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Conjoncture : le moteur économique rhônalpin se grippe

Avec la crise de la dette européenne, les plans de rigueur qui s’enchaînent, la confiance s’érode. Or, celle-ci est un des principaux moteurs de l’économie. Résultat : la reprise vigoureuse que l’on avait pu constater en début d’année 2011 se grippe peu à peu et la fin de cette année, la croissance pourrait être bien nulle. Les mauvais signaux se multiplient : le chômage est à la hausse et l’intérim à la baisse, les chiffres d’affaires du commerce à Lyon ont chuté de 6,7 % en septembre. Voilà qui n’augure rien de bon pour 2012 : l’acquis de croissance sera pour le moins limité…

Même si en septembre, l’augmentation du chômage s’est révélée moindre en Rhône-Alpes que dans l’Hexagone, la région n’est bien évidemment pas en dehors du ralentissement général de l’activité qui touche la France.

L’emploi a ainsi envoyé un premier signal plutôt inquiétant avec une augmentation du nombre de chômeurs en septembre de 0,5 % dans la région, contre + 0,9 dans l’Hexagone. Soit une file de demandeurs d’emplois de 256 186 personnes de catégorie A, soit encore une augmentation de 2.2 % sur un an.

Un autre signe qui ne trompe pas : traditionnellement les retournements économiques touchent les départements les plus industrialisés, les plus dynamiques. Or les plus fortes hausses du chômage ont été constatées dans l’Ain qui était presque à la limite du plein emploi (+ 2,5% !) et dans le Rhône (+ 1 %). Dans les autres départements, le chômage a heureusement progressé beaucoup plus faiblement et a même légèrement diminué dans la Loire (- 0.4 %).

Deuxième signe fort : l’emploi intérimaire. Il avait fortement augmenté depuis deux ans. Or, pour la première fois, il diminue au deuxième trimestre de 1,7 %.

Dernier signe fort qui témoigne de la baisse de la consommation. Selon l’enquête mensuelle de la CCI de Lyon auprès d’un panel de commerces indépendants de détail de moins de 400 m2, le chiffre d’affaires du commerce au mois de septembre 2011 chute de 6.7 % par rapport à septembre 2010 (-1,3 % en Rhône-Alpes) !

La dégringolade la plus spectaculaire est constatée dans l’équipement de la maison qui enregistre une baisse de son chiffre d’affaires de – 23.3 % par rapport à la même période de 2010 ; l’équipement de la personne baisse, lui, de 11,1 %. Il est vrai que celle-ci s’explique aussi par la clémence du temps et le report des achats liés aux collections hivernales.

On le voit avec l’étonnant succès de films français comme « Polisse » ou «Intouchables »  qui ont dépassé en quelques jours le million de spectateurs, dans l’ambiance morose actuelle, les Lyonnais et les Rhônalpins ont besoin de se changer les idées : seul, le secteur culture-loisirs s’en tire bien, avec une augmentation moyenne des chiffres d’affaires de 0,6 %. Ouf !

Pour le reste, peu de domaines qui n’expriment ce grippage de l’économie régionale : comme nous l’indiquions récemment, pour la première fois de son histoire, le solde du commerce extérieur rhônalpin est tombé dans le rouge au cours du deuxième trimestre. Les exportations ont reculé de 1,6 % (contre – 1 % au niveau national) pour s’établit à 11,9 milliards d’euros. Finie la belle envolée que l’on avait pu constater depuis la mi-2008 avec une progression régulière et rapide, proche de 20 % en rythme annuel…

Faisant mentir l’adage, « quand le bâtiment va, tout va », seul ce secteur restait en phase ascendante au deuxième trimestre. Les mises en chantier de logements poursuivaient en Rhône-Alpes leur reprise amorcée à l’hiver 2010/2011, selon l’Insee Rhône-Alpes. Il en était de même pour les locaux d’entreprises qui augmentent de 1,9 %. « Au troisième trimestre, l’activité du bâtiment poursuivrait son amélioration, surtout dans le second œuvre », estiment les conjoncturistes de l’Insee.

Toujours selon l’Institut de la statistique, la croissance du Produit Intérieur Brut (Pib) lors de ce même troisième trimestre devrait s’établir à + 0,3 %, avant de faire probablement du sur-place au quatrième : 0 %.

On le sait, la confiance est un des ingrédients majeurs de l’économie. Or, avec la crise actuelle de la dette européenne et les plans de rigueur qui s’enchaînent celle-ci s’effiloche sérieusement. Ce qui se traduit par un maintien élevé du taux d’épargne des Français, ce qui n’est jamais bon signe pour la consommation.

L’acquis de croissance pour 2012 sera donc faible puisque la croissance semble s’évanouir en cette fin d’année. On ne peut malheureusement à cette heure qu’esquisser deux scénarios : celui de la récession qu’envisagent déjà certains instituts de conjoncture ou à tout le moins une croissance très molle. Rien de très réjouissant dans les deux cas. Et du côté de la CGPME Rhône-Alpes, on signale déjà que près d’un tiers des chefs d’entreprises annoncent vouloir ralentir ou geler leurs investissements. En attendant d’y voir plus clair.

Illustration : Un mauvais signal, l’intérim pique à nouveau du nez.