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Amoéba inaugure à Chassieu une usine qui fonctionne 24/24 h, 7/7 j … avec huit salariés !

Vous en conviendrez, l’inauguration d’une nouvelle usine n’est pas si courante de nos jours.

 L’inauguration en grandes pompes, de l’usine Amoéba à Chassieu (Rhône), le mardi 4 octobre avait donc naturellement drainé de nombreux invités : près de six cents.

 Par un hasard du calendrier, cette inauguration constituait en quelque sorte la traduction concrète d’une statistique qui était tombée le jour même . Pour la première fois depuis la crise des subprimes, la France avait créé au cours des six derniers mois plus d’usines qu’elle n’en avait détruite.

 C’est ce qu’indiquent les données publiées ce même mardi par l’Observatoire Trendeo de l’emploi et de l’investissement.

 Le cabinet a recensé 82 créations d’usines au cours des deuxième et troisième trimestres, contre 75 fermetures.

 Une vraie inflexion :  c’est la première fois depuis 2009 que le solde est positif plus d’un trimestre.

 Une statistique économique plutôt positive, donc.

 Plus d’usines, mais avec moins de salariés

 Seul bémol à cette étude : les usines qui voient à nouveau le jour sont plus petites et font travailler moins de salariés que les existantes. Au final, a constaté le cabinet, elles emploient 40 % de salariés en moins.

 Et à cet égard, l’usine de Chassieu de la société lyonnaise Amoéba est un cas d’école.

 Réalisée avec le centre « Toulouse White Technology », cette usine qui produit des biocides verts et donc non chimiques pour lutter contre la légionelle à travers deux bioréacteurs de 500 litres, tourne avec un personnel plus que restreint.

 Fonctionnant pourtant 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24-difficile d’interrompre le processus de production-, elle n’emploie que…huit techniciens. Et ce, explique Fabrice Plasson, le président et co-fondateur d’Amoéba, « grâce à un niveau d’automatisation élevé. »

 Gérée à distance le week-end

 Ainsi, le week-end, la nuit, cette usine fonctionne sans présence humaine. Tout est géré à distance !

 Et pourtant, « elle répond à des standards aussi exigeants que ceux liés à l’industrie pharmaceutique, sans pour autant devoir obtenir une autorisation d’exploitation de la part des autorités réglementaires. »

Qu’y cultive-t-on dans ces grands bio-réacteurs : une amibe, en l’occurrence la « Wilaertia magna C2c Maky » non génétiquement modifiée qui a l’immense avantage d’adorer gloutonner la légionelle, cette bactérie qui infecte les tours aérofrigérantes des immeubles et que l’on ne pouvait traiter jusqu’à présent qu’avec des produits chimiques.

 Un investissement de 2,5 millions d’euros

 L’investissement de la ligne de production inaugurée représente ainsi 2,5 millions d’euros.

 Il n’a fallu que quatre ans et demi pour créer ce site industriel à partir d’un brevet lyonnais.

 Les propriétaires d’immeuble préfèrent la solution bio au traitement chimique et on les comprend : ils n’ont d’ailleurs plus le choix, puisque la loi leur interdit désormais les rejets chimiques. De ce fait le marché des biocides bio est évalué à 1,7 milliard d’euros au niveau mondial.

 «  Après Chassieu, nous allons ouvrir un site à Montréal et sans doute un deuxième en Europe », annonce ainsi Fabrice Plasson.

 Les investisseurs ne s’y sont pas trompés : coté en Bourse sur le compartiment C d’Euronext, Amoéba flambe de plus de 60 % depuis un an, alors que le CAC 40 recule de près de 4 %.

 Au cours de 32 euros l’action, cette start-up d’une cinquantaine de salariés au total, usine comprise, vaut déjà près de 200 millions d’euros…

 Diversifications

 Qui a dit que nous n’arrivions pas en France à conserver nos pépites et que toutes nos belles success-story étaient vouées à être rachetées par des capitaux étrangers, de préférence américains ?

 Fabrice Plasson n’entend pas céder aux sirènes étrangères. Ses regards, pour l’heure, sont plutôt tournés vers les diversifications de sa technologie : il va investir très prochainement les secteurs sanitaires non encore couverts, comme le traitement des eaux chaudes des douches, des hôtels, campings et piscines ; mais aussi agro-alimentaires, en apportant sa solution en eau de désinfection des surfaces.