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Elle vient de lever 10 millions d’euros : EyeTechCare, la start-up à fort potentiel que les investisseurs courtisent

Beaucoup de start-up se plaignent de ne pas trouver d’investisseurs et encore moins de banquiers, pour les accompagner. C’est loin d’être le cas de la société EyeTechCare, basée à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon. Cette entreprise qui vient de réaliser son troisième tour de table (10 millions d’euros !) n’a, depuis sa création, jamais rencontré de difficulté pour lever de l’argent. Les candidats se bousculent même, illustrant le potentiel recélé par cette entreprise détentrice de brevets très prometteurs pour lutter contre le glaucome.

Deuxième cause de cécité mondiale, le glaucome qui se traduit par une augmentation de la pression intraoculaire, touche soixante millions d’humains. Un chiffre en constante hausse du fait du vieillissement de la population.

 Problème : il n’existe pas à ce jour de traitement efficace et définitif à 100 %. En cas de pathologie lourde, seule l’opération sous anesthésie locale ou générale, avec l’aide d’un microscope est pour l’heure utilisée.

Depuis 2008, Fabrice Romano, un docteur vétérinaire de 50 ans passé par Edap, le spécialiste lyonnais du lithotripteur qui permet de casser les calculs rénaux à l’aide d’ultrasons, propose une solution similaire et donc non invasive pour traiter le glaucome : les Ultrasons Focalisés Haute Intensité (HIFU). Cette nouvelle thérapie permet de soigner le glaucome en traitement ambulatoire, tout en limitant les coûts et les risques pour le patient.

 Pour mettre au point et commercialiser leurs brevets-huit à ce jour- Fabrice Romano, vite secondé par Philippe Chapuis et Laurent Farcy, crée sa société, EyeTechCare, basée à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue de Lyon.

 Une solution unique au monde dotée de huit brevets

 Sachant que ces trois Lyonnais sont les seuls à proposer cette solution, pas besoin d’être grand clerc pour deviner que si la technologie est au point et les responsables compétents, cette technologie a toute les chances de percer dans le monde entier.

Ceci explique que, fait rare pour une start-up, EyeTechCare n’ait connu depuis sa naissance aucun problème pour lever des fonds.

 Dès sa création, en 2008 elle a réussi à lever 1,2 million d’euros auprès de la filiale spécialisée du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA-Investissement) et d’Omnes Capital, une société de capital-investissement issue du Crédit Agricole. Il s’agissait alors de réaliser les études précliniques du disposititf mise au point par la jeune société. « Dès notre création, nous avons suscité l’intérêt des investisseurs : nous avons connu le luxe de pouvoir choisir», souligne Fabrice Romano, le directeur général d’EyeTechCare.

Bis repetita, en 2010, aprè avoir traité avec succès son premier patient humain, elle réussit à lever cette fois 7,5 millions d’euros auprès d’Omnes Capital, resté fidèle, auquel se joint une mutuelle santé lyonnaise, SHAM, adepte du capital-risque.

 Après ces études cliniques, très longues, EyeTechCare qui commence à commercialiser sa technologie, depuis la fin de l’année 2012, vient d’effectuer son troisième tour de table, nécessité par ce développement commercial : 10 millions d’euros. Et là encore, aucune difficulté, même pléthore. « Nous avions à nouveau plusieurs propositions », se félicite Fabrice Romano.

 A Omnes Capital et SHAM, s’est ajouté un troisième financeur, le professeur Chauvin, un célèbre ophtamologiste qui, après avoir vendu sa société spécialisée dans la fabrication de colyres, investit désormais dans les start-up du secteur.

 Il s’agit cette fois « de consolider notre présence commerciale en Europe et de préparer notre arrivée sur la marché américain », décrit le directeur général.

La société lyonnaise va ainsi pouvoir à la fois finaliser son étude internationale et financer ses premières démarches américaines auprès de la FDA (Food and Drug Administration), susceptible de donner son feu vert à l’utilisation de cette technologie aux USA .

 Un marché potentiel de 2 millions de personnes par an

 Non invasive, la technologie a l’avantage de permettre un traitement en ambulatoire nécessitant quelques minutes seulement et donc de coûter moins cher que le geste chirrugical, long, complexe et susceptible de suites opératoires.

Son seul inconvénient, aux yeux de la Sécu française est que chaque intervention nécessite un « consommable » indispensable, une sonde de thérapie au prix de 650 euros. Un frein possible en France aux yeux de l’Assurance Maladie, mais une récurence économique qui ajouté au coût de l’appareil (45 000 euros), rend le modèle économique de la société particulièrement performant, même si les promoteurs d’EyeTechCare n’y sont pour rien. On comprend mieux dès lors l’intérêt des investisseurs.

 La société se développe désormais à grande vitesse : elle comptera trente-cinq personnes, d’ici la fin de cette année et très probablement quarante-cinq, d’ici fin 2014 : le marché potentiel mondial est estimé à deux millions de patients chaque année. Fabrice Romano n’exclut pas l’introduction en Bourse.

 Photo (DR)Autour de Fabrice Romano, créateur de la société et directeur général, Philippe Chapuis (à gauche) et Laurent Farcy qui l’ont rapidement rejoint lors de la création d’EyeTechCare.

et Laurent Farcy.