagera une partie de la ligne du tramway T3 avec les TCL. Il reste que ses tarifs des trajets n’auront rien à voir avec ceux du transporteur du Grand Lyon. L’aller simple devrait avoisiner les 14 euros, l’aller et retour les 25 euros. L’explication : les prestations se veulent fiables et haut de gamme, mais surtout le concessionnaire ne bénéficiera d’aucune subvention d’équilibre.

Actuellement pour se rendre en tramway de Perrache à Saint-Priest Bel Air par la ligne de tramway T2, soit 15 kilomètres, il en coûte 1,60 euro.

A partir du 1er août, date annoncée de la mise en service de la ligne tram/train Rhônexpress qui reliera la gare de la Part-Dieu à l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, il faudra sortir de sa poche près de 14 euros…pour 22 kilomètres et 25 euros pour l’aller et retour. Le prix exact au centime près devrait être voté en mars par le Conseil général du Rhône, mais les tarifs qui seront in fine annoncés devront se situer dans cette épure. Cher, très cher, assurément.

Interrogé sur ces tarifs élevés, Luc Borgna, directeur de la société concessionnaire Rhônexpress (CFTA, filiale de Véolia Transport) les explique d’abord par le service « premium » qui sera rendu.

En termes de fiabilité d’abord. « Il ne faut pas que le passager de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry ait un quelconque retard du fait de Rhônexpress. Nous nous engageons à assurer le trajet dans les 30 minutes imparties. » Pas simple, sachant que sur la moitié du trajet, l’occurrence jusqu’à Meyzieu, la ligne est partagée par les TCL. Pour ce faire, 8 à 9 évitements, en l’occurrence un doublement de la ligne dans chaque sens, permettront aux rames de Rhônexpress de doubler celles des TCL. Une fois passé Meyzieu, Rhônexpress sera seul et pourra rouler à 100 km/h.

« D’autre part, ajoute Luc Borgna, le cahier des charges nous astreint, non seulement à relier bien sûr l’aéroport pendant ses heures d’ouverture, à raison d’une rame toutes les 15 minutes, de 6 h à 21 h et toutes les 30 minutes, entre 5 et 6 h et entre 21 h et minuit, mais en cas de retards d’avions, de poursuivre au-delà le trafic de Rhônexpress pour pouvoir transporter les retardataires. »

Dernier argument du directeur de la concession pour expliquer ce tarif : « Nous mettrons en œuvre un vrai service premium pour qu’il y ait, en terme de qualité continuité entre l’avion et Rhônexpress. » Et de préciser : «  ainsi les passagers seront assis -chaque rame comprendra 76 sièges. Il y aura un agent de bord pour les accueillir et les assister dans leurs déplacements. Des écrans d’arrivées et de départs des avions seront installés dans les rames et chaque siège aura son écran LCD. »

Telle est l’explication commerciale. L’autre raison est simplement comptable. La concession est dévolue à la filiale de Véolia pour 30 ans, ensuite, la propriété de l’équipement revient au Conseil général. L’investissement s’est établi à 140 millions d’euros dont 40 millions d’euros de subventions du département du Rhône et 62 millions empruntés par le concessionnaire. Mais si la dette sera remboursée par le département, il n’est pas question pour ce dernier de verser une quelconque subvention d’équilibre pour le fonctionnement de Rhônexpress comme le font par exemple diverses collectivités pour les TCL.

Le coût du fonctionnement est donc entièrement à la charge du concessionnaire. Il lui a suffit de sortir ses calculettes. Il prévoit un million de passagers la première année (contre 835 000 actuellement pour Satobus (*) qui disparaîtra le 1er août entre Lyon et Saint Exupéry) et ne pouvait donc gagner sa vie qu’à ce prix.  « Rhônexpress devra assumer toutes les charges de fonctionnement et de maintenance, ainsi que l’achat des matériels supplémentaires et ce, uniquement, grâce aux recettes d’exploitation », explicite le directeur de Rhônexpress qui emploiera 75 salariés. CQFD.

(*) Actuellement, 30 % des passagers se rendent à l’aéroport en voiture ; 28 % sont accompagnés en voiture, 18 % utilisent la navette Satobus, 14 % utilisent le taxi, 8 % louent une voiture et 2 % seulement arrivent en TGV.

Photo : l’équipe opérationnelle de Rhônexpress dont le siège est basé à Villeurbanne. De gauche à droite : Luc Borgna, directeur, Nicolas Manny, chef de projet, Valérie Allègre, assistante de direction et Yves Perillat, président..