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Emplois en hausse, grâce à Hermès : l’industrie de la soie joue les chrysalides en Rhône-Alpes

Une trentaine d’acteurs, près de 1 500 emplois : non, l’industrie de la soie n’est pas morte. A l’heure où va se dérouler du 15 novembre au 1er décembre, dans le Grand Lyon, la troisième édition du Festival Label Soie, les activités tournant autour des fils naturels de la chenille du bombix du mûrier ont tendance à mieux se porter, avec une centaine d’embauches à la clef l’année dernière.

 Cinquante lieux et une bonne centaine de manifestations économico-culturelles : depuis trois ans, à travers le Festival Label Soie, Lyon renoue avec son riche passé soyeux.

 Quinze-mille visiteurs au « Marché des Soies »

 L’événement phare de cette quinzaine ? Le « Marché des soies » qui va se tenir du 28 novembre au 1er décembre dans les locaux du Palais du commerce à la CCI de Lyon, permettant aux nombreuses maisons de soierie encore en activité de présenter leurs production : Tassinari et Chatel, Cédric Brochier, Denis & Fils, Sfate & Combier, etc. Elles y vendront leurs coupons, écharpes, cravates et autres carrés de soie.

 Cette manifestation qui draine près de quinze mille visiteurs, dont la création, il a neuf ans, a précédé le festival label Soie, est l’illustration de la bonne santé de la filière, essentiellement axée sur le luxe. Or, l’on sait que dans la conjoncture plutôt atone actuellement, il s’agit de l’un des rares secteurs porteurs, en France, mais surtout à l’international.

 En témoigne Guillaume Verzier, directeur de la célèbre marque Prelle, spécialisée depuis …1752 dans l’ameublement haut de gamme en soie.

 La force de cette vénérable maison est d’avoir su conserver les techniques anciennes et de faire cohabiter plusieurs générations de métiers à tisser, depuis les métiers à bras qui sont les seuls sur lesquels on peut tisser les précieux velours ciselés, brochés en soie ou brocarts d’or et d’argent, jusqu’aux métiers électroniques les plus modernes ; et ce, sans sacrifier ni à la qualité, ni à la beauté des étoffes.

 « Nous fabriquons à Lyon et nous sommes présents à Paris et à New-York et employons trente trois personnes sur une niche dont nous sommes le leader mondial », explique-t-il.

 Rhône-Alpes compte ainsi une trentaine d’acteurs encore actifs, ce qui représente près de 1 500 emplois. « Il s’agit uniquement d’entreprises utilisant la fibre naturelle en provenance pour la plus grande part de Chine, mais aussi du Brésil : des mouliniers, aux fabricants de tissus, en passant par les ennoblisseurs », explique Pierric Chalvin, d’Unitex, un des meilleurs connaisseurs du secteur.

 Plus d’une centaine d’embauches en 2012

 Il ajoute: « Plus d’une centaine d’embauches ont été réalisées en 2012. Un seul chiffre illustre le regain de la filière : l’année dernière, nous avons importé en Rhône-Alpes 32 % de fils de soie de plus qu’en 2011 !  »

 Outre les Tassinari et Chatel et autres Bouton-Renaud, dernier veloutier d’habillement français, le grand leader du secteur expliquant pour une bonne part cette croissance, est le groupe Hermès qui représente à lui seul, près de la moitié des effectifs de la filière soie.

 Hermès a ces dernières années accentué son implantation enn Rhône-Alpes et plus particulièrement dans le Nord-Isère avec l’ouverture de deux sites.

 A Bourgoin-Jallieu, Hermès a racheté ATS, qui abritait les activités d’assemblage de Photowatt, pour installer, sur 9 000 mètres carrés, diverses activités du groupe. Dans cet immense bâtiment, soixante nouvelles recrues sont attendues d’ici fin 2013

 Le pôle textile d’Hermès a également investi plusieurs millions d’euros dans des équipements récents et performants pour renforcer la production de l’usine de la Société d’impression sur étoffes du Grand-Lemps, dans le Nord-Isère. Elle a doublé son activité entre fin 2010 et fin 2012. L’entreprise qui imprime les dessins des fameux carrés de soie et ceux des draps de bains d’Hermès a embauché pour ce faire, près de quarante nouveaux imprimeurs.

À Pont-Évêque, près de Vienne, en Isère, Hermès a également favorisé la création d’un atelier solidaire d’artisanat textile d’exception, baptisé HandySoie qui fait déjà travailler une trentaine de personnes.

 Près de Lyon enfin, à Pierre-Bénite, les capacités d’ennoblissement seront renforcées.

 Les savoir-faire maintenus

Le grand atout de Rhône-Alpes ? Contrairement à d’autres secteurs textiles qui ont malheureusement perdu une bonne partie de leur savoir-faire, la filière soie a réussi à conserver une taille critique lui permettant de les maintenir.

« Nous sommes la seule région en France à avoir conservé l’ensemble des formations professionnelles des métiers de la soie, du Bac pro aux ingénieurs », se félicite le délégué général d’Unitex, Pierric Chalvin. Avec un bémol, cependant : « Cela fait un an que nous bataillons avec l’Education Nationale pour maintenir le BTS spécialisé à La Martinière-Diderot ». Mais d’ajouter aussitôt : « Je crois bien que nous arriverons ! »

Le secteur se porte si bien qu’il souffre, il est vrai, à l’instar d’une bonne partie de l’industrie, de « problèmes de pénuries de main d’œuvre. »

 Pour Pierric Chalvin, aucun doute, cependant : « Ce secteur va continuer à se développer. Il est promis à un avenir certain, les entreprises investissent. La majorité d’entre elles ont fait ce qu’il fallait pour mettre leur outil de production en phase avec les besoins.»