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Aéroport de Lyon-Saint Exupéry : les patrons expriment leur ras le bol du centralisme parisien

L’aéroport régional revient au cœur des préoccupations du patronat. Medef, CGPME et l’association des entreprises utilisatrices de l’aéroport lancent une pétition pour qu’Emirates puisse voler 7 jours sur 7. Ils s’inquiètent également de la privatisation annoncée de Saint-Ex.

Décidément, c’est la lune de miel entre le Medef Lyon-Rhône, désormais présidée par Laurent Fiard et la CGPME de François Turcas.

Tous deux étaient à peine sortis de la Salle 3 000 de la Cité internationale à Lyon qu’ils tenaient déjà une conférence de presse commune pour à nouveau tancer le gouvernement, mais cette fois, sur le thème de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry.

« Libérez le ciel pour nos entreprises »

Ils entendent mener campagne. Une opération bien visible sous la forme d’une pleine page dans le numéro de mercredi du quotidien économique « Les Echos » : un homme poitrine ouverte arborant un tee shirt avec un avion se libérant de ses chaînes ; le tout accompagné de ce slogan : « Libérez le ciel pour nos entreprises ! » (photo).

Une campagne signée non seulement du Medef Lyon-Rhône et de la CGPME du Rhône, mais aussi des CCI de Lyon et de Rhône-Alpes, mais encore du Club des entrepreneurs utilisateurs de la plateforme aéroportuaire régionale.

Les trois premiers signataires de la pétition : Jacques Lauvin, Laurent Fiard et François Turcas (photo DL).

Les raisons de cette pétition qui sera envoyée à la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) : le refus de cette dernière d’octroyer des droits de trafic supplémentaires à Emirates dont la liaison Lyon-Dubaï cartonne pourtant (80 000 passagers et 9 000 tonnes de fret en soute en 2013 et utilisation de porteurs de plus en plus gros).

« Malgré des demandes réitérées, des courriers déjà adressés, nous nous heurtons à un refus de la DGAC de passer de cinq liaisons par semaine à une liaison quotidienne. C’est invraisemblable car une telle liaison nous ouvre directement les portes de toute l’Asie », s’enflamme François Turcas.

Il pointe du doigt : « On sait bien qu’il y a une collusion entre la DGAC, Air France et les Aéroports de Paris, pour développer Roissy, au détriment, si nécessaire des aéroports régionaux. Saint Exupéry n’est pas seul dans ce cas là », tempête le leader de la CGPME.

Plus tempéré dans ses propos, Jacques Lauvin (Groupe Lafarge), le vice-président du Club des entrepreneurs utilisateurs de Saint Exupéry estime de son côté que «  la survie de nos entreprises passe par l’international. Un développement des lignes inter-continentales constitue pour nous un impératif absolu. Ce n’est pas en entravant Saint-Exupéry qu’Air France se portera mieux ! »  

Sans le citer, le gouvernement est indirectement en cause car le blocage émane bien évidemment du ministère des transports.

« Ce refus de droits de trafic élargis est idiot car cela ne bénéficie pas à Roissy, mais d’abord à l’aéroport de Genève d’où opère également Emirates », ajoute Laurent Fiard, président du Medef Lyon-Rhône.

Saint-Exupéry, 48ème aéroport européen !

Derrière cette pétition, on trouve une vieille revendication patronale qui veut mettre enfin à sa vraie place l’aéroport régional qui ne pointe qu’à la 48ème place des aéroports européens !

La deuxième agglomération de France n’affiche que 8,5 millions de passagers (chiffre 2013), tandis que Munich, 2ème aéroport allemand, voit atterrir ou décoller 38,5 milions de passagers…

Derrière cette revendication, on sent poindre une vieille antienne patronale : celle du centralisme parisien qui entrave le développement régional.

La 1ère pierre du Terminal 1, posée le 12 décembre

La 1ère pierre du futur Terminal 1 sera posée vendredi 12 décembre (photo Roger Stirk Harbour+ Parners)

Un sujet plus que jamais d’actualité qui sera sans doute évoqué vendredi 12 décembre lors de la pose de la première pierre du nouveau Terminal 1 de l’aéroport : celle de la privatisation de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry qui ne fait plus de doute. Elle devrait se dérouler en début d’année prochaine. Après Toulouse, c’est Lyon et Nice qui sont dans le collimateur.

On sait qu’à Toulouse ce sont des capitaux chinois (avec le Canadien SNC Lavalin) qui l’ont emporté. Et surtout l’Etat a flairé là la bonne affaire.

Si l’on se base sur l’argent encaissé par l’Etat lors de la privatisation de l’aéroport de Toulouse qui vient donc d’être bouclée (308 millions d’euros), cela valorise cet aéroport à hauteur de18 fois l’Ebitda (l’excédent brut d’exploitation de la plateforme aéroportuaire).

Saint-Ex valorisé à 925 millions d’euros

Or, Lyon a affiché l’année dernière un Ebitda de 51,4 millions d’euros. Faites le calcul : l’aéroport rhônalpin est valorisé à… 925 millions d’euros. Bien plus que les estimations initiales !

En attendant la position de la CCI de Lyon, le plus gros actionnaire de l’aéroport lyonnais avec 25 % du capital, du côté de la CGPME et du Medef, on reconnaît qu’une solution régionale est à ce tarif, hors d’atteinte.

Mais les chefs d’entreprise régionaux entendent bien que l’on se batte comme à Toulouse pour un maintien du pouvoir de décision au sein des instances de gouvernance de la plateforme régionale. Les acteurs économiques toulousains ont ainsi réussi à conserver une majorité de 51,1 % du capital.

Dans ce cadre, une présence au capital de Lyon-Saint Exupéry par des capitaux chinois, comme à Toulouse, n’aurait rien de surprenant.

Ce qui permettrait d’éviter la plus mauvaise des solutions selon les représentants de la CGPME et du Medef : l’entrée d’Aéroports de Paris (ADP) au capital de l’aéroport rhônalpin.

Alors, les Chinois, plutôt que Paris ?