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Artisanat en Rhône-Alpes : « Un optimisme teinté d’inquiétude »

Pour Christian Brunet, président de l’Union Professionnelle Artisanale Rhône-Alpes (UPA), cette rentrée de septembre 2011 se déroulerait dans un bon climat s’il n’était teinté d’inquiétudes, suite à la rechute financière de l’été et d’incertitudes productrices d’attentisme. Le chiffre d’affaires des 127 000 entreprises artisanales de Rhône-Alpes a progressé de 3,5 % au cours du premier semestre, alors que ce secteur avait fait front dans le crise, en débauchant bien moins que d’autres. Seulement les trésoreries mises à mal pendant la crise n’ont pas encore été totalement reconstituées. En cas de nouvelles difficultés cette fragilité pourrait se révéler mortifère.

Souvent oublié des statistiques, l’artisanat est un stabilisateur économique. Rassemblant en Rhône-Alpes 127 000 entreprises, il n’a que peu débauché pendant la crise de 2008, conservant la majeure partie de ses 309 000 salariés, soit un salarié rhônalpin sur quatre.

Mieux, depuis le début de l’année 2011, 19 % des entreprises artisanales ont embauché. Elle n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’embauche d’avant crise ( 24 % en 2007), mais la tendance est favorable. « Nous sommes des entreprises où la main d’œuvre est primordiale. Il s’agit en majeure partie de salariés qualifiés que l’on aurait, en cas de licenciement, beaucoup de mal à retrouver», précise Christian Brunet, président de l’UPA Rhône-Alpes.

Ce qui explique que l’artisanat, contrairement à d’autres secteurs de l’économie a peu fait jouer la variable emploi pour sortir de la crise dans laquelle elle s’est, comme les autres secteurs de l’économie, engluée en 2008.

Une démarche qui a porté ses fruits, puisque la reprise est là, patente, depuis le début de l’année avec uns croissance de 3,5 % du chiffre d’affaires régional de l’artisanat, au cours du premier semestre 2011. Le meilleur score de toutes les régions de l’Hexagone.

Certes, tous les secteurs de l’artisanat ne sont pas logés à la même enseigne. Le bâtiment qui est reparti le plus vite grâce à une météo clémente, affiche une hausse de chiffre d’affaires de 5 %. Il a été suivi des artisans de la fabrication qui ont aussi tiré leur épingle du jeu (+ 3 % de hausse de leur CA). Les moins bien lotis, les métiers de bouche ont vu leur CA stagner, suite aux difficultés de pouvoir d’achat des Français, tandis que les services reculaient nettement : – 2 %. Un effet retard, suite à la crise ? Peut-être.

Mais globalement, ces bonnes dispositions ont permis aux trésoreries des entreprises artisanales de se regarnir quelque peu, mais fortement affectées par la crise, « elles sont loin d’être totalement reconstituées. Elles restent fragiles », déplore Christian Brunet.

« Et pourtant– s’inquiète le président de l’UPA- les besoins des artisans en phase de redémarrage sont importants : la reprise de l’activité nécessite de déployer de nouveaux moyens financiers : en achetant par exemple des outils, du matériel, pour les entreprises du bâtiment.»

Or, là, gros souci : « Vu la dégradation des trésoreries, les ratios financiers sont moins brillants et les banques ont tendance à durcir leurs critères pour prêter de l’argent. Ainsi, tel artisan qui avait un plafond de découvert jusqu’à 10 000 euros, voit désormais ce plafond fondre à 7 000 », s’alarme Christian Brunet.

D’oû l’appel pressant du président de l’UPA « à ce que les banques continuent d’accompagner les entreprises en difficulté et apportent des moyens en matière de crédits aux entreprises pour lesquelles de réelles perspectives existent. Les banques ont été aidées par la puissance publique pendant la crise, à elles maintenant d’aider les entreprises !»

Cette fragilité est attestée par le maintien du dispositif FRAU (Fonds Régional d’Action d’Urgence ) instauré au plus fort de la crise. 111 entreprises artisanales ont dû faire appel au Fonds depuis le début de l’année 2011 pour un total de 769 entreprises aidées depuis 2008.

Ceci étant, le président de l’UPA rajoute une autre incertitude à ces difficultés financières, en l’occurrence, « les échéances électorales qui créent d’ordinaire un attentisme et qui provoquent généralement un tarissement des marchés publics. »

Au total, il espère que « le vent d’optimisme que nous constatons depuis le début de l’année ne laissera pas la place aux incertitudes et aux inquiétudes : vu l’état des trésoreries, une rechute aurait de sérieuses conséquences. » Assurément, au-delà du seul artisanat, un sentiment partagé par tous les acteurs économiques.

Photo (DR). Christian Brunet, président de l’Union Professionnelle Artisanale Rhône-Alpes : « Les échéances électorales créent d’ordinaire de l’attentisme…. ».