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Deux mille chefs d’entreprise décernent un carton jaune à François Hollande…en présence de Gérard Collomb

Résultat médiatique assuré. En présence de la plupart des médias nationaux, le meeting d’exaspération du Medef et de la CGPME a permis mardi 8 octobre à la Cité internationale à Lyon, aux chefs d’entreprise d’exprimer leur ressentiment à l’égard du gouvernement et plus précisément de François Hollande. Une volée de bois vert décernée au président de la République… en présence de Gérard Collomb, maire PS de Lyon, qui avait pris place au premier rang.

 « J’espère être le trait d’union entre les chefs d’entreprises et les politiques ». C’est un invité surprise qui a prononcé ces mots à l’issue du « meeting d’exaspération » qui a rassemblé mardi 8 octobre un peu moins de deux mille chefs d’entreprise à L’amphithéâtre de la cité internationale de Lyon. : Gérard Collomb, maire PS de Lyon.

Accueilli par des applaudissements et au cours du meeting par quelques sifflets, il n’avait effectivement pas la partie facile car le gouvernement qu’il soutient et notamment François Hollande ont reçu une volée de bois vert à la tribune.

Pour un Grenelle fiscal

Traduction concrète, les participants de ce meeting avaient tous en main un « carton jaune » qu’ils exhibèrent à de multiples reprises et derrière lequel figurait une pétition exprimant l’exaspération patronale et demandant « l’organisation d’un Grenelle fiscal ».

 Vœu en partie exaucé car Pierre Moscovici, ministre de l’économie, qui avait préalablement, dimanche 6 octobre, proposé au Medef et à la CGPME, les deux organisations patronales organisatrices de cette manifestation, des « assises de la fiscalité » des entreprises au cours des mois à venir. Reste à en fixer la date.

 Il est vrai que retrouver à la fois le président du Medef, Pierre Gattaz et celui de la CGPME, en l’occurrence Jean-François Roubaud sur une même estrade ne s’était pas vu depuis… la loi sur les 35 heures.

 Les présidents nationaux des deux organisations patronales étaient accompagnés sur scène des deux véritables initiateurs de ce meeting : Bernard Fontanel, président du Medef Lyon Rhône et François Turcas, président de la CGPME Rhône et Rhône-Alpes qui, malgré les divergences qui ont pu parfois exister entre les deux syndicats patronaux ont su toujours maintenir entre eux des liens forts.

 « Asphyxiés, ligotés »

 Selon les intervenants à la tribune, le ton variait de la colère à l’exaspération, en passant par des paroles plus modérées, à l’instar de Pierre Gattaz, président du Medef, pour qui ce rassemblement ne constituait « pas une rébellion, pas une révolution, mais une mobilisation de chefs d’entreprises qui sont en souffrance » et qu’il fallait « entendre leur cri d’alarme ».

 Soulignant « l’unité patronale » les deux dirigeants nationaux ont, tour à tour, insisté sur la faiblesse des taux de rentabilité des entreprises françaises qui leur interdit d’investir et de créer des emplois, sur la lourdeur des charges sociales et des réglementations, « trois épouvantails qui font que nous sommes asphyxiés, ligotés », selon Pierre Gattaz qui a évoqué « le stress des patrons ».

 « Une taxe tous les jours (137 au total, pesant sur les entreprises) on n’en peut plus. Aujourd’hui même l’entreprise qui marche bien n’ose pas investir, car elle ne sait pas ce qu’il adviendra demain », a jouté Jean-François Roubaud réclamant un « bouclier emploi ».

 « Des mesures concrètes, vite et fort »

 Tout en se félicitant « du discours du président de la République en faveur des entreprises », les deux dirigeants du Medef et de la CGPME ont estimé qu’il fallait des mesures concrètes « vite et fort », notamment dans le cadre des assises de la fiscalité, car « les entreprises sont exsangues, asphyxiées ».

 Pierre Gattaz a notamment demandé que les pouvoirs publics entrent « avec courage dans une baisse franche et massive des dépenses publiques », dénonçant une sphère publique « devenue obèse » qui représente aujourd’hui 57 % du PIB. Il a préconisé une baisse de 100 milliards sur cinq ans grâce notamment à des mesures comme la suppression des départements et de communes et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.

 « Il faut gérer le pays comme une entreprise », a-t-il lancé, avant d’ajouter : « cela ne signifie pas réduire les services où la protection sociale mais optimiser les process ».

 « Nous nous battrons sur tous les terrains »

 François Turcas, président de la CGPME Rhône-Alpes a été le plus offensif : « Ce soir nous lançons le coup d’envoi d’un mouvement de patrons militants qui ne cessera plus. Nous nous battrons sur tous les terrains pour notre chère liberté d’entreprendre », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris.

 De son côté, Bernard Fontanel emprunta le même ton : « Nous en avons assez des promesses qui ne se réalisent pas. Je vais utiliser une image un peu triviale : en la matière, nous voulons être payés au cul du camion ! » ; avant d’ajouter néanmoins : « Nous ne sommes pas des va-t-en guerre ! »

 Les difficultés vécues au quotidien par quatre chefs d’entreprise

 Ce meeting d’exaspération a enfin été marqué par l’intervention de chefs d’entreprises rhônalpins de diverses provenances : Benoît Soury, directeur général de la Vie Claire, Gautier Cassagnau, Pdg de la start-up Geolid, Emmanuel Imberton, Pdg de la Cotonnière lyonnaise et Sandrine Stojanovic, responsable du groupe femmes chefs d’entreprise de la CGPME. Tous quatre ont décrit avec émotion et sous les fréquents applaudissements de leurs pairs, toutes les difficultés fiscales et réglementaires auxquelles ils sont quotidiennement confrontés.

 « Chez les chefs d’entreprises, il n’y pas que de la souffrance, il y a une exacerbation et parfois de la colère. C’est un signe qu’il ne faut pas négliger », assura à la tribune, en guise de conclusion le président national du Medef.

 Pas question en revanche chez aucun des participants de ce rassemblement d’un appel à une grève des impôts ou de la TVA, malgré parfois des phrases franchement offensives.

 Dûment remplies par les participants, au demeurant, un peu moins nombreux qu’espérés par les organisateurs qui tablaient sur trois mille « patrons militants », les carnets jaunes ont pris dès le lendemain la direction de l’Elysée…

 Photo (DL)Au premier rang, aux côtés d’Alain Mérieux et de responsables du Medef et de la CGPME, Gérard Collomb, maire de Lyon.