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A l’origine d’un biocide bio, la start-up lyonnaise Amoéba s’introduit en Bourse pour s’octroyer rapidement de grosses parts de marché

Le rythme des introductions en Bourse au 1er semestre 2015 s’est révélé moins rapide qu’en 2014 en Rhône-Alpes. Seules Poxel et Tronics ont pris, hors Marché Libre, depuis le début de l’année le chemin de la Bourse. Une petite dernière, véritable pépite, vient rehausser les statistiques. Elle entend lever près de 15 millions d’euros.

Elle a développé une technique bio pour dépolluer les circuits de chaleurs contaminés par les salmonelles, en utilisant des amibes gloutonnes.

La start-up lyonnaise Amoéba a lancé mercredi 24 juin son introduction en Bourse sur Euronext Paris, après avoir obtenu la veille, son visa de l’AMF (L’Autorité des Marchés Financiers).

Un produit entièrement naturel

 Baptisé « Biomeba », son biocide constitue une alternative biologique aux traitements chimiques dans les tours aéroréfrigérantes.

Amoéba produit une amibe capable d’éliminer le risque bactérien (legionella, pseudomonas, chlamydia.) présent dans l’eau.

Ce produit entièrement naturel apparaît comme une alternative aux produits chimiques utilisés dans le traitement des eaux industrielles avant leur rejet dans l’environnement.

Véritable solution de substitution, ce biocide est répertorié sans classe de danger pour l’homme et l’environnement et répond parfaitement aux nouvelles réglementations européennes en matière de rejets chimiques dans l’environnement, telle la Directive-cadre sur l’eau.

Issu des travaux de l’Université Lyon I

Ce biocide est issu des travaux d’un laboratoire de recherche sur les espèces amibiennes de l’Université Lyon-I.

Après avoir testé ses amibes sur des sites industriels d’Häagen-Dazs et d’ArcelorMittal, la société a validé sa fabrication à l’échelle industrielle.

Une première ligne de production sera opérationnelle dès le début de l’année 2016 à Chassieu, dans la banlieue est de Lyon.

Dans le cadre de son introduction en Bourse, Amoéba, dirigée par Fabrice Plasson (*) qui détient 34 % du capital, entend lever 15 millions d’euros. Objectif : accélérer d’emblée son développement industriel et commercial e au niveau international.

Fabrice Plasson, le président du directoire d’Amoéba veut s’appuyer sur la Bourse pour s’imposer rapidement sur son marché. « Nous disposons d’une véritable technologie de rupture sur un marché en manque d’innovation. Nous avons pour objectif d’étendre rapidement notre développement dès l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché, en Europe et en Amérique du Nord. Le succès de notre introduction en bourse va constituer un facteur d’accélération supplémentaire, assure-t-il.

 Contrats de distribution et lettres d’intentions

 En vue de la commercialisation future de ses produits, Amoéba a d’ores et déjà signé un contrat de distribution avec un distributeur européen, ainsi que deux lettres d’intention avec des distributeurs potentiels aux Etats-Unis et au Canada (Groupe Magnus).

L’ambition de son dirigeant installé sur une niche encore peu concurrencée est grande : d’ici à fin 2017, il veut doubler la capacité de son usine française, tout en implantant deux lignes de production en Amérique du Nord, ce qui représente un investissement de deux fois deux millions d’euros.

La société cible d’abord les tours aéroréfrigérantes industrielles, un marché mondial évalué à 1,7 milliard d’euros. Ultérieurement, Amoéba pourrait se développer dans le nucléaire et les eaux sanitaires (piscines, campings…).

Cinquante millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019 ?

Le business plan de l’entreprise table sur près de 50 millions de revenus en 2019.

Trois premiers tours de table ont permis à la start-up lyonnaise de lever 4,6 millions d’euros auprès d’Evolem, la société d’investissement de Bruno Rousset, le président d’April, de Siparex, de CM-CIC Private Equity et enfin de Rhône-Alpes Création, fidèles investisseurs, depuis le début de l’aventure entrepreneuriale de Fabrice Masson.

 Concrètement, l’offre au public s’établit à 13,50 millions d’euros, pouvant être porté à 17,85 millions, en cas d’exercice intégral de la clause d’extension et de l’option de surallocation.

Parallèlement, un placement global principalement destiné aux investisseurs institutionnels, en France et hors de France, sauf aux USA, est mené en parallèle.

La fourchette indicative de prix s’établit entre 8,30 euros et 11,20 euros par action. La période de souscription a été fixée du 24 juin au 6 juillet 2015 inclus.

Amoéba séduira-t-elle la Bourse, alors que cette introduction risque de se dérouler dans des conditions boursières difficiles à cause de la Grèce ? A suivre…

(*) Fabrice Plasson (double master en biologie et marketing de l’Université Joseph Fourier à Grenoble et de l’Exécutive MBA de l’EM-Lyon) bénéficie de quinze ans d’expérience dans les domaines des sciences du vivant et des biotechnologies.

Avant de créer Amoéba, il était directeur général et fondateur de la division française de DiscoveRx, où il était responsable des ventes pour l’Europe du sud. Il a travaillé précédemment chez Whatman Ltd. en France où il était responsable de l’animation du réseau de distributeurs internationaux. A ce poste, il a favorisé la réussite de l’implantation de Whatman Ltd. sur le marché français des empreintes génétiques. Précédemment, Fabrice Plasson avait développé les ventes de Oxoid et avait été appelé comme consultant sur le risque légionnelle par les hôpitaux et les entreprises.