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EDF : une nouvelle filière en voie d’émergence, la déconstruction de centrales nucléaires

La filière a déjà créé près de 800 emplois : la déconstruction des centrales nucléaires atteintes par la limite d’âge est en passe de constituer un vrai business pour EDF. Il y aura bientôt plus de centrales à déconstruire, qu’à construire…

Elle n’en est qu’à ses balbutiements, mais la montée en puissance pourrait s’accélérer. Pour Jacques Longuet, le nouveau délégué régional d’EDF depuis le 1er janvier dernier, « nous sommes en train de créer une nouvelle filière : on déconstruira bientôt plus qu’on ne construira ».

Actuellement l’ancêtre, Creys Malville, le surgénérateur est déjà depuis de nombreuses années en phase de déconstruction.

Celle-ci va s’étaler sur plusieurs dizaines d’années : une sorte de laboratoire pour la suite.

Superphénix, on le sait n’a connu que quelques années de fonctionnement avant de s’arrêter en 1996, suite à la fois à des accidents à répétition dont une fuite de sodium, un faible niveau de charge ; mais aussi pour des raisons politiques.

Une autre tranche, celle du Bugey 1, dans l’Ain, atteinte par la limite d ‘âge, est, elle aussi, entrée en phase de déconstruction.

Pour ce faire, une filiale, ICEDA (Installation de Conditionnement et d’Entreposage de Déchets Activés) a été créée : elle est installée à proximité de Bugey 1. Elle emploie une centaine de salariés. Ses effectifs devaient monter à 200 personnes.

Elle a pour rôle de conditionner et d’entreposer une partie des déchets issus des neuf réacteurs EDF (dont Bugey 1, bien évidemment) en cours de déconstruction.

Ces déchets seront ensuite évacués vers le centre de stockage définitif de l’ANDRA (Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs) prévu à l’horizon 2025 par la loi.

ICEDA accueille aussi des déchets métalliques issus de l’exploitation des centrales en fonctionnement (1 500 tonnes environ).

Une autre filiale d’EDF participe à la déconstruction des centrales définitivement arrêtées dans le cadre de la direction DP2D (déconstruction et stockage de déchets).

Si l’on ajoute une autre filiale dédiée, on arrive, selon Jacques Longuet à près de 800 emplois créés dans le cadre de cette nouvelle filière.

Développer le savoir-faire et le vendre

EDF compte faire grossir cette filière de la déconstruction nucléaire en développant son savoir-faire et en le vendant à l’étranger. Car un nombre grandissant de centrales nucléaires vont devoir être déconstruites.

Et ce marché a tout l’avenir devant lui…

La seule région Auvergne-Rhône-Alpes compte quatre sites nucléaires, soit quatorze réacteurs, tous implantés le long du Rhône. La production d’électricité d’origine nucléaire y représente un peu moins du quart de celle de l’ensemble de l’Hexagone (très précisément 22 %).

Si des centrales sont vieillissantes, d’autres devraient voir le jour. On annonce ains, en vertu des projets en cours, une augmentation de 60 % du parc de centrales EPR dans le monde, construite par les cinq opérateurs se partageant le marché, dont EDF.

Bref, entre le parc existant et celui qui verra le jour, mais qu’il faudra aussi déconstruire, un jour, le marché n’est pas prêt de se tarir…

« Grand Carénage »

Mais sans attendre ce nouveau business de la déconstruction qui va s’étaler sur des dizaines d’années, le nucléaire sera et est par ailleurs déjà, en Auvergne-Rhône-Alpes à l’origine de 5 milliards d’euros d’investissement sur une dizaine d’années, de 2014 à 2025 : le « Grand Carénage ». Il s’agit d’investissements très importants pour allonger la durée de vie des centrales et augmenter leur niveau de sécurité.

Selon Jacques Longuet, le délégué régional d’EDF, « près de 30 % de cet investissement est constitué en achats locaux, ce qui permet d’injecter en moyenne chaque année 150 millions d’euros dans l’économie locale. »

Et ce dernier d’ajouter : «  Ce grand chantier mobilise 5 000 salariés sur les quatre sites, auxquels s’ajoutent les effectifs d’ingénierie nucléaire d’EDF et près de 3 000 intervenants prestataires lors des pics d’activité. »

Pas de doute, entre déconstruction et « Grand Carénage », le nucléaire va rester de nombreuses années encore un important secteur d’activité régional.