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Dominique Hervieu veut développer le mécénat : la Maison de la Danse n’est plus une SCOP

Dominique Hervieu, directrice de la maison de la Danse à Lyon sait aussi faire danser les comptes. Malgré la disette des aides publiques, elle a réussi à augmenter son budget 2013. Et compte bien continuer en mettant le cap sur le mécénat d’entreprise, avec l’aide d’un ancien capitaine d’industrie, Jacques Berger, ex-Sanofi-Pasteur. Une première étape vient d’être franchie : « La Maison » vient de quitter le statut de SCOP qui est celui de ses origines pour prendre celui de SCIC, permettant aux entreprises de défiscaliser leurs dons.

 Chorégraphe, directrice de la Maison de la Danse de Lyon, Dominique Hervieu sait aussi en cette période de disette de subventions, faire danser les budgets. Malgré des aides publiques étales pour 2013 (2,17 millions d’euros) et des recettes de billetterie similaires à celles de l’année dernière, elle a réussi à afficher un niveau de recettes supérieur à celui de l’année dernière : 6,04 millions d’euros.

 Des subventions « de projets » en hausse de 255 %

 Outre le partenarait privé (provenant pour une bonne part BNP Paribas) et des recettes annexes (490 000 euros), cette hausse s’explique par une ligne budgétaire intitulée « subventions affectées à des projets » : 465 000 euros, soit 8 % du budget, soit encore une hausse de …255 % par rapport à 2012.

 Il faut détailler le programme de la Maison de la Danse 2013/2014 actuellement présenté aux abonnés et aux amateurs de danse pour comprendre. La programmation n’est plus linéaire, se présentant comme une simple succession de spectacles. Le programme 2013 sera la saison prochaine entrecoupé de ce Dominique Hervieu appelle « des temps forts », voire des « archipels », c’est-à-dire des sortes de mini-festivals rassemblant plusieurs troupes de danseurs autour d’une même théme.

 La saison à venir sera ainsi rythmée par quatre temps forts. Le premier tournera autour de la chorégraphe Carolyn Carlson, en octobre ; le second, en novembre, autour de compagnies sud-africaines « qui présentent l’une des plus belles créativités actuellement dans le monde », selon Dominique Hervieu.

 Le choix de la création

 Le troisième temps fort se jouera en janvier et février 2014 autour du thème « Tradition, mémoire et modernité », un voyage dans le temps entre les danses de répertoire et les langages chorégraphiques d’aujourd’hui ; et enfin un festival de chorégraphes en devenir, « Sens Dessus Dessous » permettra en mars de découvrir notamment la Grecque Patricia Apergi ou la Québecoise Catherine Goulet ».

 « A chacun de ces projets mis en œuvre, je suis allée chercher des sous, c’est pour cela que nous avons pu cette année étoffer notre programmation », explique la responsable de la Maison de la Danse.

 Autre innovation qui permet de répondre à un reproche récurrent : que la Maison de la Danse ne soit qu’un lieu de spectacle, mais pas de création. Ainsi, le chorégraphe originaire de Lyon, mais star aux Etats-Unis, Benjamin Millepied, responsable de la compagnie californienne LA Project, effectuera deux créations mondiales à la « Maison ». Un projet que le Conseil Régional a accepté d’accompagner financièrement, en sus de sa subvention annuelle de 380 000 euros.

 Dominique Hervieu veut aller encore plus loin à l’avenir en développant le mécénat, peu présent pour l’heure. Elle vient de transformer le statut de la Maison de la Danse qui était une SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production) depuis son origine. Un statut qui ne permettait pas aux entreprises de défiscaliser leurs dons. Elle reste une coopérative, mais d’un genre nouveau, en l’occurrence une SCIC, (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), un nouveau statut juridique créé en 2001.

 Il s’agit d’une société coopérative de forme commerciale à gestion désintéressée. L’avantage : sa fiscalité est identique à celle d’une entreprise classique, ce qui va permettre aux mécénes sollicités de bénéficier de la défiscalisation autorisée par le mécénat. Un attrait que devrait permettre selon Dominique Hervieu d’accroître le nombre d’entreprises accompagnant la Maison de la Danse. La présence désormais d’un ancien capitaine d’industrie dans l’organigramme de la « Maison » pourrait y aider puissamment.

 L’ancien directeur général de Sanofi-Pasteur devient président

A l’occasion de ce changement, Dominique Hervieu devient en effet directrice, tandis que la Maison de la Danse se retrouve désormais dotée d’un président. Il s’agit en l’occurrence de Jacques Berger, l’ancien directeur général du leader des vaccins, Sanofi-Pasteur, qui après une carrière qui l’a amené aux Etats-Unis, en Belgique et en France, a décidé de la sorte de prendre une retraite active.

A travers cette chasse aux financements nouveaux, l’objectif de la directrice de la Maison de la Danse est, tout en accueillant, les meilleures troupes de la danse contemporaine mondiale tout au long de l’année (trente-huit compagnies internationales lors de la saison à venir), d’élargir son public : 155 000 spectateurs recensés l’année dernière dont 12 527 abonnés.

Cette volonté d’élargissement explique la présence de spectacles tournant autour de la danse hip hop, du cabaret, mais aussi des « nouveaux cirques » en vogue. Ils sont susceptibles d’attirer le jeune public dont la part est passée la saison dernière de 22 à 29 %. Le vivier des spectateurs de demain se situe là.

Pour sa deuxième saison, après le passage de témoin de Guy Darmet, Dominique Hervieu joue une partie difficile : il lui faut maintenir une fréquentation importante, développer des incursions dans des domaines très différents, y compris dans la danse contemporaine la plus pointue, tout en ne désorientant pas le public traditionnel de la Maison de la danse. Ce n’est pas sans risques, mais, au vu du programme, c’est assurément excitant.

Photo (DR et DL)Jacques Berger, nouveau président de la Maison de la Danse et Dominique Hervieu, directrice.