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Conjoncture en Rhône-Alpes : toujours pas d’élan

« Toujours pas d’élan » : tel est le titre donné par l’Insee Rhône-Alpes à sa dernière Lettre de conjoncture. Elle annonce un premier semestre 2013 atone (+ 0,1 %), mais pas d’effondrement, ni de récession. Et tout reste ouvert pour le second semestre. Tout dépendra de la confiance des chefs d’entreprises et des consommateurs au cours des mois à venir.

« Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? » Les conjoncturistes de l’Insee Rhône-Alpes pourraient reprendre à leur compte la célèbre formule. Depuis 2011, la conjoncture dans la région Rhône-Alpes affiche un encéphalogramme parfaitement plat.

 Ils ont eu beau scruter tous les paramètres constituant cette fameuse conjoncture à venir pour le premier semestre 2013, ils n’ont constaté aucun changement. Le quatrième semestre 2012 s’est calé sur la croissance 0, voire une légère récession en France (- 0,2 ). Et le premier semestre 2013 ne marquera qu’une légère progression : + 0,1 %.

 L’explication est simple : tous les constituants de la croissance sont en suspend. Pas d’effondrement, mais pas d’élan, non plus.

 Stabilisation de l’export

 Si les parts de marché à l’exportation ne dégringolent plus comme c’était le cas depuis 2003, via une glissade continue, pas de hausse non plus. Rhône-Alpes et l’Hexagone n’arrivent toujours pas à accrocher la croissance des pays émergents qui font actuellement le dynamisme de l’économie mondiale.

 L’autre moteur constitutif de la croissance, la consommation des ménages reste-et c’est plutôt, là, une bonne surprise- étale, malgré les augmentations de taxes et d’impôts tous azimuts. La raison : les Français puisent dans leur épargne. Il est vrai qu’avec les Chinois, nous ne sommes pas loin d’être les champions du monde de l’épargne (17 % du revenu des Français). Une épargne bienvenue pour les consommateurs fourmis en ces temps moroses.

 Le troisième moteur : l’investissement des entreprises est lui aussi en « stand by ». Pas de recul, mais pas d’avancée non plus : là encore, l’Insee pronostique 0 %.

 On comprend mieux dès lors ce sur-place de l’économie nationale et régionale.

 L’intérim en première ligne

 Les conséquences sont visibles chaque mois lorsque tombent les statistiques de Pôle Emploi avec l’augmentation continue du chômage. Pourtant Rhône-Alpes n’est pas la plus mal lotie puisque l’emploi salarié tend encore à se développer dans les services et le commerce, mais pas dans l’industrie, ni la construction. Ce n’est pas suffisant, d’autant que la croissance démographique et l’attrait de la Région par les acteurs économiques provoquent une hausse continue de la population active. Le bilan est une dégradation continue qui coupe d’ailleurs la région en deux. La moitié de Rhône-Alpes, très précisément les départements du Rhône, de l’Isère, de la Savoie et de l’Ain ont retrouvé leur niveau d’emploi d’avant la crise ; alors que la Drôme, l’Ardèche, la Loire et la Haute-Savoie sont toujours à la peine.

 Les emplois les plus touchés, comme toujours en première ligne en période de crise : l’intérim. Les 63 300 salariés du secteur en Rhône-Alpes paient actuellement un lourd tribut. Et l’on n’aperçoit aucun redressement pour l’heure.

 « Tout reste ouvert » pour le second semestre 2013

 Bref, toutes les courbes sont mal orientées. Pour le premier semestre du moins. Pour le second « tout reste ouvert » reconnaît-on à l’Insee Rhône-Alpes qui ne se hasarde pour l’heure à aucun pronostic. Tout dépendra dans la confiance qui régnera au cours des mois à venir chez les consommateurs et les acteurs économiques. Le récent accord sur la flexibilité du travail signé la semaine dernière par les partenaires sociaux pourrait y contribuer. Mais cela ne sera sans doute pas suffisant.

 Il est sûr qu’avec l’acquis de croissance de ce premier semestre 2013, les + 0,8 % de croissance du Produit Intérieur Brut inscrits dans la Loi de Finances 2013 risquent d’être très difficiles à atteindre. Et si, à la fin de 2013, la moitié seulement (soit 0,4 %) s’affiche au compteur, l’on pourrait s’estimer heureux….

 -Lettre de conjoncture de l’Insee Rhône-Alpes n° 186, janvier 2013

 Illustration (Insee Rhône-Alpes)-L’intérim pique du nez depuis le début de l’année 2011, de manière encore plus accentuée en Rhône-Alpes ces derniers mois, que dans l’Hexagone.