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« Cette acquisition est le début de quelque chose » : l’aventure américaine de Norbert Dentressangle

Le groupe rhônalpin de transport et de logistique a racheté en août 2014 la société américaine « Jacobson ». Pour quelle stratégie ? Un basculement du groupe vers les USA est-il à prévoir ? Les explications d’Hervé Montjotin, le président du directoire.

Un sacré bond. Quatre milliards d’euros de chiffre d ‘affaires en 2013, un peu moins de cinq milliards en 2014…

 Le groupe rhônalpin Norbert Dentressangle a-t-il réussi dans une conjoncture morose à performer beaucoup plus que ses concurrents ?

 En réalité si son chiffre d’affaires est en hausse d’une année sur l’autre de 16 %, passant de 4 milliards d’euros à 4,7 milliards, la raison tient au rachat d’une belle société américaine, Jacobson. A périmètre constant, la hausse s’affiche tout de même à 4,1 %.

 Désormais, le groupe créé par Norbert Dentressangle réalise 64 % de son chiffre d’affaires hors de France.

 « Ce rachat de la société américaine Jacobson n’est pas tombé du ciel. On travaillait sur une acquisition aux Etats-Unis depuis deux ans », se remémore Hervé Montjotin.

 Jacobson, n° 4 de la logistique aux USA

 C’est effectivement une belle américaine. Réalisant 800 millions d’euros de chiffre d’affaires, elle est le numéro 4 de la logistique aux USA.

 De son siège à Des Moines au milieu des plaines à blé du centre des Etats-Unis, dans Iowa, « cette entreprise a la capacité à couvrir l’ensemble du territoire américain », précise le président du directoire. Elle compte 5 000 salariés et 500 véhicules.

 Grand avantage : Jacobson est non seulement une entreprise performante, « mais surtout, elle offre une meilleure marge qu’en Europe : 8 à 10 %, contre 5 à 6 %. »

 Hervé Montjotin, président du directoire (photo D. Largeron)

Ravi de l’opération, Hervé Montjotin l’assure : « Cette acquisition est le début de quelque chose. Avec ce rachat, nous constatons qu’il y a véritablement des choses à faire aux USA. Une autre opération de croissance externe n’est pas à exclure… »

 Et de préciser : « Cela peut passer par des acquisitions, mais aussi des développements croisés Amérique/Europe. »

 Il est vrai que cette opération de croissance externe a bénéficié d’un bon timing : « Nous l’avons rachetée au tout début du boom de l’économie américaine. Cela nous évite d’être trop dépendant de la conjoncture européenne : c’est une bonne nouvelle pour les actionnaires ! »

Un troisième métier en croissance de 42 % l’année dernière

 Outre la logistique qui a désormais pris le pas sur le transport pur, Dentressangle a développé un troisième métier, moins visible, plus discret que celui utilisant les célèbres camions rouges.

 Cette troisième division baptisée « Air & Sea » qui a réalisé l’année dernière 206 millions d’euros de chiffre d’affaires, a connu une croissance de …42 %.

 Il s’agit du même métier que celui opéré par la société lyonnaise Clasquin bien connue des entreprises exportatrices : les prestations d’ingénierie en transport aérien et maritime, et en logistique overseas.

 Dentressangle se positionne désormais aussi en architecte et maître d’œuvre de toute la chaîne de transport et de logistique à travers les océans : il pilote et organise les flux de marchandises de ses clients, entre la France et le monde.

 « Avec des entreprises que nous connaissons bien, avec lesquelles nous avons une certaine intimité à force de travailler tous les jours avec leur management et dont nous connaissons bien la culture, telles que Danone ou Inditex, par exemple, nous pouvons désormais opérer des développements croisés USA/Europe », se félicite Hervé Montjotin.

 Grandir pour rester un fournisseur de 1er rang

 « Pourquoi cette volonté de grandir sans cesse ? », s’auto-interroge Hervé Montjotin, patron exécutif d’une société qui n’a cessé de mener des opérations de croissance externe tout au long de son existence. Et de répondre aussitôt : « L’ambition de notre entreprise est d’être fournisseur de 1er rang au service de clients donneurs d’ordres. Pour rester au 1er rang, il faut que nous soyons capables de nous situer au niveau des plus grands, tels que DHL ou Danzas. Pour être au 1er rang, il faut être grand : la barre est actuellement situé à 5 milliards d’euros. C’est un niveau minimal pour être tout juste reconnu… »

 Et d’ajouter : « Mais même à ce niveau, nous restons un nain, en termes de part de marché : à peine 2 % en Europe ! »

 On l’aura compris : Norbert Dentressangle va continuer à racheter des sociétés de transport ou de logistique. En Europe, mais aussi aux Etats-Unis. A condition que la prise soit aussi belle que Jacobson…