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Conjoncture : les freins à la croissance commencent à se desserrer…un peu

Et si enfin l’économie commençait à repartir ? L’insee Rhône-Alpes annonce un taux de croissance de 0,3 % au cours des deux premiers trimestres de 2015, tandis que la succursale régionale de la Banque de France voit se multiplier des indicateurs encourageants. Rien de fulgurant, mais une inflexion semble se dessiner.

Après trois années de quasi-stagnation avec des croissances très faibles (*), 2015 sera-t-elle enfin l’année du redémarrage de l’économie française ?

Jamais, au cours des trois dernières années, on a assisté en même temps à une telle accumulation de facteurs positifs : baisse de l’euro qui favorise l’export, baisse du prix du baril qui donne du pouvoir d’achat aux ménages, taux d’intérêt jamais aussi bas, plan d’investissement européen proposé par Jean-Claude Juncker et enfin, cerise sur le gâteau, jeudi 22 décembre, une injection massive de liquidités dans l’économie européenne par la Banque Centrale Européenne.

Si avec tout ça, l’économie ne redémarre pas !

Eh bien, cela va peut-être être enfin le cas. Pour l’Insee, selon sa dernière Lettre de conjoncture, « Les freins se desserrent un peu ».

+ 0,3 % de croissance aux 2ème et 3ème trimestres 2015

Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas un démarrage en flèche, loin s’en faut. Mais, après un décevant 0,1 % de croissance au quatrième trimestres 2014, l’institut statistique prévoit 0,3 % de croissance aux 1er et 2ème trimestre 2015. Si l’économie ne poursuit pas sa progression aux 3ème et 4ème trimestres et stagne, l’acquis de croissance pour l’ensemble de l’année 2015 serait tout de même de 0,7 %.

Si les facteurs favorables énoncés plus haut accentuent leurs effets et que la croissance poursuive sa lente ascension lors de ces mêmes 3ème et 4ème trimestres, on pourrait atteindre le 1 % de croissance annoncé par le gouvernement et un certain nombre de conjoncturistes.

Si c’est le cas, Rhône-Alpes qui est une région industrielle pourrait même accentuer, comme souvent cette tendance haussière.

Cette vision optimiste se lit dans les derniers chiffres de l’Insee et de la succursale régionale de la Banque de France.

Baisse de l’euro aidant, les exportations reprennent du poil de la bête. Elles ont crû en Rhône-Alpes de 0,3 % au troisième trimestre 2014 (+ 1,4 % au niveau hexagonal). Manifestement, l’effet euro n’avait pas encore totalement joué, puisque c’est surtout vers l’Union Européenne que les exportations ont le plus augmenté (+ 0,8 %).

Les « autorisations de construire » repartent

Enfin autre signe intéressant, alors que le Bâtiment devrait afficher son plus bas niveau de constructions neuves depuis longtemps (300 000 logements seulement pour 500 000 espérés), les autorisations de construire, prémisses de futurs chantiers, ont commencé à repartir au 3ème trimestre 2014.

Ainsi l’activité du BTP rhônalpin pourrait s’afficher en (petite) hausse au 1er trimestre 2015. « Ce sont les entreprises réalisant plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires qui connaissent les tendances les plus favorables, les TPE et les petites PME continuent de souffrir », reconnaît-on du côté de la Banque de France.

On est loin d’un raz de marée : + 1,8 % ; mais après une baisse de – 4,4 % au 2ème trimestre 2014, on tient peut-être là une inversion de tendance.

Côté industrie, l’indicateur synthétique du climat des affaires de la Banque de France a retrouvé en décembre une tendance haussière et dépasse l’indicateur national. « Les carnets de commande se regarnissent, alors que les stocks sont à un niveau relativement bas  », constate-t-on à la Banque de France

Il en est de même pour les services marchands.

Enfin, « les incidents de paiement déclarés par les banques concernant les entreprises restent à un niveau moyen : la situation est contenue. »

Ceci dit, il faudra attendre de longs mois, si ce redémarrage progressif se confirme, pour qu’il se traduise en termes d’emplois.

La raison tient au fait que la situation au 3ème trimestre 2014 était particulièrement mauvaise. Rhône-Alpes a ainsi perdu 6 200 postes de travail au cours de ce trimestre (- 0,4 %). Les services étaient le seul secteur à créer des emplois (+ 1 150), alors que l’industrie en détruisait (- 1 900), de même que le commerce (- 600) ou la construction (- 1 100).

Forte chute de l’intérim

Quant à l’intérim, considéré comme un indicateur avancé, il connaissait une de ses plus fortes chutes de ces dernières années : – 5,6 %, soit 3 700 emplois détruits. On comprend mieux dès lors les derniers chiffres du chômage rendus publics par Pôle Emploi à la fin d’année 2014, particulièrement mauvais.

Même avec la petite embellie annoncée, les chiffres de l’emploi devraient prendre du temps pour se redresser. Selon l’Insee ils devraient tout de même « progresser légèrement d’ici la mi-2015 »

Reste tout de même que Rhône-Alpes affiche un taux de chômage inférieur d’un point au taux national (8,8 % contre 9,9 %) ; tandis que des départements comme l’Ain (7,1 %) et la Haute-Savoie (7,5 %), sont relativement préservés.

L’investissement des entreprises toujours au point mort

Autre point négatif : si la consommation des ménages tend à accélérer, l’investissement des entreprises reste et devrait rester faible.

Pour qu’il redémarre, il manque encore un ingrédient primordial : la confiance. Celle-ci pourrait peut à peu revenir si le scénario vertueux, dessiné par l’Insee se confirme, permettant aux freins à la croissance de se desserrer définitivement…

(*) 0,3 % de croissance du PIB en 2012 et 2013, probablement 0,4 % en 2014.