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Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon : «Aéroport de Lyon-Saint Exupéry, Musée des Tissus : nous ne nous interdisons rien ! »

A l’heure où la CCI de Lyon voit ses ressources plonger de 37 % sur trois ans, l’organisme consulaire est appelé sur de nombreux dossiers à des révisions déchirantes. Pour autant, Emmanuel Imberton, son président l’assure : « nous sommes touchés, mais pas coulés ». Tour d’horizon des conséquences de ce tour de vis.

« Aéroport de Lyon-Saint Exupéry : nous allons être très offensifs sur ce dossier »

« Après celui de Toulouse, le gouvernement a enclenché le processus de vente d’une partie ou de la totalité de ses participations au sein de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, comme celui de Nice, par ailleurs. Va-t-il vendre la totalité de ses parts, soit 60 % du capital de l’aéroport ou 49,9 % ?

Avec le soutien des organisations patronales, nous avons déjà engagé des consultations. Rien n’est encore lancé car nous ne savons pas non plus si le prochain sur la liste du gouvernement est Lyon ou Nice. Si c’est Lyon, la procédure sera engagée en mars ou avril. Si c’est Nice, ce ne devrait pas être avant un an.

Ce dont nous sommes sûrs par contre est que la CCI de Lyon conservera ses 25 % de capital au sein de l’aéroport Lyon-Saint Exupéry.

A l’heure actuelle, à l’aune de la vente déjà effectuée du capital de l’Etat de l’aéroport de Toulouse, la valorisation de Saint Exupéry s’établit a minima à 950 millions d’euros, ce qui est très nettement supérieur aux prévisions

Nous nous sommes fixé une mission : rechercher toutes les solutions qui permettront d’assurer le meilleur avenir possible à notre aéroport. Et pour ce faire, nous ne nous interdirons rien. Pour l’heure, nous ne pouvons en dire plus car cela reviendrait, avant toute négociation, à fermer des portes. Mais cela peut, par exemple, passer par des accords avec les autres actionnaires de l’aéroport, la Métropole et le Département du Rhône.

Ce qui est sûr, c’est que nous serons très offensifs sur ce dossier : il faut que l’aéroport serve l’attractivité de notre territoire. »

« Nous allons devoir vendre le musée des Tissus »

« Nous n’avons plus les moyens de soutenir le musée des Tissus, par ailleurs le seul Musée possédé par une CCI en France. C’est un musée exceptionnel qui possède une collection de 2,5 millions d’œuvres avec un fonds qui constitue une référence mondiale : on vient du monde entier pour le visiter.

Il possède vingt salariés et son budget est de 2,5 millions d’euros.

Là encore je ne m’interdis rien. Nous allons d’abord nous tourner vers la Métropole et vers le Département du Rhône ; ou sinon, vers une solution privée, mais je ne m’imagine pas le fermer : nous voulons que Lyon puisse conserver la plus importante collection de textiles du monde. »

« EM Lyon va devoir payer un loyer de 2,5 à 3 millions d’euros »

« Il n’y a pas de raison qu’EM Lyon qui dépend de la CCI de Lyon ne paie pas de loyer, ce qui est le cas depuis la création de cette Ecole de Management.

Il faut qu’EM Lyon trouve de nouvelles ressources et de nouveaux pôles de développement et qu’à terme, l’Ecole ne soit plus subventionnée.

Une piste existe puisque désormais nous pouvons ouvrir le capital d’EM Lyon à des particuliers ou à des entreprises, à condition que leur part ne dépasse pas les 33 % de la minorité de blocage et qu’ils ne perçoivent pas de dividendes.

Pour autant la CCI de Lyon n’entend pas se désengager d’EM Lyon : nous n’avons jamais été aussi présents en son sein et nous entendons bien le rester, mais nous n’avons pas vocation de remettre chaque année de l’argent au pot.

Nous allons donc faire payer à EM Lyon un loyer sur la base du marché, entre 2,5 et 3 millions d’euros.

De même nous avons décidé de diminuer la contribution de la CCI à l’Ecole CPE qui passera de 1,1 million d’euros à 0,9 million.

« Un sentiment d’incompréhension et d’injustice »

« Le gouvernement a décidé de faire cavalier seul, de manière arbitraire. Ainsi, les ressources de la CCI vont baisser de 37 % sur trois ans. Nous allons subir un recul de 18 % de nos ressources fiscales dès cette année. Et dans le même temps, l’ensemble des CCI vont subir une ponction de 500 millions d’euros sur leurs fonds propres. Pour la CCI de Lyon, cela représente une ponction supplémentaires de 14,3 millions d’euros que nous devons verser dès mars prochain au Trésor Public.

On peut le constater au vu de ces chiffres, alors que les collectivités locales ont vu leur ressources diminuer de 6 %, ce sont les CCI qui paient le plus lourd tribut à la rigueur. Nous partageons tous au sein des CCI, le même sentiment d’incompréhension et d’injustice.

Nous ne demandons pas à nous soustraire de l’effort national, mais tout simplement de bénéficier d’un traitement équitable au regard des autres acteurs publics… »

« Nous devons supprimer 32 postes budgétaires sur 350 »

« Face à cette situation, nous n’avons pas vocation à laisser filer les déficits. Nous avons dû mettre en œuvre un plan drastique de diminution de nos dépenses de fonctionnement et supprimer 32 postes budgétaires sur un total de 350 postes au sein des services de la CCI.»

Grâce à la suppression de postes budgétaires non occupés, des départs à la retraite et des départs volontaires, mais aussi de non-renouvellement de CDD, nous avons pu réduire significativement l’impact social et le nombre final de licenciements. Une démarche qui a été engagée pour préserver nos capacités d’interventions futures. La CCI se recentre sur ses fonctions prioritaires : elle est touchée, mais pas coulée ! »

« CCI de Vienne et de Villefranche : la porte reste ouverte »

« Ceci étant, il nous faut tourner la page. Nous avons bien reçu le message : l’argent public est de plus en plus rare. Il nous faut désormais réfléchir à de nouveaux modèles.

Celui-ci passe par la création d’une CCI métropolitaine en regroupant sous une même bannière les CCI de Lyon, de Saint-Etienne et de Roanne, une décision prise à l’unanimité.

Même si les CCI de Vienne et de Villefranche refusent pour l’heure de faire partie de ce nouvel ensemble, nous regroupons à ce jour 80 % des entreprises du pôle métropolitain, soit 100 000 entreprises.

Nous n’avons pas à faire le bonheur des gens malgré eux. Reste que les CCI de Vienne et de Villefranche bénéficient encore d’un an pour nous rejoindre puisque les élections consulaires ont été repoussées d’un an. Elles auront lieu en décembre 2016. La porte reste donc ouverte ! »

« Nous devons devenir une e.CCI »

« Cette nécessité de nous réinventer implique de profonds changements de nos missions, de notre raison d’être et de notre business model. La CCI de demain que nous devons construire devra être une e.CCI pour continuer à être un opérateur majeur de services à destinations des entreprises.

Ceci passera par une refonte profonde de notre site Internet.

Nous allons également proposer un outil de pilotage aux chefs d’entreprise, doté de fonctions leur permettant de tester et d’évaluer leurs différents services : à l’export, en matière commerciale, etc. »

« Revisiter l’ensemble de nos actions »

« En cette année 2015, nous allons revisiter l’ensemble de nos actions. Nous allons trier parmi les 240 actions répertoriées au sein de la CCI de Lyon pour rechercher les moyens de retrouver la meilleur efficacité.

Au fil des années, notre institution s’est diversifiée, s’est même un petit peu dispersée et ne s’est pas révélée toujours aussi efficace qu’on pouvait l’imaginer.

Nous avons bien l’intention de rebondir pour mener de nouvelles batailles.. »

« Deux nouveaux Clusters : l’un dédié à l’ingénierie et l’autre à l’industrie offshore»

« Dans le cadre de ces missions, la CCI de Lyon entend confirmer son rôle d’incubateur.

Nous hébergeons déjà le pôle de compétitivité LUTB dédié aux transports et le Cluster Eden qui se consacre à la Défense et à la sécurité, nous allons accueillir un nouveau Cluster : Ingéra, le 1er réseau de décideurs de l’ingénierie et du conseil à l’industrie en Rhône-Alpes. Un secteur qui pèse 20 000 emplois et 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

L’idée est de faire de Rhône-Alpes Auvergne, le territoire d’excellence et de référence en matière d’ingénierie.

Nous étudions actuellement à travers un audit effectué en commun avec la CCI de Saint-Etienne, la possibilité de créer un nouveau Cluster, consacré cette fois à l’offshore.

Nous sommes certes assez loin de la Méditerranée et de l’Atlantique, mais il existe actuellement en Rhône-Alpes 140 équipementiers spécialisés dans les parcs éoliens marins, ou encore les hydroliennes de rivière ou de mer, etc.

Cette nouvelle filière pourrait voir rapidement le jour.  Ce projet est soutenu par Total Développement et l’UIMM, l’Union des Industries Métallurgiques et Minières »