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Abandon du son activité solaire : la grenobloise Soitec ploie sous les difficultés

Soitec a réussi à vendre son activité solaire dont elle avait annoncé l’abandon cet hiver. Il ne lui reste plus que le marché de l’électronique sur lequel elle peut s’appuyer, mais là aussi, le marché peine à décoller. Soitec est en panne de moteur.

Une perte nette de 259 millions d’euros, supérieure à son chiffre d’affaires (223 millions d’euros) ! Le spécialiste grenoblois des semi-conducteurs a annoncé le 28 mai la pire perte de son histoire.

Souvent, les entreprises suscitées par le CEA-Leti (Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information) grenoblois se sont transformées en or. Ce n’est pas le cas pour Soitec.

L’entreprise dispose pourtant d’une très belle technologie, le silicium sur isolant (FD-SOI), peu consommateur d’électricité pour l’industrie de semi-conducteurs. Idéal pour les smartphones, tablettes ou les objets connectés.

L’autre axe était constitué par le solaire, en l’occurrence, les cellules photovoltaïques à très haute performance. Sachant que le rendement d’un panneau solaire classique est en moyenne de l’ordre de 17 %, Soitec avait réussi à augmenter ces rendements de manière importante, atteignant des niveaux que l’on croyait inatteignables : plus de 30 % !

L’entreprise semblait surfer sur le développement mondial du solaire, déjà rentable et se situant au même prix que l’électricité traditionnelle sur la moitié du globe.

Abandon de son principal projet aux Etats-Unis

Las ! Cette dernière activité a été un échec commercial. Cette activité a reçu le coup de grâce en décembre dernier, avec l’abandon du principal projet du groupe aux Etats-Unis.

Six mois après avoir annoncé son abandon du solaire pour se recentrer sur son activité historique, la société Soitec n’a pas perdu trop de temps pour trouver un acquéreur : le Chinois ConcenSolar qui va récupérer ses unités de production de Fribourg en Allemagne et de San Diégo aux Etats-Unis, ainsi que les actifs technologiques.

Elle ne conserve que les brevets de ses cellules CPV, ainsi que ses actifs dans les centrales solaires auxquelles il a participé.

Une transaction par ailleurs bien accueillie par la Bourse, Soitec étant cotée sur Euronext,

Le jour de l’annonce de la transaction, le titre Soitec a effectué un bond de 11,69 % à 0,85 euro, avant de reperdre du terrain.

Si le marché boursier ne voyait pas d’un bon œil cette incursion de la société grenobloise dans le solaire, il s’interroge sur son avenir.

Pour preuve, sur un an, le titre est en baisse de 75 % (- 24 % depuis le début de l’année).

Le titre Soitec à 0,77 euro : un « penny stock »

L’action qui cotait près de 20 euros en 2007 n’en valait plus, lundi 1er juin, que.. 0,77. Ce que les Américains appellent un « penny stock ».

La situation dans son cœur de métier, l’électronique, sur lequel l’entreprise se recentre est certes un peu plus réjouissante.

Certes, l’entreprise connaît un regain sur les plaques destinées à la radio-fréquence, mais côté silicium sur isolant (FD-SOI), l’entreprise reste très dépendante de grands donneurs d’ordres, tels que Samsung ou GlobalFoundries.

Bref, l’entreprise n’a plus guère de cash et ne possède donc plus guère de marges de manœuvre. Elle doit compter sur ses actionnaires historiques, le CEA et BPI France, ainsi que le Japonais Shin-Etsu Handotai, pour maintenir un flot de trésorerie lui permettant de perdurer. Ces derniers lui ont accordé des prêts totalisant 54 millions d’euros sur un an.

Huitième déficit d’affilée

Une nouvelle augmentation de capital, la troisième en trois ans serait une solution, permettant à l’entreprise de retrouver du carburant financier ? Mais cela paraît pour l’instant difficile, vu le cours de Bourse.

Le paradoxe de Soitec : l’entreprise bénéficie de très belles technologies, mais elle n’a toujours pas réussi à les transformer en réussites commerciales. Et la société aligne son huitième déficit d’affilée…