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Élections régionales : l’association de contribuables Canol juge les finances de la région Rhône-Alpes « inquiétantes »

Ce n’est pas un zéro pointé, mais pas loin, que l’association de contribuables Canol attribue aux finances de la région Rhône-Alpes après dix ans de mandat de Jean-Jack Queyranne (PS) qui d’ailleurs se présente à un troisième mandat. Vous pourrez d’ailleurs vous faire vous-même juges car l’association met les finances de la Région et son analyse en ligne…

Quelle autorité cette association a-t-elle pour distribuer des bons et des mauvais points aux hommes politiques et à leur gestion ?

Comptant 1 500 membres, l’association Contribuables Actifs du Lyonnais (Canol) a su développer une expertise en utilisant les compétences de ses membres, anciens cadres dans les domaine du droit, de la finance, de la comptabilité ou de la fiscalité, le plus souvent à la retraite et ayant donc suffisamment de temps pour éplucher les dossiers.

Il ne faut pas se leurrer : porter des diagnostics précis sur les finances locales est chronophage.

Ainsi, par exemple les responsables de Canol avaient alerté depuis longtemps sur les dérives d’Erai,  bras armé de la région à l’international, qui on le sait, a été mis en liquidation, donnant crédit aux critiques effectuées antérieurement.

Seulement pour Canol, Erai n’a pas été la seule dérive constatée à la Région.

À telle enseigne qu’à deux mois du scrutin régional, l’état des finances de la Région est jugé par son président, Michel Vergnaud, «  inquiétant ».

Au premier rang figure la dette de la région dont le remboursement demanderait six ans et qui est passée de 138 euros par habitant en 2005 à 381/habitant euros en 2014, crédits bails inclus.

 « Reporter le remboursement des crédits-bails le plus tard possible »

Sont notamment  pointés du doigt, les différents crédits bails, signés en 2007 et 2008, portant sur 435 millions d’euros à rembourser sur 38 ans.

« Comme les annuités sont progressives, voire très progressives, cela revient à reporter leur remboursement les plus tard possible quand le coût d’entretien sera le plus important », dénoncent les responsables de Canol

« Cela revient à reporter le remboursement sur le quatrième prochain successeur de Jean-Jack Queyranne !« , assure le président de Canol.

Et de s’interroger sur la disparition des comptes de l’un de ces crédits bails de 200 millions d’euros. « Nous avons demandé  les raisons de cette disparition à Jean-Jack Queyranne. Il nous a indiqué que Dexia avec qui la Région avait signé qui était en difficulté avait résilié ce bail. Seul problème : les annuités apparaissent toujours dans les comptes…« 

 « Du camouflage sur la situation financière »

Au total, si l’on ajoute à ceci une subvention de 66 millions d’euros du ministère de l’Ecologie dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, destinée à des investissements et qui se retrouve dans les comptes, en section fonctionnement , pour le président de Canol, « La région a fait du camouflage sur sa situation financière. »

Dans la ligne de mire de Canol, également le nouveau siège de la Région à la Confluence qui a coûté «  véritablement », après épluchage des comptes, 180 millions d’euros, soit un dépassement de 80 millions d’euros par rapport au devis initial.

Une des raisons de ce dépassement qui n’équivaut pourtant pas à celui du Musée des Confluences : « Un nombre incroyable d’avenants au chantier, les salariés refusant de travailler en « open space», alors que les travaux avaient été lancés… »

 Il a fallu tout reconfigurer pour créer des bureaux fermés, installer des cloisons, réinstaller tout l’électricité : « N’aurait-il pas été plus simple d’engager une concertation avec le personnel quand il était encore temps, cela aurait économisé 30 millions d’euros ! »

 Erai : coût, 45 millions d’euros sur dix ans

Outre Erai (coût sur dix ans de 45 millions d’euros) qui a bénéficié de 18 millions d’euros pour l’ambassade de Rhône-Alpes à  Shanghai qu’elle est désormais obligée de louer depuis qu’Erai a été liquidée, deux subventions « excessives » sont également pointées du doigt par les responsables de Canol.

D’abord celle de 23 millions pour faciliter l’installation du Technocentre de la SNCF (entretien des trains) de 100 salariés seulement et qui devrait bientôt fermer définitivement! (100 millions si l’on ajoute les subventions des autres collectivités!)

Idem avec une subvention du même ordre (25 millions d’euros) à la société grenobloise St-Microelectronics qui là encore, comme l’indique un récent communiqué de JJ Queyranne (*) recèle aussi des risques sur son avenir.

 Reste que Michel Vergnaud, le président de l’association Canol, reconnaît que parmi les régions de France, Rhône-Alpes est l’une des mieux gérées, « avec des dépenses de fonctionnement inférieures de 22 % à la moyenne des régions françaises, des frais de personnels inférieurs de 20 % et des recettes en dessous de 18 % de cette même moyenne. »

Un site pour les électeurs sur l’analyse des finances de la région

 Cette analyse des comptes de la région sur dix ans à été envoyée à l’ensemble des candidats aux élections régionales, assortie d’un questionnaire les engageant à gérer de manière plus efficiente les finances régionales. À l’instar de la proposition de mise en place d’un service de contrôle interne ou d’objectifs quantitatifs pour chacune des politiques régionales.

Le tout avec une question liminaire : « Pensez-vous réduire le niveau de dépenses de la région pendant votre mandat et comment comptez-vous y arriver ?« 

 Effectivement tout un programme…

Si vous voulez vous pencher vous-même sur l’analyse financière des comptes de la région, Canol a créé un site destiné aux électeurs : http://region.canol69.fr

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Les réponses de Jean-Jack Queyranne à Canol

 Le président sortant de la Région le dit tout net : il n’entend pas passer son temps de la campagne électorale à répondre aux polémiques, qu’il s’agisse de celles lancées par Laurent Wauquiez ou de Canol qu’il met un peu dans le même sac.

 Toutefois il tient à répondre à certaines des critiques, mettant d’abord en avant la bonne note attribuée à la Région par l’agence de notation, Standard and Poor’s, « une structure en générale peu tendre. »

 Concernant les deux crédits bails : « l’un a été signé par la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, l’autre avec Dexia. La structure achète le matériel, le loue à la Région avec un délai de 38 ans, le temps d’amortissement normal pour ce type de matériel. Il y a eu effectivement une négociation avec la structure de defeasance qui a succédé à Dexia et des annuités ont été déduites pendant ce temps là. »

 Enfin, concernant Erai, le président de la Région estime que « la solution que nous avions préconisée, la fusion Erai/Ardi était parfaitement viable, mais il a fallu qu’une coalition parmi lesquels la droite poussée par Laurent Wauquiez et les écologistes, fasse la politique du pire , ce qui a amené la liquidation d’Erai qui était parfaitement évitable… »