Toute l’actualité Lyon Entreprises

Clusters et pôles de compétitivité : la clarification

L’acte 3 de la décentralisation qui devrait aboutir à un renforcement des compétences de la région Rhône-Alpes, notamment en matière économique, est aussi l’occasion de redéfinir le rôle de chacun : les pôles de compétitivité figurent au menu des discussions : qui en aura la compétence, qui paiera ? Du côté des clusters, créés, eux, par la Région, l’heure est aussi à la clarification avec l’assignation d’objectifs précis…

Rendons à César ce qui appartient à César, en l’occurrence « les grappes d’entreprises » que l’on désigne hors de France sous le nom de clusters.

 C’est la région Rhône-Alpes qui, dès 2004, a acclimaté la première ces grappes d’entreprises et qui a doté certaines de noms à consonance anglo-saxonne pour mieux leur permettre de se développer à l’international : Aerospace (aéronautique ou spatial), Organics (produits biologiques) ou encore Automotive (automobile).

 Au nombre de douze, désormais -le dernier en date est Allira, le cluster agro-alimentaire-, ces slusters fédèrent aujourd’hui 1 400 adhérents dont un millier de PME et quatre cents de labos de recherche ou membres institutionnels, afin de créer un écosystème fertile en terme d’innovations et de développement.

 Peu après, en 2005, l’Etat a créé, ce qu’il a appelé, lui, les pôles de compétitivité, une concurrence vue d’abord d’un mauvais œil par la région Rhône-Alpes. Elle a finalement joué le jeu et a même marié parfois le cluster avec le pôle de compétitivité situé dans le même secteur (à l’instar d’Imaginove consacrés à l’image numérique sous toutes ses formes), tirant un trait sur une concurrence qui n’avait pas lieu d’être.

Rhône-Alpes capte le quart des Fonds interministériels

 Une certitude, comme le montre l’audit sur les pôles commandé par le gouvernement précédent : les pôles de compétitivité sont une réussite. Et à ce jeu, Rhône-Alpes s’est avérée championne : sur les treize pôles de compétitivité recensés, la région en aligne sept qualifiés de « très performants » par cet audit. Un autre chiffre illustre le poids que ceux-ci ont gagné : 25 % des fonds du FUI (Fonds Unique Interministériel, le guichet des pôles) sont allés à Rhône-Alpes.

 Jean-Jacques Queyranne, le président de la Région Rhône-Alpes en est persuadé : « Il est difficile d’appréhender ce qu’ont apportés les clusters et les pôles en matière d’emplois. Ce qui est certain en revanche, c’est que si ces structures n’avaient pas existé, l’économie régionale aurait beaucoup plus souffert ! »

 La gauche arrivée au pouvoir n’entend donc pas tirer un trait sur des structures qui marchent. Pour autant, les règles pourraient bien évoluer, question financement. Et dans le cadre de l’acte 3 de la décentralisation, actuellement en préparation, les discussions entre les Région et l’Etat-et notamment Bercy- sont apparemment vives.

 «  Nous ne voulons plus du Colbertisme, ni d’un modèle dual qui attribuerait l’accompagnement des pôles de compétitivité mondiaux à l’Etat et les autres aux régions : c’est le message que nous sommes en train de faire passer . Nous voulons transmettre une vision issue du terrain qui n’est pas celle de l’Inspection des Finances…», explique Jean-Jack Queyranne.

 Dans le même temps,il émet le souhait que l’Etat continue de financer les Pôles.

 Du côté des clusters, essentiellement financés par la Région, l’heure est à la clarification. La région entend les doper, mais en leur imposant un cadre précis. Des contrats d’objectifs sur la période 2012-2015 ont ainsi été signés mardi 2 septembre, lors des 1ères Journées de l’innovation, avec les présidents de chacun des douze clusters. Il établit pour chaque cluster une stratégie de développement.

Objectif fixé au cluster Aerospace : 45 % d’adhérents en plus

 Par exemple, le cluster Aerospace qui compte actuellement cent membres se voit assigner l’objectif d’atteindre 145 adhérents d’ici 2015 (la filière compte 250 entreprises dans la région). La charte d’objectifs indique qu’il devra faite passer ses actions collectives de cinq à huit chaque année. Il doit aussi doubler le nombre de projets d’innovation qui passeraient ainsi de trois à six.

 On sait que l’industrie de l’aéronautique est partie pour croître au rythme de 5 % au cours des années à venir. L’objectif est de faire en sorte que Rhône-Alpes qui rassemble déjà 16 000 emplois directs dans le secteur pour 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, tire profit d’un des rares secteurs actuellement en bonne santé…

 Reste que, comme le souligne aussi l’audit, que la grande lacune des pôles est la faiblesse d’outils statistiques performants qui permettraient d’appréhender plus précisément les retombées des pôles et autres clusters, en termes d’emplois notamment. Un objectif supplémentaire à rajouter à la liste ?

 Photo (Franck Trabouillet)-Au siège de la région Rhône-Alpes, les représentants des douze clusters, à l’issue de la signature de leur charte d’objectifs.