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De profundis Erai : la structure créée par Alain Mérieux vers la liquidation

Un sacré gâchis. Non seulement Entreprise Rhône-Alpes international (Erai) ne pourra pas fusionner comme prévu avec l’Ardi (Agence régionale de l’innovation), mais un vote contre l’exécutif du Conseil régional remet en cause l’existence même de cette structure qui s’est pourtant révélée très utile dans l’accompagnement à l’international des PME-PMI de la Région.

Une alliance en apparence improbable semble bien avoir signé l’arrêt de mort d’Entreprise Rhône-Alpes international (Erai), vendredi 6 mars au Conseil régional Rhône-Alpes. Cela peut paraître surréaliste, mais cette décision pourrait bien signifier la disparition de 126 emplois.

 Le dossier du financement d’Erai pour cette année 2015 a en effet été retoqué par la commission permanente.

 L’exécutif qui l’avait présenté par la voix de son rapporteur, Jean-Louis Gagnaire, vice-président du Conseil régional chargé de l’économie, a été mis en minorité par ses alliés (?), d’EELV (Europe Ecologie Les Verts), mais aussi par le Front National, mais encore par l’UMP.

 Un dernier vote contre qui ne manque pas de sel si l’on sait qu’Erai a été créé par un proche de l’UMP lorsqu’il qu’il était vice-président de la Région, Alain Mérieux.

 Il avait créé cette structure parce qu’il estimait qu’il était nécessaire d’accompagner les PME-PMI de la région dans leurs efforts d’exportation. La suite lui avait donné raison, la structure a vite pris son envol.

 Erai s’apprêtait d’ailleurs à fusionner d’ici quelques mois avec l’Ardi (Agence régionale de l’innovation). Pour ce faire, les deux structures s’étaient installées dans le même immeuble dans le quartier Confluence, à proximité de la CCI régionale.

 Les deux structures devaient donner naissance à un organisme capable d’apporter à lui seul les fameux 3 « i » gagnants, aux PME-PMI de la Région : l’international, l’innovation et l’investissement.

 Ce beau projet vient d’exploser en vol.

 Jean-Louis Gagnaire, vice-président chargé de l’Economie au Conseil régional est abasourdi. « Après ce vote, il n’y a plus de solution. Contrairement à ce que prétendent les Verts, on ne peut pas remettre tout à plat. Il n’y a pas de Plan B. Malheureusement Erai va tout droit vers la liquidation. Je ne vois pas d’autres alternatives. »

 Il souhaite seulement « pouvoir sauver quelques lambeaux d’Erai qui pourraient être attribués à l’Ardi. » Mais c’est tout.

 Sous la protection du tribunal de commerce ?

 Jean-Louis Gagnaire estime que Daniel Gouffé, le président d’Erai ne va pas avoir d’autre choix que de se mettre sous la protection du tribunal de commerce.

 Il faut savoir qu’Erai n’est pas en bonne santé financière et c’est la raison pour laquelle les Verts ont voulu mettre en cause son financement.

 Cette structure présente, selon Jean-Louis Gagnaire qui siégeait au conseil d’administration et dont il a démissionné en janvier, actuellement 3 millions de découvert supporté par une banque de la place.

 Le vote de la région devait lui donner les moyens de repartir de l’avant.

 L’un des responsables de ce beau gâchis est le président d’Erai lui-même, Daniel Gouffé.

Après ce vote, il a rendu public un communiqué que Jean-Louis Gagnaire qualifie de « surréaliste ».

 « Erai a été instrumentalisé à des fins politiques »

 Daniel Gouffé, le président d’Erai explique d’abord que « dans un contexte où malheureusement Erai a été instrumentalisé à des fins politiques, (il) déplore l’irresponsabilité des élus qui, en toute conscience, mettent en péril 126 collaborateurs et leurs familles ainsi qu’un outil reconnu au niveau national et international. »

 Il ajoute : « Je regrette cette décision très grave qui touche les centaines d’entreprises qui nous font confiance et qui s’appuient sur Erai pour créer de la richesse et des emplois. »

 Avant de conclure sur une note optimiste qui paraît hors de propos : « Je remercie les représentants des milieux économiques qui, spontanément, s’engagent à nos côtés afin qu’Erai puisse poursuivre les missions qu’elle assure depuis son origine. Dans ce contexte de carence de subvention publique, toutes les équipes d’Erai en France et dans les 27 bureaux à travers le monde restent, plus que jamais, pleinement mobilisées au quotidien et pour l’avenir. »

 Si l’on sait que 60 % du financement d’Erai provient du Conseil régional et que d’autre part, ses finances ont été affectées par le coût très important du pavillon Rhône-Alpes de Shanghai, on voit mal désormais comment Erai pourrait survivre.

 Erai devait toucher 1,6 million d’euros de subventions+750 000 euros

 Il devait recevoir 1,6 million d’euros de subvention de la Région, soit les 9/12èmes de ses besoins annuels, les 3/12 ayant été préalablement votés, auxquels s’ajoutaient 750 000 euros destinés à mettre en œuvre le plan de restructuration menant à la fusion avec l’Ardi.

 Même si on ne refait pas l’histoire, l’un des responsables de ce naufrage est bien Daniel Gouffé, 75 ans, le président d’Erai lui-même.

 S’il avait démissionné comme il s’était engagé dans un communiqué, le vote du Conseil régional condamnant Erai aurait sans doute été différent. Son maintien à la barre d’Erai envers et contre tout a été vécu par les élus anti-Erai comme un chiffon rouge qu’on continuait à agiter devant eux.

 D’après Jean-Louis Gagnaire, la structure Erai n’a devant elle que deux mois de trésorerie. Les choses risquent donc d’aller malheureusement très vite. Un total de 126 emplois est en jeu. Ainsi que l’accompagnement des entreprises rhônalpines à l’international et le réseau d’ambassades dont les PME-PMI de la région pouvaient bénéficier sur la plupart des continents.

 Alain Mérieux doit s’arracher les cheveux.